Burkina Faso : le capitaine Ibrahim Traoré publie sur les réseaux sociaux une liste noire « d’ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur »

« Des traîtres », des « apatrides », des « ennemis de la nation » : tels sont les mots employés désormais publiquement par les autorités du régime militaire burkinabè, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré depuis le coup d’État de septembre 2022, contre toutes celles et ceux qui auraient le malheur de porter une voix critique envers les militaires. Le « Faso » – le « Pays », prend un tour très inquiétant : aux enlèvements succèdent les arrestations, les menaces, les massacres parfois contre les civils peuls.

Ce 1er avril, le ministère de la Sécurité a publié sur les réseaux sociaux une liste noire d’une trentaine de personnes, intitulée « Avis de recherche ». Y figurent le nom et la photo de ceux qui sont qualifiés « d’ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur », a affirmé Ibrahim Traoré. On y trouve pêle-mêle des chefs djihadistes, mais aussi des militants politiques, des journalistes, l’ancien président de la Commission électorale, Ahmed Barry, aujourd’hui en exil.

N’est pas Sankara qui veut

Le même jour, Ibrahim Traoré a adressé aux Burkinabè un discours d’une rare violence à la RTB, la Radio Télévision du Burkina. Il a comme à son habitude dénoncé les « pays impérialistes », pour qui « travaillent les traîtres ». Mais n’est pas Thomas Sankara qui veut, malgré la référence omniprésente dans ses discours. Le Capitaine a surtout justifié son maintien au pouvoir, pour les Burkinabè qui ne l’auraient pas saisi.

« S’il faut qu’on le dise haut et fort ici, nous ne sommes pas dans une démocratie, nous sommes bien en révolution progressiste populaire. Il faut que tout le monde comprenne cela. Et c’est d’ailleurs plus étonnant que ceux-là qui sont censés être les intellectuels, qui ont fait l’école, peuvent imaginer qu’un pays peut de développer dans la démocratie. »

Le 24 mars dernier, quatre militants – dont deux mères de famille – du Mouvement Sens (Servir et non se servir), l’un des derniers partis à porter une voix critique, avaient été enlevés à leur domicile. Cinq jours avant, c’est un des dirigeants du Sens, Idrissa Barry, à qui le même sort a été réservé, sans mandat ni motif officiel, sans que l’on sache depuis où il est détenu. Leur tort ? Avoir dénoncé le massacre de civils peuls commis à Solenzo, les 10 et 11 mars, par l’armée burkinabè et les Volontaires de Défense de la Patrie (VDP), une milice citoyenne, qui s’en sont vantés sur des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, malgré l’interdiction de la hiérarchie militaire.

En réalité, ces discours martiaux cachent mal l’échec quotidien du régime d’Ibrahim Traoré en matière sécuritaire, là où il est pourtant le plus attendu. En dix ans, 26 000 personnes sont mortes à cause des violences djihadistes, mais aussi de celles menées par l’armée et les VDP envers les Peuls, soupçonnés d’être complices des terroristes. Les attaques djihadistes surviennent presque chaque semaine. Le 31 mars, une énième attaque dans l’est du pays, près de la ville de Diapaga, a ciblé le camp militaire. Une soixantaine de soldats et surtout de VDP, sont morts dans l’attaque.

Source RFI

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