Abidjan, 12 mai 2025 — À l’issue d’une réunion cruciale du Bureau politique tenue à la maison du parti à Abidjan-Cocody, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) a annoncé la convocation d’un 9ᵉ Congrès extraordinaire pour l’élection de son futur président, prévue pour le mercredi 14 mai 2025.
Cette décision fait suite à la démission surprise de Tidjane Thiam, annoncée officiellement la veille, le dimanche 11 mai, par une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Une démission qui a bouleversé les équilibres internes du parti, déclenchant un processus électoral accéléré, mais organisé selon un format inédit dans l’histoire politique du PDCI.
Une transition éclair sous l’autorité du président par intérim
La réunion de ce lundi a été présidée par le doyen d’âge Ernest N’Koumo Mobio, désigné président par intérim conformément aux statuts du parti. En l’absence d’un président élu, le Bureau politique lui a accordé un mandat plein, l’habilitant à prendre toute décision nécessaire au bon déroulement du congrès et de la transition.
« C’est un moment de grande responsabilité pour notre parti. L’histoire nous regarde. Nous devons rester unis et concentrés sur l’essentiel : préserver l’héritage et préparer l’avenir », a déclaré N’Koumo Mobio dans son adresse liminaire, selon des sources proches de la réunion.
Un format de congrès inédit : vote éclaté et participation de la diaspora
Le Congrès extraordinaire du 14 mai se distinguera par un dispositif logistique novateur. Selon Alain Cocauthrey, porte-parole du Bureau politique, le vote sera éclaté sur 45 sites à travers le pays afin de faciliter la participation des militants de toutes les régions. En parallèle, un système de vote électronique permettra aux militants de la diaspora d’exercer leur droit à distance — une première dans l’histoire du parti.
Ce choix logistique vise à renforcer la transparence et l’accessibilité du processus électoral, alors que le PDCI-RDA traverse une période charnière marquée par des enjeux de renouvellement générationnel et de repositionnement stratégique sur l’échiquier politique national.
Une procédure de candidature encadrée et exigeante
L’appel à candidatures a été ouvert ce 12 mai avec une date butoir fixée au mardi 13 mai à 18h. Tout postulant devra s’acquitter d’une contribution financière de 30 millions de francs CFA, à verser auprès de la direction financière du parti. Le reçu de paiement constituera une pièce obligatoire du dossier de candidature.
Fait notable : les documents administratifs déjà en possession des candidats ne feront l’objet d’aucune péremption, ce qui allège quelque peu les démarches dans un délai très resserré.
Par ailleurs, un comité électoral a été mis en place immédiatement pour encadrer l’ensemble du processus. Sa mission : garantir l’équité, la régularité et la crédibilité du scrutin.
Un parti à la croisée des chemins
Ce 9ᵉ Congrès extraordinaire ne constitue pas seulement une procédure de remplacement. Il s’agit d’un moment décisif pour le plus vieux parti politique ivoirien, confronté à des défis majeurs : régénération de son leadership, clarification de sa ligne politique, renforcement de sa base militante et repositionnement face aux échéances électorales à venir.
La démission de Tidjane Thiam, figure médiatique internationale et porte-étendard du renouveau du parti depuis sa prise de fonction en décembre 2023, marque la fin d’un épisode stratégique. Reste à savoir si cette transition précipitée débouchera sur un nouveau consensus interne ou révélera au grand jour des lignes de fracture jusque-là contenues.
Un appel à l’unité et à la mobilisation
En conclusion de cette réunion politique d’urgence, les membres du Bureau politique ont lancé un appel solennel à l’unité, à la vigilance et à la mobilisation de tous les militants.
« Le PDCI doit sortir grandi, renforcé et uni de ce congrès. Il en va de notre responsabilité historique », a martelé un cadre influent du parti.
Le rendez-vous du 14 mai s’annonce donc décisif pour l’avenir du PDCI-RDA, mais aussi pour le paysage politique ivoirien tout entier, dans un contexte où les grandes manœuvres en vue de la présidentielle de 2025 s’accélèrent.
Par Geneviève Fall depuis Abidjan