Les dirigeants européens, réunis jeudi en sommet à Bruxelles, semblent prudemment enclins à discuter de la proposition d’Emmanuel Macron d’élargir à l’Europe le « parapluie nucléaire » de la France, alors que demeurent des réticences à l’idée de tirer un trait sur des années de protection américaine.ùAu cours d’une allocution à la nation mercredi soir, le président français a dit vouloir un « débat stratégique » sur la protection des alliés européens par la dissuasion nucléaire de Paris, faisant ainsi écho à des commentaires récents du probable futur chancelier allemand Friedrich Merz.
Si deux pays européens – France et Grande-Bretagne – sont dotés de l’arme nucléaire, la première force de dissuasion de la plupart des pays du continent relève des Etats-Unis, un symbole de la solidarité transatlantique depuis des décennies.
Toutefois, le virage radical opéré à Washington par Donald Trump préoccupe les esprits européens, alors que le président américain, revenu au pouvoir le 20 janvier, a adopté un ton conciliant avec la Russie et fait pression sur l’Ukraine pour accepter les conditions américaines en vue d’un accord de paix. Il se montre également plus agressif avec les alliés traditionnels des Etats-Unis.ù »Nous, Suédois, comme la plupart des gens, voulons voir le moins d’armes nucléaires possible, mais à l’heure actuelle nous devrions être contents et reconnaissants que deux pays voisins soient dotés d’armes nucléaires », a déclaré jeudi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson.
« Sinon, seule la Russie aurait des armes atomiques. Donc c’est bien que la France montre son ouverture. Mais cette question n’est pas sur la table aujourd’hui », a-t-il ajouté devant les journalistes à son arrivée à Bruxelles pour un sommet sur la défense européenne et l’Ukraine.
Fervent allié des Etats-Unis mais choqué par les menaces de Donald Trump à propos du Groenland, territoire sous son giron, le Danemark s’est montré disposé à débattre du sujet.
« Il faut désormais discuter de tout, donc toutes les bonnes idées sur la table doivent faire partie de nos discussions », a déclaré la Première ministre Mette Frederiksen à propos de la proposition d’Emmanuel Macron.