Faut-il revoir qui paie les impôts ? Le patron de la CPME bouscule les lignes sur le financement de la protection sociale.Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, a lancé ce lundi 19 mai un plaidoyer en faveur d’un changement profond dans la manière dont est financée la protection sociale en France. Sur RMC, il a proposé deux leviers pour soulager les actifs et les entreprises : instaurer un impôt sur le revenu universel et rendre systématique la participation aux frais de santé. L’objectif, selon lui, est clair : « Il faut qu’aujourd’hui, on puisse gagner plus lorsqu’on travaille ».
En défendant cette refonte, le patron de la Confédération des petites et moyennes entreprises met en cause un modèle où le poids du financement repose encore trop largement sur les épaules des travailleurs. Il appelle à un rééquilibrage, estimant que le système actuel freine à la fois le pouvoir d’achat des salariés et la compétitivité des entreprises. « Il faut que le financement du modèle social repose moins sur les actifs et moins sur les entreprises », a-t-il insisté, dénonçant un mécanisme devenu, à ses yeux, un frein au travail.
Vers une contribution élargie aux impôts et aux dépenses de santé
Amir Reza-Tofighi appelle à un principe simple : chacun doit prendre part, même à petite échelle, au financement collectif : « Tout le monde doit contribuer, même modestement ». Aujourd’hui, rappelle-t-il, « moins d’un Français sur deux paye l’impôt sur le revenu », une situation qu’il juge déséquilibrée. Il défend l’idée d’une contribution universelle, modeste mais partagée, sans pour autant prôner une hausse généralisée de la pression fiscale : « L’objectif, ce n’est pas d’augmenter massivement les impôts », précise-t-il.
Le président de la CPME élargit ce raisonnement aux dépenses de santé, plaidant pour que chaque citoyen participe, « même symboliquement, modestement », selon ses moyens. Il s’agit pour lui d’un enjeu de justice plus que de rendement : faire en sorte que la solidarité nationale repose sur l’ensemble des revenus, et non sur une base restreinte. Une façon, dit-il, de mieux répartir l’effort sans l’alourdir.
Une réforme des impôts pour mieux répartir le financement social
Alors que l’exécutif prépare une conférence sociale sur le financement du modèle social, Amir Reza-Tofighi insiste sur l’urgence de sortir d’un système trop centré sur les revenus du travail. « L’idée, ce n’est surtout pas de revenir sur l’accessibilité de la santé pour tout le monde, mais c’est que tout le monde soit conscient du coût de la santé », précise-t-il. Une manière d’inviter à une prise de conscience collective sans remettre en cause le principe d’universalité des soins.
Dans le sillage du président de la République, qui a appelé à « aller chercher de l’argent en dehors du seul travail », notamment via la « consommation », le patron de la CPME défend une répartition plus équilibrée de l’effort financier. L’enjeu : ne plus faire peser l’essentiel du financement de la solidarité nationale sur les seuls actifs, mais ouvrir de nouvelles pistes, y compris fiscales, pour faire évoluer les impôts vers un modèle jugé plus équitable.
Des pistes divergentes pour repenser les impôts et la protection sociale
Le principe fait consensus chez les représentants du patronat : repenser le financement de la protection sociale sans en rogner les moyens. Mais derrière cet accord de façade, les approches varient sensiblement. Si tous s’accordent à vouloir soulager les revenus du travail, chacun avance ses propres leviers pour rééquilibrer le système, partage MoneyVox.
L’U2P, qui défend les entreprises de proximité, suggère de déplacer le curseur vers d’autres sources de revenus. Elle évoque les retraites, les rentes, l’héritage ou encore la TVA, autant de pistes qui, selon elle, permettraient de desserrer l’étau fiscal pesant sur les actifs, sans affaiblir la solidarité nationale. Une proposition parmi d’autres, qui illustre la diversité des stratégies patronales face à un même enjeu.
Source AFP