L’OMC prévoit une augmentation de 6 % des exportations chinoises vers l’Europe en 2025
par John Irish et Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) -Une trentaine de dirigeants sont réunis jeudi à Paris pour discuter avec le président ukrainien Volodimir Zelensky d’un renforcement de la position de l’Ukraine face à la Russie et réfléchir à leur rôle éventuel en cas d’accord de paix.
Emmanuel Macron, hôte de ce sommet, a déjà annoncé mercredi une nouvelle aide militaire de deux milliards d’euros de la France à l’Ukraine et la réunion organisée à l’Elysée pourrait aboutir à des promesses similaires d’autres pays.
Ce sommet, le troisième de ce que la France et la Grande-Bretagne, étroitement associées, appellent la « coalition des volontaires », rassemble notamment autour du président français le Premier ministre britannique Keir Starmer, le chef du gouvernement polonais Donald Tusk, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni ou encore le vice-président turc Cevdet Yilmaz.
« D’abord et avant toute chose, (nous allons parler) du soutien immédiat à l’Ukraine. Nous devons le poursuivre, il est nécessaire pour continuer la résistance », a déclaré Emmanuel Macron mercredi soir lors d’une conférence de presse avec Volodimir Zelensky à l’Elysée.
Le format de la réunion vise à placer l’Europe en position de jouer un rôle dans des discussions pour mettre fin au conflit déclenché par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, alors que les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump revenu à la Maison blanche en janvier, ont radicalement changé de posture et engagé un rapprochement avec la Russie via des pourparlers bilatéraux sans les Européens.
Même si les Etats-Unis ne sont pas représentés à ce sommet, des responsables français ont indiqué que les conclusions seraient partagées avec l’administration américaine.
Emmanuel Macron s’est entretenu avec Donald Trump en amont de ce sommet à Paris, a fait savoir la présidence française.
Les discussions doivent porter sur la manière de renforcer l’Ukraine militairement et sur les modalités de surveillance des cessez-le-feu limités en mer Noire et sur les infrastructures énergétiques annoncés mardi à l’issue de discussions séparées en Arabie saoudite entre les Etats-Unis, d’une part, et la Russie et l’Ukraine, d’autre part.
FORCE DE RÉASSURANCE
La réflexion européenne, engagée sur l’impulsion d’Emmanuel Macron et de Keir Starmer, sur des garanties de sécurité à l’Ukraine a quant à elle évolué. L’envoi de troupes évoqué dans un premier temps semble laisser la place à la recherche de solutions alternatives, en raison des contraintes politiques et logistiques d’un tel déploiement et de l’opposition potentielle de Moscou et de Washington, ont déclaré des responsables à Reuters.
Les préparatifs visent pour l’instant à dresser un inventaire complet des capacités européennes, que ce soit en termes d’avions, de chars, de troupes, de renseignement et de logistique, et voir quelle peut être la contribution de chacun, ont souligné les services du Premier ministre britannique à Londres.
Un document de travail rédigé en vue du sommet, que Reuters a consulté, mentionne une possible force de réassurance en Ukraine qui se tiendrait à l’écart des lignes de front « dans le cadre d’un futur accord de paix et avec le soutien des Etats-Unis ». Une telle force serait destinée à apporter des garanties sécuritaires à Kyiv et à dissuader Moscou de toute nouvelle offensive.
« La première garantie de sécurité pour l’Ukraine de demain, une fois la paix signée, ce sera d’avoir un format d’armée crédible qui permet de dissuader toute nouvelle agression et de résister éventuellement à de nouvelles attaques de l’armée russe », a dit Emmanuel Macron.
Volodimir Zelensky a déclaré qu’il espérait davantage de clarté sur les pays qui s’engageraient au bout du compte dans une telle force.
« Nous attendons des décisions nouvelles et fortes. Nous devons avancer dans les discussions sur les garanties de sécurité et la présence en Ukraine de contingents partenaires », a-t-il dit.
« Nous verrons ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Ce n’est pas simple et je pense qu’il est encore trop tôt », a ajouté le président ukrainien.
Illustrant les divergences de vues au sein de cette « coalition des volontaires » à dominante européenne, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a réitéré mercredi soir l’opposition de son pays à une telle force sans mandat des Nations unies.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a pour sa part accusé jeudi la France et la Grande-Bretagne de préparer une « intervention militaire en Ukraine » sous les dehors d’une mission de maintien de la paix, tout en mettant en garde contre le risque de confrontation directe entre la Russie et l’Otan avec un tel déploiement.
Malgré les cessez-le-feu limités annoncés mardi, la Russie comme l’Ukraine s’accusent mutuellement de poursuivre leurs attaques.
Une vague de drones russes lancée au cours de la nuit dans la région de Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, a ainsi fait 21 blessés et endommagé des immeubles résidentiels et des entrepôts, selon les autorités ukrainiennes.
(Avec Angelo Amante à Rome et William James à Londres; version française Benjamin Mallet et Bertrand Boucey, édité par Jean Terzian et Kate Entringer)