Le développement industriel est l’une des urgences économiques de l’Afrique. Alors que la planète célèbre ce mardi 8 mars la Journée internationale des droits de la femme (JIDF 2022), Jacqueline Bisimwa Murangaza, vice-présidente Afrique de l’Association des femmes chefs d’entreprises mondiales (FCEM), fait valoir la nécessité d’accompagner efficacement les femmes qui osent dans le domaine industriel.
De plus en plus de femmes trouvent les stratégies pour investir dans le secteur industriel -plus particulièrement dans la transformation des matières premières- longtemps resté l’apanage des hommes en Afrique. Elles ne sont cependant pas nombreuses parce que ce secteur nécessite d’importants investissements dès le départ.
Alors que les femmes africaines ont clairement démontré de quoi elles sont capables, la plupart d’entre elles démarrent encore leur entreprise sur fonds propres, ce qui peut être plutôt difficile lorsqu’il s’agit de projets industriels pour lesquels elles doivent souvent -de surcroît- arborer la tenue ouvrière. Et lorsqu’elles demandent du financement, ces entrepreneures sont souvent confrontées à la nécessité de présenter leurs réalisations. De plus, l’examen de leur business plan met encore trop souvent l’accent sur la valeur de leurs apports en fonds propres. C’est dommage ! Sous d’autres cieux, en Europe à titre d’exemple, l’accompagnement financier est direct et fondé sur la pertinence du projet d’entreprise.
Certes des changements s’opèrent récemment, avec des initiatives comme celles du Groupe de la Banque mondiale ou celles de la Banque africaine de développement (BAD), mais l’accompagnement financier des femmes reste un défi majeur d’autant que celles qui entreprennent dans le domaine industriel apportent la valeur ajoutée tant souhaitée à ce que notre continent a de plus important comme richesses naturelles émanant de son sol et son sous-sol : les ressources agricoles et minières.
La Zlecaf comme motif supplémentaire
Avec la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), il faut davantage donner les moyens aux femmes de mettre en œuvre leurs projets industriels, car cela contribue à accélérer le développement économique et social. Les gouvernements africains devraient à cet effet donner la priorité au développement de l’énergie (y compris la transition énergétique) et des infrastructures. Si nous avons des routes pour acheminer la production industrielle à travers le continent, nos agriculteurs pourront davantage mettre à profit la fertilité de nos sols, permettant ainsi aux entreprises transformatrices, de produire davantage et ainsi booster la consommation locale. Il n’est pas normal que nos pays soient premiers, deuxièmes, troisièmes producteurs mondiaux de nombreuses matières premières et que le continent soit encore l’un des plus pauvres au monde.
Certains pays, notamment en Afrique de l’Est, l’ont compris et sont en train de développer une véritable intégration. Il faut à présent que cette dynamique se généralise afin de permettre à ces femmes qui osent, de mettre leur potentiel au profit de nos économies et de nos sociétés.
(*) Entrepreneure depuis de plusieurs décennies, Jacqueline Bisimwa Murangaza est vice-présidente Afrique de l’Association des femmes chefs d’entreprises mondiales (FCEM), présidente nationale de l’Association des femmes chefs d’entreprise de la République démocratique du Congo (ASSOFE) et Présidente de la plateforme d’entrepreneuriat féminin PEF/RDC.
La FCEM est une association non gouvernementale ayant un statut consultatif aux Nations Unies, au Conseil de l’Europe et auprès de l’Union Européenne, du CNUCED, de l’ONUDI, du PNUD, de l’OCDE ainsi qu’à l’Organisation Internationale au Travail. Fondée en France en 1945 par Yvonne Foinant, réunissant les femmes chefs d’entreprises du monde entier. Avec plus de 70 ans d’existence, son réseau s’étend sur plus de 120 pays, et compte plus de cinq millions d’entreprises sur les cinq continents. Présidée par la Française Marie-Christine Oghly, l’association défend les intérêts des femmes entrepreneurs auprès des gouvernements et des instances internationales publiques et privées.