Autopsie des programmes du FMI en Afrique (5) : L’addiction et la malédiction de l’aide étrangère

Cheikhna Bounajim Cissé, l’émergentier

Avec cette cinquième chronique, l’économiste et banquier Cheikhna Bounajim Cissé clôture un cycle d’analyses sur les rapports entre les Etats africains et le FMI en apostrophant les élites et les dirigeants du continent. Que cette dernière livrée tombe au lendemain de l’accord élargi sur la dette des pays en développement entre le Club de Paris, le G20, la Chine et, encore à confirmer, le Club de Londres, ne fait que rajouter au constat structurel l’effet de la conjoncture.


Le 13 février 1997, Joseph Eugène Stiglitz prenait fonction comme premier vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale. Dans son livre La grande désillusion (Plon, 2002), l’économiste américain nous raconta son premier jour de service: «ce qui a retenu mon regard dès mon entrée dans les vastes locaux splendides et modernes de son siège central, 19e rue à Washington, c’est sa devise : «notre rêve : un monde sans pauvreté». Dans une sorte d’atrium de treize étages se dresse une statue : un jeune garçon conduisant un vieillard aveugle. Elle commémore l’éradication de l’onchocercose. (…) De l’autre côté de la rue se dresse un autre monument splendide élevé à la richesse publique : le siège du Fonds monétaire international. A l’intérieur, l’atrium de marbre, qu’agrémente une flore luxuriante, rappelle aux ministres des finances en visite qu’ils sont au centre de la fortune et du pouvoir». Au-delà de la féerie des lieux, un détail m’a particulièrement interpellé dans le récit du prix Nobel d’économie : la statue en bronze .

Pour un esprit insistant et persistant, comme le mien, l’évocation de cet objet insolite m’a renvoyé à un autre symbole : une Afrique, « aveugle, sourde et muette », craintive et plaintive, tenue par la canne de la sénilité et de la servilité et guidée par l’aumônier international dans les dédales d’une mondialisation féroce et véloce. L’allusion aurait assurément prêtée à confusion n’eût été la cruauté d’une réalité dramatique qui traduit le quotidien de plus d’un milliard deux cents millions de personnes sur le continent. Après trois décennies de programmes d’austérité, chaque 10 secondes un enfant africain meurt de faim, chaque 10 minutes 15 Africains sont tués par le sida, chaque 10 heures 450 Africains décèdent de paludisme et… chaque jour 246 millions de dollars sortent frauduleusement du continent africain vers des pays qui ont déjà bouclé leur cycle de développement, alors qu’il suffit, seulement, de 0,25 dollar par jour pour nourrir un enfant qui a faim.

Selon le rapport annuel 2020 de la Banque mondiale, il y a actuellement 420 millions d’Africains qui vivent dans l’extrême pauvreté, avec moins de 1,90 dollar par jour pour vivre. Et pendant ce temps, très loin des routes poussiéreuses et impraticables des villages et des hameaux, à bonne distance des dispensaires squattés par les mouches du jour et les moustiques de la nuit, dans les somptueux palais nichés dans des fastueux domaines verdoyants, l’élite africaine continue à siroter le thé et à savourer les petits fours du maître queux venu de loin pour s’occuper de l’embonpoint des maîtres de céans.

Après l’essorage, l’arrosage

L’Afrique est devenue un crève-cœur. La misère, la famine, les épidémies et l’insécurité sont devenues des produits d’appel pour certains dirigeants africains qui n’hésitent pourtant pas à arpenter, avec amis, femmes et enfants, les grandes allées mondaines des villes aux mille et une lumières ; à se pavaner dans les palaces et hôtels de luxe ; à faire du shopping dans les avenues chic et choc ; à apprécier le thé savoureux, le café langoureux et les liqueurs généreux dans les salons feutrés des palais et des palaces ; pour au final à organiser sommets, forums, conférences, tables rondes avec sur le cartable bien en évidence « Notre pays est très pauvre et très endetté », et sur la gibecière fluorescente «Aidez-nous svp, 5 francs n’est pas peu, 5 000 francs n’est pas trop ! » Et la communauté internationale contribue largement – si elle n’en est pas l’initiatrice – à la perpétuation de ce système immoral et amoral, à travers la création de multitudes d’instruments financiers, d’ONG, de projets et de programmes. Le budget de fonctionnement de beaucoup de projets (coût des expatriés et des prestataires, achat et entretien de véhicules, déplacements et missions, etc.) dépasse largement l’apport réel aux populations censées être les bénéficiaires de l’aide, et dont certains des responsables se payent même le luxe de détourner une bonne partie du peu qui leur reste dans l’assiette.

Récemment, dans le cadre des mesures d’allégement de la dette en lien avec la pandémie de la Covid-19, la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a fait une déclaration  surprenante : « Nos pays membres les plus pauvres et les plus vulnérables recevront ainsi des dons qui couvriront leurs obligations envers le FMI pour une phase initiale de six mois, ce qui leur permettra de consacrer une plus grande partie de leurs faibles ressources financières aux soins médicaux et autres efforts de secours d’urgence vitale.[1] ». Vous avez bien lu ! Le FMI a octroyé des dons aux pays pauvres d’Afrique pour qu’avec ces fonds ils puissent s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis du FMI. Quelle trouvaille géniale ! La machine du service de la dette ne doit pas s’arrêter.

Dans un livre à succès L’aide fatale : Les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique (Jean-Claude Lattès, 2009), l’économiste zambienne Dambisa Moyo, ancienne consultante de la Banque mondiale, ne va pas par quatre chemins pour fustiger la forte dépendance du continent africain : « L’aide est une drogue pour l’Afrique. Depuis soixante ans, on la lui administre. Comme tout drogué, elle a besoin de prendre régulièrement sa dose et trouve difficile, sinon impossible, d’imaginer l’existence dans un monde où l’aide n’a plus sa place. Avec l’Afrique, l’Occident a trouvé le client idéal dont rêve tout dealer. »

En décembre 2017, le Conseil d’administration du FMI avait appelé « les autorités nationales des pays de la CEMAC à tenir pleinement leurs engagements d’opérer résolument un assainissement des finances publiques afin de rétablir la viabilité extérieure de chaque pays membre.[2] » Il s’était félicité de « l’engagement de la BEAC à envisager un nouveau durcissement de la politique monétaire si l’accumulation des réserves n’atteint pas les objectifs de la BEAC. » L’ultimatum donné aux autorités politiques et monétaires de la CEMAC était clair : programmes d’ajustement structurel drastiques sous l’égide du FMI ou dévaluation du franc CFA (XAF). Les pays membres de la CEMAC, fragilisés et efflanqués, ont choisi la cure d’austérité avec une réduction drastique du train de vie de l’État assortie de coupes sombres dans les dépenses sociales et de l’arrêt de plusieurs projets d’infrastructures. Interrogé sur l’antenne de RFI à l’issue de la réunion bi-annuelle de la zone franc CFA tenue le 13 avril 2018 à Brazzaville, le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire ne s’était pas privé d’admonester les dirigeants de certains pays d’Afrique centrale : « Il faut que, dans la zone CEMAC, il y ait des programmes FMI et que les États qui n’ont pas de programme FMI en aient un le plus rapidement possible. […] Il doit y avoir entre la République du Congo, le FMI et les différents États partenaires de la République du Congo, une transparence totale. Je dis bien totale. Rien n’est possible sur la confusion ou sur la dissimulation. […] Sans transparence, il n’y a pas de confiance.

Et sans confiance, il ne peut pas y avoir d’aide, ni de la part du FMI ni de la part des autres États. […] Nous attendons des gestes concrets en termes législatifs sur la lutte contre la corruption dans la République du Congo. Nous avons besoin de gestes concrets.[3] » En vertu de quel statut et au nom de quel programme le FMI peut-il se montrer « intransigeant » vis-à-vis d’un pays souverain fût-il pauvre et africain ? A l’époque, ne pouvant accéder à la hauteur de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, pour lui poser cette question, nous nous sommes contenté, en guise de réponse, de son propos rapporté par le journal Le Monde du 10 avril 2018 : « Si le FMI prête de l’argent de la communauté internationale, il est redevable de cette transparence.[4] » Quant à la France, au nom de quel « droit seigneurial » se montre-t-elle incisive et directive vis-à-vis des États africains dits indépendants ? Doit-on plaindre l’excessivité du propos du grand argentier français et des dirigeants du FMI ? Ou doit-on s’en accommoder du

fait que c’est devenu tellement fréquent, et donc banal, que cela ne choque plus personne, pas en tout cas les dirigeants des pays africains mis en cause ? Si oui, peut-on imaginer un seul instant la réaction de ces derniers si de tels propos étaient tenus par la presse locale, l’opposition politique ou la société civile ? Bon, comme ça vient « d’en haut d’en haut », entendez par là du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de l’Union européenne, des États-Unis ou de la France, alors ce n’est pas bien grave et on se plie, même en deux, à titre de révérence.

Ces questions irritantes, et bien d’autres, les Africains continuent à se les poser. Point de méprise ! Nul besoin d’être financier, créancier ou même aumônier pour proscrire l’opacité des comptes publics[5], la dissimulation de dettes et la dissymétrie de l’information. Il est vain de vouloir cacher un éléphant coincé dans un couloir en verre. Mais de là à admonester un pays souverain, il y a un pas à ne pas franchir. Mais comme le dirait l’autre, on n’a que ce qu’on mérite. En Afrique, et particulièrement dans la partie francophone, on préfère tout sous-traiter à l’extérieur : la monnaie, le secteur bancaire, la sécurité, la santé, l’éducation, le transport, l’énergie, les mines, le pétrole, et même… l’alimentation, le Planning familial et l’assainissement (balayage des rues, curage des caniveaux et collecte des ordures).

Tenez, autre étrangéité ! Le siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, haut lieu des rencontres des dirigeants africains, est devenu depuis le 28 janvier 2012 la cocarde de la puissance de la Chine sur le continent. Mais aussi et surtout le symbole d’une Afrique dépendante. Avec la rondelette somme de 200 millions US $ (154 millions d’euros[6]), l’empire du Milieu a offert à l’UA clé en main (jusqu’aux équipements et mobiliers) l’imposant bâtiment de verre et d`acier de trente étages construit, en moins de deux ans et demi, sur les ruines d’une ancienne prison de la capitale éthiopienne. A l’entrée de l’édifice, bien en exergue et pour l’éternité, on peut lire sur une pierre gravée « Avec l’aide du gouvernement de la république populaire de Chine ». En reconnaissance, le 18e sommet de l’UA qui s’est tenu le lendemain de l’inauguration de son nouveau siège a adopté une motion de « remerciement et de gratitude » envers son généreux bienfaiteur. Cinq années plus tard, coup de tonnerre ! Le journal français Le Monde révèle dans une enquête publiée le 26 janvier 2018 que le siège de l’Union africaine serait espionné par la Chine. En voici un extrait de cette rocambolesque affaire : « En janvier 2017, la petite cellule informatique de l’UA a découvert que ses serveurs étaient étrangement saturés entre minuit et 2 heures du matin. Les bureaux étaient vides, l’activité en sommeil mais les transferts de données atteignaient des sommets. Un informaticien zélé s’est donc penché sur cette anomalie et s’est rendu compte que les données internes de l’UA étaient massivement détournées. Chaque nuit, les secrets de cette institution, selon plusieurs sources internes, se sont retrouvés stockés à plus de 8 000 km d’Addis-Abeba, sur des mystérieux serveurs hébergés quelque part à Shanghaï, la mégapole chinoise. (…) Quatre spécialistes venus d’Algérie, l’un des plus gros contributeurs financiers de l’institution, et des experts en cybersécurité éthiopiens ont inspecté les salles et débusqué des micros placés sous les bureaux et dans les murs. (…) « Ça arrange tout le monde que ce soit une passoire, déplore un fonctionnaire déjà présent du temps de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA, 1963-2002). On se laisse écouter et on ne dit rien. Les Chinois sont là vingt-sept heures sur vingt-quatre, ont planté plein de micros et d’outils d’espionnage cyber quand ils ont construit cet immeuble. Et ils ne sont pas les seuls ! » Selon les documents extraits par Le Monde, en collaboration avec le site The Intercept, des archives de l’ex-consultant de l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine Edward Snowden, les antennes des services secrets britanniques (GCHQ) n’ont pas épargné l’UA. Entre 2009 et 2010, plusieurs responsables ont ainsi vu leurs appels et leurs courriels interceptés (…)[7] ». L’ambassadeur de Chine auprès de l’UA a récusé totalement l’accusation du journal français en

des termes incisifs : « Je pense qu’il s’agit d’une histoire sensationnelle, mais elle est aussi complètement fausse et une absurdité[8]. » Vrai ou faux ? Là n’est pas la question. C’est la surprise manifestée par certains dirigeants africains qui est horripilante et même désopilante. Comment peut-on aimer une rose sans épine ? Il est logique que celui qui vous donne la guitare puisse vous imposer la mélodie. Le regretté professeur Joseph Ki-Zerbo rappelait qu’on ne peut pas dormir indéfiniment sur la natte des autres et bien s’en porter. Tôt ou tard, on finira par voir des comportements désobligeants ou entendre des propos blessants du généreux donateur.

Les limites de l’aide

L’Afrique ne peut pas continuer à tendre la main ad vitam aeternam. La majorité des économistes sont d’avis qu’aucun plan de développement crédible ne peut être impulsé de l’extérieur, encore moins reposer sur le financement des capitaux étrangers, sauf à secréter l’assistanat, la pauvreté et la dépendance du pays concerné. En vérité, de tout temps et en tous lieux, l’aide étrangère a toujours montré ses limites. Elle est imprévisible et variable. Elle n’a jamais développé un pays. D’ailleurs, si elle le pouvait, ça se saurait. Au contraire, elle crée une accoutumance poussant son bénéficiaire à la génuflexion éternelle. Et Haïti, le premier pays noir indépendant dans le monde, aurait été la forme la plus aboutie de ce modèle. Ce pays a bénéficié de l’équivalent de 120 plans Marshall en trois décennies[9] sans jamais réussir à s’extirper de la grande pauvreté ! Bien au contraire, le niveau de vie des Haïtiens a décru de 20 % entre 1960 et 2007. De l’aveu de l’ancien Premier ministre haïtien, Michèle Pierre-Louis, de passage à Montréal le 9 mai 2012, « les effets de l’aide internationale en Haïti ne sont visibles qu’au microscope ». Selon une étude Développement endogène et limites de l’aide internationale en Haïti, menée par Stéphane Pallage et Nicolas Lemay-Hébert, Haïti a bénéficié au titre de l’aide internationale au développement d’un transfert moyen de 8,2 % de son PIB durant la période 1965-1995. Les auteurs concluent que « l’aide internationale n’implique pas le développement économique. Elle n’en est ni une condition nécessaire, ni une condition suffisante. Elle peut même constituer une entrave importante à ce développement[10] ». Ce point de vue semble être partagé par le président sud-africain. Lors de l’inauguration de la NDB (New Development Bank), en juillet 2014, Jacob Gedleyihlekisa Zuma a déclaré que « l’aide occidentale à l’Afrique vient avec des restrictions, des conditions pour nous maintenir dépendants ».

Le directeur adjoint du département Afrique au FMI, Roger Nord, s’exprimant à la tribune de l’OCDE en octobre 2015, déclarait : « L’histoire économique nous a appris que le développement économique repose finalement sur la création et le développement des sources intérieures de financement[11]. » Deux mois plus tard, son représentant au Mali, Anton Op de Beke reprenait, presque mot pour mot, le même constat : « L’histoire économique nous a appris que le développement d’un pays repose finalement sur la mobilisation des ressources financières à l’intérieur[12]. » Et les deux fonctionnaires internationaux ont raison de stigmatiser les limites de l’aide étrangère, même s’ils semblent, malheureusement, privilégier la fiscalité comme principal levier de mobilisation des ressources internes. Nous ne dénigrons pas tout. Tout n’est certainement pas noir dans l’aide étrangère. Par-ci par-là, il y a quelques réussites sur le continent africain en lien avec la générosité internationale et avec la bonne utilisation qui en est faite par les bénéficiaires locaux. Mais, admettons-le, il y a aussi de la malice et de la ruse de la part de certains « bienfaiteurs » qui n’hésitent pas à dissimuler, à travers l’appât de l’assistance technique, des subventions, des dons, des cadeaux et autres aides, l’hameçon destiné à attraper et maintenir les pays africains dans les liens de la dépendance. Il faut donc détricoter intelligemment et irréversiblement les modèles de « développement » actuels, qui ont largement montré leurs limites d’une part, et revisiter les partenariats bilatéraux et multilatéraux d’autre part.

Oui, il faut arrêter l’aide…

L’aide publique à l’Afrique est devenue un tonneau des Danaïdes. L’ancien diplomate français Laurent Bigot, chroniqueur pour Le Monde Afrique, livre son analyse sans concession : « L’aide publique au développement est d’abord un business qui fait vivre des dizaines de milliers de fonctionnaires internationaux et nationaux mais aussi une myriade de consultants. Ils ont tous en commun un objectif : ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis et sur laquelle ils vivent grassement. J’ai toujours été fasciné par l’irresponsabilité que génère l’argent de l’aide publique au développement. C’est l’argent de personne. Tout le monde se comporte comme si c’était de l’argent créé ex nihilo. Les bailleurs sortent pourtant ces sommes de la poche de leurs contribuables mais n’ont aucune exigence sur l’utilisation. Les bénéficiaires n’ont guère plus de considération pour ces sommes (parfois folles) qui tombent dans leur escarcelle sans grand effort (on se demande d’ailleurs s’il n’y a pas une prime au mauvais élève…).[13] » Le consultant français poursuit : « L’Afrique ne mérite-t-elle pas un objectif plus ambitieux, à savoir la fin de l’aide ? N’est-ce pas la vocation de l’aide publique au développement que de s’arrêter, signe qu’elle aura atteint ses objectifs ? Il est temps qu’une grande conférence internationale fixe le terme de l’aide, adressant au monde un message clair : l’Afrique peut soutenir son propre développement sans être assistée. Pour cela, il faudra changer les mentalités et ce ne sera pas une mince affaire. »

Oui, l’Afrique n’a pas besoin de charité. L’Afrique a plus besoin de partenaires que de donateurs, de prêts libres que de dons liés, de relations durables que de générosité vénérable. L’émergence souhaitée exige une radicalité pragmatique, au sens primaire des mots : “radicalité” dans le sens de prendre le problème à la racine, et “pragmatique”, comme le plus proche possible de la réalité. Les sources de croissance doivent être diversifiées, en mettant en œuvre des solutions innovantes, audacieuses et vigoureuses de mobilisation de financement. Parmi ces leviers, il y a la bonne gouvernance, la lutte contre la fraude sous toutes ses formes dont la sortie illicite des capitaux est une des manifestations.

COMMENT PEUT-ON CONTINUER EN AFRIQUE À BOMBER LE TORSE, LA SUEUR SUR LE FRONT ET « LES YEUX DANS LES YEUX » (POUR REPRENDRE UNE ANCIENNE FORMULE MALMENÉE ET LAMINÉE EN FRANCE) LORSQUE LA MAJORITÉ DES PROGRAMMES SOCIO-ÉCONOMIQUES SONT FINANCÉS PAR L’EXTÉRIEUR AVEC « L’ACCORD FORMEL[15] » DU FMI ? À LA SUITE DE CETTE DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE, QUELLE INDÉPENDANCE POLITIQUE LORSQUE LE BUDGET DES ÉLECTIONS EST À LA CHARGE DES « PARTENAIRES » TECHNIQUES ET FINANCIERS ? ET COMMENT PEUT-ON APRÈS S’INSURGER CONTRE L’INGÉRENCE EXTÉRIEURE ?

Cheikhna Bounajim Cissé

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