BOAD : augmentation de capital, secteur privé… Serge Ekué promet la « transformation » de la banque

Six mois après son entrée en fonction, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) s’est exprimé devant la presse ce 31 mars. Entre doublement du capital et appui aux Etats et au secteur privé, Serge Ekué affirme mener, avec ses équipes, « un travail de transformation » de l’institution financière sous-régionale.

« La BAOD de demain est en construction. Elle dépassera la dichotomie public-privé », promet Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement, ajoutant que le travail qui sera mené au sein de l’institution « est un travail de transformation de notre banque, […] une évolution vers plus d’agilité, plus de pertinence, plus de réactivité ».

En fonction depuis août 2020 pour un mandat de six ans, le financier béninois -qui a fait six mois plus tard sa première sortie devant la presse mercredi 31 mars- entend implémenter le plan stratégique quinquennal de la Banque [Djoliba 2021-2025] grâce à l’usage d’« ingénieries techniques et financières les plus pertinentes et les plus pointues », avec un fort objectif d’impact dans ses cinq secteurs prioritaires à savoir les infrastructures, la santé, les énergies renouvelables, l’éducation et l’habitat social.

Vers une ouverture du capital aux investisseurs privés

Serge Ekué s’attarde notamment sur le premier volet de ce plan stratégique : celui de l’augmentation du capital de la BOAD, qu’il ambitionne de faire passer de 1 165 milliards de Fcfa à 2 510 milliards de Fcfa, avec l’ouverture aux capitaux privés comme nouveauté.

« Nous envisageons de doubler le capital de la Banque à travers la structuration d’une opération d’augmentation de capital dans laquelle les Etats membres et la BCEAO demeureront les actionnaires de référence, mais avec une éventuelle entrée au capital de partenaires stratégiques notés AA ou + » a-t-il déclaré.

L’objectif pour la BOAD est de renforcer de ses fonds propres afin de préserver sa note « investment grade » et d’accroitre sa capacité de mobilisation de ressources sur le marché financier international. La Banque mène des discussions à ce propos avec l’ensemble de ses actionnaires et des négociations sont en cours avec de potentiels nouveaux actionnaires, a indiqué le président, soulignant qu’un bilan de mi-parcours sera présenté au conseil des ministres des Finances de la sous-région à fin juin 2021.

D’ores et déjà, le patron de la BOAD prévient que le processus pourrait prendre du temps, en raison du contexte de crise actuel, qui oblige les investisseurs à beaucoup plus de rigueur. Mais Serge Ekué se dit « confiant quant à l’avancement de ce chantier dans les prochains mois ».

Au moins 1,3 milliard d’euros de financements pour le secteur privé

La BOAD maintient par ailleurs la priorité que représente le développement des Etats de l’UEMOA en prévoyant d’intensifier son accompagnement notamment financier au profit des Etats membres. Mais l’institution réserve toutefois un traitement particulier au secteur privé. Ainsi, sur les 3 300 milliards de Fcfa [soit 5,03 milliards d’euros] de financements dans ses cinq secteurs prioritaires auxquels s’engage la Banque, « au moins ¼ » [soit au moins 1,3 milliard d’euros] sera destiné au secteur privé sous régional afin de soutenir son développement.

Il s’agit d’ « un accroissement de l’ordre de 50% par rapport aux financements mis en place au cours du Plan précédent », a précisé Serge Ekué.

En dépit du contexte de crise et après avoir approuvé trois lignes de crédit de pour trois banques au Mali et en Côte d’Ivoire, la BAOD reste par ailleurs fermement engagée aux côtés des banques commerciales. « Notre engagement à soutenir le système bancaire ne saurait être remis en cause, absolument pas », a déclaré le président à LTA. En retour de cet appui financier, « nos attentes vis-à-vis de ces banques sont de trois natures, a-t-il poursuivi. La première est dans l’appréciation du risque de crédit. La BOAD n’a pas la granularité pour aller traiter du risque de crédit de la manière la plus granulaire possible, ce n’est pas notre métier, mais celui des banques commerciales et encore une fois, nous n’avons pas vocation à être concurrentes avec ces banques. Nous avons vocation à travailler de manière complémentaire en partageant les risques … ».

Pour réaliser le plan stratégique de la Banque au cours des prochaines années, le management de la BOAD s’appuie notamment sur les réalisations des six premiers mois de présidence de Serge Ekué dont le bilan fait état de 256,1 milliards Fcfa -soit 390 millions d’euros- d’investissements dans 24 projets dans divers secteurs.

La banque s’est également démarquée fin janvier avec une émission obligataire de 750 millions d’euros destinée à financer uniquement des projets de développement durable. La première du genre sur le continent. Dans un entretien avec LTAAlain Tchibozo, chief economist de la BOAD évoquait une orientation pensée. « La BOAD a stratégiquement choisi d’investir dans ce sens. La bonne surprise est que d’une part les investisseurs nous ont suivi massivement, puisque nous avons eu pour 4,4 milliards d’euros de carnets d’ordre. C’est beaucoup ! D’autre part, nous avons réussi à obtenir une maturité de 12 ans, mais aussi le taux le plus bas », déclarait-il.

Grâce au programme d’investissement de son plan stratégique, la BOAD ambitionne des percées dans l’accès à l’eau dans la sous-région, la production agricole, les infrastructures de transport, l’augmentation de la capacité énergétique, l’impact en termes de climat et d’environnement, la création d’emplois et l’amélioration des recettes fiscales des Etats.

Par la rédaction

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