A travers ce protocole d’accord avec l’Association africaine des constructeurs automobiles (AAAM) qui rassemble les principaux acteurs internationaux présents sur le continent, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) entend stimuler l’investissement pour faire émerger une industrie régionale forte au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Multiplier les lignes de crédit, le financement direct, le financement de la chaîne d’approvisionnement, les garanties ou le financement par actions… au bénéfice des constructeurs automobiles actifs sur le continent, tel est le motif du protocole d’accord fraichement signé par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et l’Association africaine des constructeurs automobiles (AAAM).
Ce partenariat vise surtout à favoriser l’émergence de chaînes de valeur régionales avec comme sous-bassement la fabrication à valeur ajoutée qui serait le fruit de coopération entre les équipementiers internationaux et acteurs locaux. Pour ce faire, des études approfondies seront menées conjointement par les deux organisations, afin de cartographier les chaînes de valeur automobiles régionales potentielles qui favoriserait notamment la montée en compétence des assembleurs locaux.
Pour l’émergence d’un « Made in Africa »
Afreximbank qui dispose d’un programme de développement du secteur automobile panafricain, entend également accélérer la mise en œuvre de ce dernier. Qualifiant le partenariat avec l’AAAM de « stratégique », Bénédict Oramah, président d’Afreximbank, a rappelé que le programme porté par l’institution basée au Caire « vise à catalyser le développement de l’industrie automobile en Afrique alors que le continent commence ses échanges dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ».
Créée en novembre 2015, l’AAAM rassemble des constructeurs automobiles mondiaux et des fabricants d’équipement d’origine, dont Peugeot, Ford, Toyota, BMW ou Audi. Leur mission s’articule principalement autour de la collaboration avec les gouvernements africains pour promouvoir le secteur. L’organisation est présidée par Mike Whitfield, directeur général de Nissan Africa. Commentant l’accord avec Afreximbank, David Coffey, CEO d’AAAM, a souligné que lors du Digital Africa Auto Forum 2020, « le manque de financement abordable disponible pour le secteur automobile a été identifié comme l’un des principaux freins à la croissance et au développement de l’industrie automobile en Afrique ».
Encourager les stratégies nationales et régionales
Pour rendre efficace leur action conjointe, le concours des Etats africains sera déterminant. Certains gouvernements comme celui de l’Afrique du Sud, du Maroc ou du Rwanda sont déjà bien avancés sur le plan stratégique. Le Ghana, qui a accueilli en 2020 une usine d’assemblage Volkswagen, est également en train de progresser Mais Afreximbank et l’AAAM estiment nécessaire que cette tendance se généralise. Ainsi, le présent partenariat prévoit en outre d’encourager et soutenir les gouvernements dans la mise en œuvre de « politiques et de stratégies automobiles nationales, régionales et continentales cohérentes ».
Récemment, plusieurs pays du continent font preuve d’éveil quant au nécessaire développement du secteur automobile et commencent notamment à limiter l’entrée sur leur territoire des véhicules d’occasion. Depuis juillet 2018, la Côte d’Ivoire a fixé à 5 ans l’âge maximum des véhicules de seconde main accédant à son marché. Le Sénégal voisin, qui avait limité cet âge à 8 ans admises, prépare une nouvelle taxe sur les voitures de plus de cinq ans. Le Kenya va plus loin et veut limiter à 3 ans la maturité de ce type de véhicules admis sur son territoire. De quoi susciter l’intérêt des constructeurs pour ces marchés, et par ricochet, celui des investisseurs.
Par Ristel Tchounan