Chine : perturbées par le Covid, les exportations marquent un sérieux coup de frein

Les exportations chinoises ont nettement ralenti en avril, tandis que les importations sont restées stables, alors que les mesures sanitaires face au COVID-19 ont provoqué l’interruption de la production dans des usines, perturbé les chaînes d’approvisionnement et entraîné une chute de la demande intérieure.

Coup de frein sur les exportations chinoises. Au moment où le confinement de Shanghai pénalise lourdement l’activité économique, la hausse de 3,9% des exportations de la Chine en avril marque un net ralentissement puisqu’il s’agit de la plus faible augmentation depuis juin 2000 (+0,5%). Le contraste est saisissant par rapport au mois d’avril au cours duquel elles avaient progressé de 14,7%. Les analystes anticipaient néanmoins un tassement plus prononcé avec une hausse de 3,2%. Face à la résurgence sans précédent de l’épidémie de coronavirus, Pékin a imposé de strictes mesures sanitaires, avec pour conséquences des goulots d’étranglement dans les ports et sur les autoroutes du pays, tandis que l’activité de dizaine de villes a été réduite, notamment le carrefour commercial Shanghai. La mise sous cloche de la métropole, qui se poursuit, pèse lourdement sur l’activité dans le pays et les chaînes d’approvisionnement mondiales, tandis que l’ombre d’un confinement plane également sur la capitale Pékin.

Les importations sont restées stables, affichant un léger mieux après leur recul de 0,1% en mars et battant le consensus qui ressortait à -3,0%. Un an plus tôt, les importations de la Chine avaient bondi de 43,1%, sur fond de rattrapage économique, après une quasi-paralysie de l’activité lors de la première vague épidémique début 2020.

La balance commerciale de la Chine a affiché un excédent de 51,12 milliards de dollars le mois dernier (48,6 milliards d’euros), alors que les analystes interrogés par Reuters anticipaient un excédent de 50,65 milliards de dollars. En mars, l’excédent chinois s’élevait à 47,38 milliards de dollars.

Pékin prévoit 5,5% de croissance en 2022

Pour relancer une croissance plombée par les restrictions sanitaires, la Chine multiplie les gestes de soutien à l’activité sans renier une stratégie anti-virus coûteuse. Menacé par une croissance atone, le pouvoir chinois a adressé fin avril un signal rassurant aux puissantes entreprises du numérique, malmenées depuis la brutale reprise en main du secteur fin 2020. Pour relâcher la pression sur l’économie, Pékin a en effet offert un répit au secteur technologique, en lui épargnant de nouvelles restrictions qui entravent son développement.

Pour soutenir la conjoncture, Pékin a également esquissé les contours d’un plan de grands travaux, au risque de multiplier les projets inutiles et de creuser son endettement. Mais la politique zéro Covid de la Chine, qui implique confinements et dépistages répétés de la population dès l’apparition de cas, se poursuivra en dépit d’un coût élevé pour l’économie, insiste le président Xi Jinping.

La capitale économique chinoise reste aujourd’hui coupée du monde, ce qui pénalise lourdement la croissance du géant asiatique. En mars déjà, la métropole technologique de Shenzhen (sud) avait été brièvement mise sous cloche, tandis que le nord-est du pays, berceau industriel et grenier à blé, a été confiné près de deux mois.  Ces mesures mettent en péril l’objectif de croissance de 5,5% fixé par Pékin, dans une année politiquement sensible qui devrait voir Xi Jinping être reconduit à la tête de la seconde économie mondiale. Nombre d’économistes doutent que le géant asiatique parvienne à son objectif, qui marquerait en Chine la plus faible croissance depuis 1990 hormis 2020, année initiale de la pandémie.

Face au fléchissement de sa croissance, Pékin compte par ailleurs soutenir PME et auto-entrepreneurs, ses principaux viviers d’emplois, avec des mesures fiscales et des réductions d’impôt. Le gouvernement envisage également des aides pour les travailleurs migrants sans emploi, particulièrement vulnérables aux aléas économiques.

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