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«Il n’est évidemment pas question de tolérer ces faits.» Dans un télégramme adressé au directeur de l’administration pénitentiaire, aux préfets et au préfet de police, les ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Gérald Darmanin ont listé une série de mesures visant à renforcer la sécurité des établissements pénitentiaires français, visés ces derniers jours par une série d’attaques.
Violences, dégradations, incendies volontaires et tags… Face à ces incidents, qui ont suscité la colère et l’effroi du monde des surveillants pénitentiaires, «il convient de prendre les mesures adaptées à une meilleure protection des sites et personnels de l’administration pénitentiaire», ont encore présenté le garde des Sceaux et le locataire de la place Beauvau dans ce document consulté par Le Figaro.
Patrouilles dynamiques
Les deux ministres appellent alors à «renforcer sans délai la surveillance et la protection de ces établissements» et des personnels, en invitant désormais à ne plus faire stationner les véhicules de l’administration «en dehors des enceintes». Il s’agit de les mettre à l’abri à chaque fois que possible, alors que plusieurs voitures ont été prises pour cibles lors de la vague d’attaques. Est également demandé «d’organiser des patrouilles dynamiques des services de police et des unités de gendarmerie de manière coordonnée avec celles de l’administration pénitentiaire», dont la fréquence sera également augmentée la nuit.
Les agents pénitentiaires devront également faire preuve d’une «attention particulière dans la détection de toute personne ou de tout véhicule suspect». Il s’agit désormais de signaler tout fait «y compris de basse intensité», comme des jets de projectiles ou des tags à l’encontre d’un établissement pénitentiaire comme d’un membre du personnel. Ces faits feront l’objet d’une attention accrue de la part de la préfecture du gouvernement et du ministère de la Justice, en cas d’urgence.
À cela s’est également ajouté un rappel des consignes de vigilance que doivent observer les surveillants, précise Didier Kandassamy, secrétaire régional du syndicat Force ouvrière pénitentiaire. «Ne pas s’isoler, ne pas être en uniforme lorsqu’on sort de l’établissement… Ces mesures existent déjà, mais elles ont été rappelées», précise-t-il. «Ces attaques touchent nos familles, nos proches. Désormais, les agents regardent s’ils ne sont pas suivis lorsqu’ils rentrent chez eux. Or, on ne peut pas mettre un policier devant chacune de leurs portes, donc il faut arrêter les auteurs au plus vite», plaide encore le secrétaire. Qui poursuit : «Les établissements pénitentiaires et leurs abords sont sécurisés, oui. Mais le personnel qui rentre chez lui le soir, non.» D’autant que ce dernier craint le risque d’une contagion de violences dans les prisons : «On n’est pas à l’abri que ce genre de message crée de la solidarité chez les prisonniers. Cela viendrait fragiliser des équipes déjà en sous-effectifs», déplore Didier Kandassamy.
Une liste actualisée des sites à protéger, dressée par les directions interrégionales des services pénitentiaires, sera également transmise aux préfectures et diffusée aux forces de sécurité intérieure. Les deux ministres réclament également d’accélérer les travaux de sécurisation des parkings et des enceintes des prisons, jugés «nécessaires». Alarmes, vidéosurveillance, clôtures, fermeture correcte des locaux non occupés la nuit et détection de caméras figurent également dans la liste des mesures à instaurer.
Pas de piste privilégiée
En parallèle, le garde des Sceaux a adressé une circulaire aux parquets, appelant à une «mobilisation sans faille» et une «réponse ferme et rapide». En cas de faits spécifiques visant un établissement ou un personnel pénitentiaire, Gérald Darmanin a recommandé que les procureurs de la République informent «immédiatement» le parquet national antiterroriste.
Le procureur de la République antiterroriste a indiqué ce jeudi matin qu’il n’y avait «pas de piste qui soit privilégiée» concernant ces attaques en série. «Des éléments commencent à remonter telle ou telle orientation», a-t-il concédé sur Franceinfo, des soupçons s’étant portés notamment sur la piste du narcobanditisme. Et une éventuelle ingérence étrangère ? «Tout est possible, aucune piste n’est fermée», selon Olivier Christen, même s’il «n’y a pas d’élément au moment où nous parlons qui nous permettrait de penser ça».
Article de Jeanne Durieux