BCE : « forte probabilité » de hausse des taux d’ici à la fin de l’année si l’inflation reste élevée, selon Christine Lagarde

Face à une inflation galopante, la Banque centrale européenne devrait prochainement se résoudre à relever ses taux directeurs, si le mouvement de flambée des prix ne ralentit pas dans les prochains mois, a fait savoir Christine Lagarde ce vendredi. Jeudi, c’était le président de la banque centrale américaine (Fed) qui avait annoncé son intention de relever début mai les taux directeurs plus rapidement qu’il ne l’avait fait en mars. Sans surprise, cette perspective d’un resserrement monétaire à venir a jeté un froid sur les marchés boursiers, sévèrement plombés vendredi.

Alors que l’inflation dans la zone euro a atteint le record de 7,5% en mars, bien au-dessus de l’objectif de 2% visé par la Banque centrale européenne (BCE) à moyen terme, sa présidente, Christine Lagarde, voit une « forte probabilité » que l’institution relève ses taux directeurs d’ici à la fin de l’année si l’inflation reste élevée, a-t-elle dit vendredi lors d’une interview sur la chaîne CNBC. Ce qui serait une première depuis 2011.

« Nous regardons les chiffres de l’inflation. (…) Si la situation perdure, comme on le pense aujourd’hui, il y a de fortes chances que les taux soient relevés d’ici la fin de l’année », a-t-elle ainsi souligné.

« De combien, combien de fois, tout cela reste à voir et dépendra des données« , a précisé la présidente de la BCE, prise en étau entre l’inflation et le risque de récession.

Un possible relèvement des taux le 21 juillet

Sous pression, Christine Lagarde avait déjà déclaré, la semaine dernière, que l’arrêt des achats d’obligations de la BCE pouvait intervenir à tout moment entre le début et la fin du troisième trimestre. Elle a fait savoir ce vendredi qu’il y avait de « fortes chances » pour que cela soit fait « tôt » au troisième trimestre. La BCE veut avoir, au préalable de tout mouvement de hausse du coût du crédit, mis fin à son programme d’achat net de dettes, qui avait soutenu l’économie pendant la crise provoquée par le Covid-19. Un tel calendrier donne à penser que la BCE pourrait relever ses taux lors de sa réunion du 21 juillet prochain.

Jeudi, elle avait assuré que le moment dépendrait des indicateurs économiques, répondant au vice-président de l’institution Luis de Guindos, qui avait évoqué la fin du Le rachat net d’actifs, principal instrument de soutien monétaire à l’économie, au mois de juillet.

Le risque d’un resserrement monétaire trop fort

Ces considérations éclipsent les bons chiffres de la croissance de l’activité économique en zone euro. Elle s’est accélérée en avril dans le secteur privé, au plus haut depuis sept mois, malgré les inquiétudes liées à la guerre en Ukraine et à l’inflation. Jusqu’ici, la BCE avait continué de réduire ses achats nets d’actifs (obligations d’Etat, principalement), qui devraient prendre fin au troisième trimestre. Et n’avait pas relevé ses taux, aujourd’hui à un niveau historiquement bas (- 0,5 % pour le taux de dépôt), malgré l’inflation galopante.

« L’économie est très forte, tout comme le marché du travail, mais les deux ne peuvent supporter qu’un resserrement monétaire limité sur une courte période. Nous verrons bientôt si la Fed ne va pas trop loin », estime Craig Erlam, d’Oanda.

Jerome Powell favorable à une remontée plus rapide des taux de la Fed

En effet, jeudi soir, la banque centrale des Etats-Unis (Fed) a de son côté pris ses précautions en laissant entendre qu’elle pourrait, lors de la prochaine réunion de son comité monétaire, début mai, relever ses taux directeurs d’un demi-point de pourcentage plus rapidement qu’elle ne l’avait fait en mars, a-t-elle indiqué par la voix de son président, Jerome Powell.

Pour mémoire, afin de stopper l’érosion du pouvoir d’achat des Américains face à la flambée des prix, et au grand soulagement des investisseurs inquiets de voir leur capital grignoté lui aussi par une inflation record de 7,9% en février (8,5% en mars), la Fed avait donné le signal mi-mars de la sortie de l’argent gratuit, en décidant une hausse des taux d’intérêt d’un quart de point de pourcentage (0,25%). Mais ces taux, qui se trouvent désormais compris dans une fourchette de 0,25 à 0,50%, restent bien inférieurs à l’inflation annuelle dont la hausse pourrait atteindre 9% selon la Fed.

Ainsi, les opérateurs anticipent, en les redoutant, trois hausses d’une telle ampleur cette année, la Fed se montrant toujours plus résolue à faire redescendre l’inflation aux États-Unis.

Les annonces sèment le trouble en Bourse

Résultat : les discours toujours agressifs des banquiers centraux, notamment celui de Jerome Powell, ont sévèrement plombé les Bourses mondiales vendredi et ont fait grimper les taux obligataires, tandis que la livre souffrait des données économiques du Royaume-Uni. De fait, la santé économique du Royaume-Uni inquiète avec une baisse de 1,4% des ventes au détail en mars. Les craintes faisaient plonger la livre de 1,48% face au dollar, à 1,2837 dollar, un plus bas en un an et demi, vers 18H10 GMT.

Déjà en nette baisse jeudi, Wall Street a aussi accusé une nouvelle semaine de baisse, la quatrième d’affilée pour le Dow Jones. L’indice des valeurs vedette a lâché 2,82%, le Nasdaq s’est replié de 2,55% et le S&P 500 a perdu 2,77%.

En Europe, Francfort a perdu 2,48%, Milan 2,12%, Paris 1,99% et Londres 1,39%. Sur la semaine, tous ces indices ont terminé légèrement dans le rouge.

« Le président de la Fed a de nouveau insisté sur l’urgence d’une hausse des taux rapide et effrayé de nombreux investisseurs », commente Andreas Lipkow, de Comdirect, qui souligne auprès de l’AFP par ailleurs que « la hausse récente (des actions) n’était portée que par quelques entreprises ».

Source Reuters

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