L’application de la réglementation de changes adoptée par la CEMAC en 2018 continue de faire grincer les dents dans les milieux d’affaires de la sous-région. Des démarches effectuées auprès des autorités monétaires nationales et de la Banque centrale n’ont donné aucun résultat tangible.
Les difficultés rencontrées par les investisseurs sont liées notamment à la collecte des justificatifs demandés par les banques aux entreprises sur les opérations sensées être apurées ; l’obtention de pièces justificatives émanant de diverses administrations, l’antériorité de certains dossiers de transferts déjà archivés ; l’absence de visibilité des entreprises sur les réels motifs de blocages de certains transferts, même après qu’elles ont fourni toutes les pièces justificatives aux banques.
Une situation qui crée des dysfonctionnements et des blocages des transferts de fonds et ralentissement l’activité, s’insurge l’Union des patronats d’Afrique centrale (UNIPACE). Les membres des patronats du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo et du Gabon réunis en session extraordinaire le 11 mai 2021, ont dénoncé la politique de deux poids deux mesures appliquée par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) dans l’application de ladite réglementation.
Leur réaction découle du fait que « les membres de l’UNIPACE notent que la Guinée équatoriale a pu obtenir de la BEAC, en date du 14 avril 2021, un sursis de six mois pour l’application de la mesure susmentionnée ». Raison pour laquelle, « ils sollicitent, compte tenu de la similitude des problèmes et dans un souci d’équité, que le sursis soit étendu aux autres pays de la sous-région ».
A en croire les patrons d’Afrique centrale, les difficultés liées à l’application de la réglementation de changes fait en sorte que « pour de nombreuses entreprises, le seuil de rupture sera atteint à la fin du mois de mai 2021. Ce qui expose la sous-région à un arrêt complet des activités économique dans certains secteurs importants dont l’industrie agro-alimentaire ».
Selon la BEAC, ce sont les banques commerciales qui alourdissent le circuit de transferts de fonds avec « une documentation excessive et parfois sans lien avec l’objet du paiement pour le règlement des opérations à destination de l’étranger ». Pour l’Institution d’émission monétaire, le blocage ne se trouve pas à son niveau, d’autant qu’une décision précise que « les documents d’apurement doivent être exigés à postériori, conformément à l’instruction n° 007/GR/2019 précisant les conditions et modalités de déclaration, domiciliation et de règlement des importations des biens et services ».
Les deux parties qui ne sont pas à leur premier bras de fer continuent de se rejeter la responsabilité.
Par Rodrigue Mbog Pibasso