Pourquoi la Russie abandonne l’Iran

La Russie est-elle en train de se désolidariser de l’Iran ? Après l’opération Rising Lion, lancée il y a quelques jours par Israël sur le régime des mollahs ? officiellement, pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire ?, Moscou semble n’apporter qu’un tiède soutien à son partenaire.

Si le président russe a estimé ce vendredi que tuer le guide suprême iranien « ouvrirait la boîte de Pandore », et que la Russie de Vladimir Poutine a essayé de se placer en posture de médiateur ? d’aucuns lui reprochent d’ailleurs l’hypocrisie de cette posture, alors qu’elle a elle-même agressé l’Ukraine la première en février 2022 ?, elle n’a pas pu aller au bout de sa démarche.

En effet, Vladimir Poutine a lui-même réassuré hier aux journalistes de son pays être « en contact permanent avec les partenaires iraniens », d’après Reuters. Mais comme le commentait il y a deux jours Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, « actuellement, nous constatons une réticence, du moins de la part d’Israël, à recourir à une médiation et, de manière générale, à s’engager sur la voie pacifique d’un règlement ».

Qui plus est, si la Russie a bel et bien conclu un partenariat stratégique avec l’Iran il y a cinq mois, celui-ci ne comporte aucune clause d’assistance mutuelle en cas d’agression ? contrairement à celui qu’elle a signé avec la Corée du Nord. Vladimir Poutine a lui-même rappelé ce jeudi aux rédacteurs en chef des agences russes que l’accord ne « contient aucun article relatif à la défense », toujours d’après Reuters.

Une opportunité pour Moscou ?

Le Kremlin aurait-il intérêt à ce que le conflit s’enlise ? Il faut dire que les échanges de frappes entre Israël et l’Iran permettent de détourner l’attention internationale de la guerre qu’il mène en Ukraine ? au même titre que le front israélo-palestinien. Par ailleurs, ce conflit permettrait également de torpiller les tentatives de Donald Trump de négocier un accord nucléaire avec l’Iran, érodant peut-être la posture et la place des États-Unis sur la scène internationale.

Sans parler de la hausse des prix du pétrole que cette guerre occasionne d’ores et déjà ? et qui pourrait s’intensifier si l’Iran fermait le détroit d’Ormuz, où 20 % du pétrole mondial transite.

Une ambiguïté ancienne

En réalité, ce soutien très modéré apporté à l’Iran n’est pas nouveau : comme le notent nos confrères de RFI, le gouvernement de Poutine n’a accepté de livrer à l’Iran ni avions de combat, ni missiles S 400, ce que Téhéran souhaitait pourtant. Et comme le souligne The Atlantic, Moscou n’a pas grand intérêt à ce que l’Iran se dote de l’arme nucléaire ? ce qui ferait diminuer sa propre influence sur la scène internationale ?, et prend au sérieux les avertissements américains à ce sujet.

D’autant plus que la Russie n’a, aujourd’hui, plus besoin de l’Iran. Si les drones Shahed livrés par la République islamique ont été essentiels pendant un temps à son invasion de l’Ukraine, Moscou produit désormais ces armes sur son sol ? et s’approvisionne en composants ailleurs.

RFI rappelle tout de même qu’un nouveau régime en Iran serait probablement moins propice à Poutine et, surtout, que l’implication des États-Unis pourrait abîmer la relation du président russe avec Donald Trump. Rappelons enfin que les capacités de la Russie sont limitées, le pays étant occupé sur le front ouvert en Ukraine, qui lui demande beaucoup d’investissements.

Par julie Malo

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