Burkina Faso : la dynamique artisanale prend un coup

Avec plus de 25% de contribution au PIB et 30% des emplois, l’artisanat est un maillon essentiel de l’économie burkinabè. Après le report de sa biennale –grand rendez-vous des artisans d’Afrique et d’ailleurs, la dynamique sectorielle post-Covid fait les frais de la situation socio-politique.

Une semaine après le coup d’Etat du 30 septembre, le ministère du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises -contacté par La Tribune Afrique- assurait encore « maintenues » les dates de la seizième édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) prévu du 28 octobre au 6 novembre. Mais sans surprise la semaine dernière, cette grande messe africaine de l’artisanat a été « reportée à une date ultérieure », annonçait jeudi dernier Fidèle Ilboudo, secrétaire général chargé de l’expédition des affaires coutantes au ministère.

La colère des artisans quatre ans après la dernière édition

Si officiellement, le secteur est resté silencieux, en privé le mécontentement est palpable, tellement ce report est un véritable court-circuit à la dynamique post-Covid enclenchée pour cette rencontre business prisée et dont la dernière édition s’est tenue en 2018. « Les artisans ne sont pas du tout contents. Cela fait déjà deux éditions manquées, puisque celle de 2020 avait été annulée pour cause de Covid-19. Là on a une édition qui est reportée. Donc, on ne sait pas… », indique à LTA une source au sein de la profession.

Un nouveau gouvernement, condition pour avancer ?

Au ministère, on assure finalement que le maintien du SIAO aurait été difficile à gérer dans le contexte politique d’il y a trois semaines. « Les priorités ont été déportées sur la sécurité. Ramener l’agenda de le SIAO était compliqué. Mais dès que nous avons un nouveau gouvernement avec un ministre qui s’en occupe en plein temps, nous pourrons rapidement fixer une date », assure-t-on.

En effet, la désignation d’un ministre est importante pour faire avancer l’agenda du SIAO, puisque l’ancien ministre Abdoulaye Tall présidait le comité d’organisation du Salon. Il avait d’ailleurs investi dans la promotion de l’événement, avec des activités au sein de représentations diplomatiques comme début juillet à l’ambassade du Burkina Faso à Paris.

Avec le tissu emblématique Faso dan fani, la filière cuirs…, l’artisanat est un maillon essentiel de l’économie burkinabè, contribuant à plus de 25% du PIB. C’est aussi le deuxième pourvoyeur d’emplois après l’agriculture, occupant environ 30% de la population active. Récemment, l’Etat a voulu lui donner une certaine envergure en lançant en 2020 l’accord-cadre pour la commande publique qui veut que le gouvernement ait recours aux artisans pour certains travaux, comme la fourniture des table-bancs dans les écoles publiques. « C’est une initiative importante, parce que cela permet de générer d’importants revenus dans le secteur et de valoriser le travail de nos artisans », commente une source au ministère.

Alors que le président de la transition Ibrahim Traoré devrait procéder dans les prochaines à la nomination d’un nouveau gouvernement et que l’année 2022 tire peu à peu à sa fin, les artisans burkinabè et d’ailleurs -friands du célèbre SIAO- restent suspendus à l’orientation politique.

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