Les prix du cacao ont augmenté depuis l’année dernière, et la consommation aussi, depuis l’été 2021, mais cela ne veut pas dire pour autant que les producteurs gagnent plus pour l’instant.
+ 12 % en euros, et + 6 % en dollars. C’est l’augmentation moyenne à la Bourse de Londres et de New York du prix de la tonne de fèves sur l’année qui vient de s’écouler, de janvier 2021 à janvier 2022. Une hausse des contrats de marché à terme, c’est-à-dire pour une livraison plus tard dans l’année, influencée depuis plusieurs semaines par les perspectives d’une récolte moindre en Côte d’Ivoire, le premier producteur mondial.
Ces perspectives sont alimentées elles-mêmes par un ralentissement des arrivées de fèves dans les ports ivoiriens et par une baisse faramineuse des achats de fèves au Ghana à la date du 6 janvier (263 000 t contre 570 000 t enregistrées l’année dernière à la même date).
Des prix suspendus aux prochaines récoltes ivoiriennes et ghanéennes
Dans les semaines qui viennent, les nouvelles prévisions des compteurs de cabosses dans les plantations et le bilan des chiffres d’arrivées cumulées dans les différents ports d’exportation de fèves du continent (San Pedro, Abidjan, Tema, Douala) depuis le 1er octobre permettront de confirmer ou non l’hypothèse d’une récolte en baisse. Baisse qui inévitablement aurait l’effet bénéfique de continuer à faire remonter lentement les prix, jugés trop bas depuis plusieurs années par les producteurs.
L’autre moteur de cette hausse des cours, c’est la reprise de la consommation. Les chiffres annoncés pour les broyages de fèves en Europe la semaine dernière montrent un volume de broyage de fèves supérieur aux deux bonnes années 2018 et 2019. En préparation des fêtes de fin d’année et de Pâques, les industriels ont transformé plus de cacao au troisième trimestre et au quatrième. Il en est de même aux États-Unis ou l’Association des confiseurs américains annonce une forte reprise de la consommation.
Mais ces broyages jouent à la marge sur les prix. Il s’agit généralement de fèves achetées depuis longtemps et qui proviennent d’anciens contrats passés par les industriels. Seule l’augmentation des broyages sur la durée dans les mois qui viennent pourrait avoir un impact significatif dans la mesure où elle irait de pair avec de nouveaux achats de fèves.
Les producteurs profiteront-ils de cette hausse ?
La hausse progressive des cours ces derniers mois, ne devrait cependant pas profiter pour l’instant aux travailleurs des plantations : en Côte d’Ivoire, les prix d’achat au producteur prix bord-champ sont fixés, par semestre, et au Ghana l’autre géant du cacao, à l’année.
Peu d’espoir donc de voir une réévaluation en cours de récolte. D’autant qu’au Ghana, la relative « générosité » en septembre dernier des autorités laisse peu de marge à une nouvelle augmentation.
La rédaction