Adesina obtient le soutien des partenaires à la veille des assemblées de la BAD

Après les Emirats arabes unis fin mars, le président de la Banque africaine de développement (BAD) revient de Washington où il a décroché le « soutien ferme » des partenaires du continent pour la reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FAD) sur la période 2023-2025. Cela, à un mois des assemblées annuelles de la BAD qui se tiendront du 23 au 27 mai à Accra et qui représenteront une autre tribune déterminante.

D’une pierre deux coups pour Akinwumi Adesina à Washington qui n’a pas fait que participer aux réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale. Dans la capitale américaine du 21 au 23 avril en effet, le président de la Banque africaine de développement (BAD) a décroché le « soutien unanime [et] ferme » des partenaires du continent pour la 16è reconstitution des ressources du Fonds africain pour le développement (FAD) et pour que ce dernier soit autorisé à sortir sur les marchés des capitaux afin d’utiliser ses capitaux propres pour lever davantage de ressources. Et ce, à l’issue des rencontres avec notamment le Trésor américain à la Maison Blanche, les autorités de Suède, de Norvège, du Royaume-Uni, d’Irlande, mais aussi la fondation Bill et Melinda Gates, indique un communiqué de la BAD. Lors d’un meeting en one to one, Melinda Gates, co-présidente de ladite fondation a assuré Adesina d’être sa « fervente avocate pour que les pays du G7 fassent davantage pour le Fonds africain de développement et pour qu’ils mettent davantage de ressources à la disposition de l’Afrique ».

 

A six mois du bouclage

Créé en 1972 en tant que guichet concessionnel de la BAD, le FAD démarre ses activités deux ans plus tard. Sa mission : financer l’accélération de la croissance économique des pays les plus pauvres du continent. Au nombre de 37, les pays bénéficiaires sont localisés dans le Sahel, le lac Tchad et la Corne de l’Afrique. Pour renforcer son efficacité, les ressources du fonds sont reconstituées tous les trois ans. La dernière reconstitution à date remonte à décembre 2019. Lors de la réunion de Johannesburg, les 32 pays donateurs avaient convenu de mobiliser 7,6 milliards de dollars sur la période 2020-2022.

Cette fois, les pays donateurs devraient dévoiler leurs engagements financiers dès octobre prochain. Ce qui ne laisse plus que six mois avant le bouclage de l’opération. La BAD n’a donc plus beaucoup de temps, surtout dans le contexte mondial qui prévaut avec la nécessaire relance des économies après la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine qui fait planer le spectre de la crise alimentaire sur la planète et sur le continent africain en particulier. Des pays comme la France -généralement très engagé dans le FAD- devraient également se mobiliser, alors que l’Hexagone, depuis la crise ukrainienne, tente à sa manière de multiplier les recours pour élargir l’appui aux pays africains.

Fin mars dernier aux Emirats arabes unis, Akinwumi Adesina avait également promu la reconstitution des ressources du FAD auprès des autorités émiraties, mais il avait également profité de deux grandes tribunes pour mobiliser les partenaires du continent présents aux différents événements d’affaires qui s’y sont tenus.

Pour un développement vert

L’autre tribune déterminante vers la reconstitution des ressources du FAD : les Assemblées annuelles de la BAD qui se tiendront du 23 au 27 mai à Accra, au Ghana, sous le thème « Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste pour l’Afrique ». Pour la période 2023-2025, ne sera-t-il pas nécessaire de mobiliser pour le FAD plus que les 7,6 milliards qui ont servi à accompagner les pays africains les plus vulnérables ces trois dernières années, lesquels étaient déjà en hausse de 30% par rapport au programme précédent ? Outre les problématiques alimentaires et industrielles exacerbées par les différentes crises internationales, la question climatique -intrinsèquement liée aux précédentes- devient capitale dans la marche vers le développement du continent. Produire plus de nourriture implique notamment d’adapter les techniques et investissements agricoles, mais aussi la consommation énergétique aux changements climatiques qui viennent bien souvent brouiller les pistes prévisionnelles.

Lors d’une rencontre avec la presse mercredi dernier, le leadership de la BAD a fait savoir que les sujets liés à l’adaptation des 54 pays africains aux dérèglements climatiques et à son financement seront notamment au cœur des échanges à la grande messe annuelle de l’institution, afin d’assurer un développement durable au continent.

 

Ristel Tchounand

Challenges Radio

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