C’est un record dont les Etats-Unis se passeraient bien… Jeudi, le Trésor américain a annoncé que la dette nationale du pays dépassait désormais somme délirante de 30.000 milliards de dollars. Un nouveau palier franchi plus rapidement que prévu en raison de la crise sanitaire: la dette a augmenté de 7000 milliards de dollars depuis 2019.
Cette dette dépasse largement la dette publique cumulée des pays de l’Union européenne (13.500 milliards de dollars) ou encore celle de la Chine (12.600 milliards de dollars). Et le contexte ne va pas arranger les finances américaines: les hausses des taux directeurs à venir vont ainsi alourdir un peu plus les intérêts de la dette américaine.
Une partie de cette dette (environ 8000 milliards de dollars) est détenue à l’étranger par le Japon (1340 milliards) et la Chine (1080 milliards de dollars). « Cela signifie que les contribuables américains vont payer pour la retraite des Chinois et des Japonais, qui sont nos créanciers », explique à CNN David Kelly, Chief Global Strategist chez JP Morgan.
« Trajectoire insoutenable »
Reste que la situation est encore viable pour les Etats-Unis, qui empruntent dans leur devise nationale. Tant que le dollar reste la principale monnaie d’échanges dans le monde, le pays n’a pas grand-chose à craindre. Une partie de la dette (environ 6000 milliards de dollars) est aussi une somme que l’Etat s’est emprunté à lui-même (notamment à la caisse de la sécurité sociale).
Pourtant, la question de la dette reste très vive aux Etats-Unis. Il y a encore 20 ans, elle ne dépassait pas 6000 milliards de dollars. La crise financière de 2008, puis celle du Covid-19 ont fait exploser les dépenses. Dans un récent sondage, 67% des Américains estiment qu’il s’agit d’un « problème majeur pour l’économie » d’autant que les besoins en investissement sont croissants, notamment pour répondre aux enjeux climatiques.
« La dette n’est pas à un niveau insoutenable, mais la trajectoire est insoutenable » expliquait le mois dernier le patron de la Banque centrale américaine Jerome Powell. « Elle croît plus vite que l’économie, nettement plus vite que l’économie. Nous devons y remédier au fil du temps. »