En visite en Turquie, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est dit « prêt à garantir la sécurité des navires qui quittent les ports ukrainiens (…) en coopération avec » la Turquie. Son homologue turc a, lui, considéré que « lever les obstacles aux exportations russes est légitime ». Actuellement, entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées dans les ports de la mer Noire faisant planer le risque d’une crise alimentaire mondiale.
C’est une situation scrutée de près par le monde entier : celle des millions de tonnes de céréales bloquées dans les ports ukrainiens et qu’attendent de nombreux pays très dépendants de leurs importations. C’est particulièrement le cas de certains pays africains qui achetaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine ou de Russie, faisant planer le risque d’une crise alimentaire mondiale. « Actuellement, entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées et cet automne ce chiffre pourrait augmenter à 70-75 millions de tonnes », a alerté cette semaine le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Avant le début de l’offensive militaire russe, 90% des exportations de céréales et d’oléagineux transitaient par les ports ukrainiens de la mer noire, une voie désormais impraticable en raison d’un blocage de la marine russe. Par ailleurs, l’Ukraine était le quatrième pays exportateur mondial de blé et de maïs.
Coopération turque
Du côté occidental, plusieurs voix se sont élevées, dont celle du G7, pour tenter de convaincre la Russie de libérer les ports et des denrées qui s’y trouvent. Mais jusqu’alors, Moscou se montrait intraitable, conditionnant son aide pour faciliter le transit des matières premières à une levée des sanctions économiques prises par les occidentaux. L’Union européenne vient, en effet, d’adopter il y a peu un sixième paquet de sanctions qui comprend notamment un embargo sur le pétrole russe.
Pourtant, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est dit « prêt à garantir la sécurité des navires qui quittent les ports ukrainiens (…) en coopération avec nos collègues turcs », ce mercredi lors d’une conférence de presse avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu. Il est actuellement en visite en Turquie, à Ankara, où il est venu discuter de l’instauration de couloirs maritimes pour faciliter l’exportation de céréales.
A la demande des Nations unies, la Turquie a proposé son aide pour escorter ces convois depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées à proximité des côtes turques, dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine. Kiev refuse notamment de déminer le port d’Odessa pour permettre la reprise des exportations de céréales, car elle craint que les forces russes n’en profitent pour attaquer la ville, selon le porte-parole de l’administration de la région d’Odessa, Serguiï Bratchouk. Si l’Ukraine démine le principal port du pays, la Russie « voudra attaquer, elle rêve de parachuter des troupes », a-t-il déclaré dans un message vidéo sur Telegram.
« La flotte russe de la mer Noire fera semblant de se retirer vers la Crimée annexée. Mais dès qu’on déminera les accès au port d’Odessa, la flotte russe sera là », affirme-t-il. De son côté, Mevlut Cavusoglu a estimé que « le plan de l’Onu est raisonnable et réalisable » et que « l’Ukraine et la Russie devraient l’accepter ».
Levée des sanctions
Mais à nouveau, la levée des sanctions économiques à l’égard de la Russie s’est imposée comme condition à tout déblocage de la situation. « Si nous devons ouvrir le marché international ukrainien, nous pensons que lever les obstacles aux exportations russes est légitime », a ainsi déclaré le ministre turc qui a spécifiquement mentionné les exportations « de céréales et d’engrais ». Si celles-ci ne sont pas concernées par les sanctions occidentales à l’encontre de Moscou, elles sont, de fait, empêchées par la suspension des échanges bancaires et financiers.