Après une année exceptionnelle de flambée des prix des matières premières, 2022 pourrait annoncer un retour à la normale, selon le rapport annuel Cyclope qui fait référence sur le sujet… Mais l’année s’annonce en même temps encore plus incertaine que les précédentes.
Les experts ont appris de leurs erreurs et font leur pronostic avec beaucoup de prudence après les deux dernières années improbables que vient de vivre le monde des matières premières. Ainsi, pour le cercle Cyclope qui fait référence dans le domaine, cette année 2022 devrait en théorie marquer un retour à la normale, voire à une baisse des prix de certains produits, avec cependant des niveaux toujours très hauts.
Mais les experts, dont le patron du cercle Cyclope l’économiste français Philippe Chalmin, ouvrent plusieurs parapluies pour se protéger. Le parapluie sanitaire d’abord. Car ces prévisions sont construites avec une hypothèse de conditions sanitaires stables, sans présager de l’émergence d’un nouveau variant. Il y a aussi les aléas climatiques, notamment la force de la perturbation El Nina qui pourrait affecter les récoltes en Amérique latine. Et bien sûr les aléas géopolitiques « Si la Russie envahissait l’Ukraine, le baril de pétrole exploserait le plafond, et il y aurait une pénurie de gaz à prévoir en Europe », relève notre interlocuteur, qui pointe aussi d’éventuelles conséquences agricoles.
Autre inconnue, l’appétit de l’empire du Milieu : les niveaux d’importation de la Chine seront déterminants, pour les marchés agricoles en particulier.
Quelques certitudes à côté de toutes ces inconnues : la crise logistique n’est pas finie et les taux de fret des conteneurs vont rester élevés encore plusieurs mois. Début janvier 2022, « 11,5 millions de conteneurs – pleins ou vides – étaient en attente dans les 13 plus importants ports de la planète », rapporte les économistes de Cyclope. La situation ne devrait pas se détendre avant 2023.
Deuxième certitude, la crise énergétique va elle aussi durer, au moins jusqu’à la fin de l’hiver, voire plus, car il faudra ensuite reconstituer des stocks aujourd’hui très bas. Le secteur devra aussi composer avec les besoins de la Chine en gaz naturel liquéfié : le pays est devenu en 2021 le premier importateur de GNL devant le Japon.
MAMOUN PENDA