Le conseil d’administration d’Orange qui se tient ce vendredi doit officialiser la nomination de Christel Heydemann au poste de directrice générale de l’opérateur télécom. Précédemment vice-présidente Europe de Schneider Electric, elle succède à Stéphane Richard qui a dû démissionner le 24 novembre dernier en raison de sa condamnation à un an de prison avec sursis dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais.
Bon nombre d’observateurs considèrent que sa nomination est très politique puisque Christel Heydemann a bénéficié du soutien de l’État.
Avec 23% de participation, l’État est le premier actionnaire d’Orange, l’un des plus gros groupes du CAC 40. Après deux mois de tractations, l’État a donc imposé aux administrateurs indépendants son choix…
Bruno Le Maire, qui voulait qu’à compétence égale, ce soit une femme qui dirige le groupe de télécom, a tranché en faveur de Christel Heydemann, 47 ans, mère de deux enfants, polytechnicienne et diplômée des Ponts et Chaussées. Patricia Chapelotte, directrice d’Hopscotch décideurs, cabinet d’études et de conseil, décrit une femme simple et accessible.
Malgré l’intervention de l’État qui a provoqué l’ire des membres du conseil d’administration, l’arrivée de Christel Heydemann est plutôt bien perçue au sein d’Orange, où elle a siégé au conseil d’administration pendant 4 ans. Avec un profil différent de celui de Stéphane Richard, Patricia Chapelotte, estime qu’elle a l’étoffe des grands capitaines d’industrie.
Après des débuts au Boston Consulting Group, elle intègre en 2009 Alcatel, où elle occupe des postes à responsabilité durant 15 ans. Ensuite, elle rejoint Schneider Electric pour devenir par la suite directrice générale Europe.
Cette grande brune sportive au parlé franc s’est vu confier au long de son parcours aussi bien des directions commerciales, stratégiques, que les ressources humaines. Un atout important pour le groupe Orange gravement secoué il y a quelques années par une vague de suicides.
À l’écoute de ses collaborateurs, elle est convaincue que le travail doit avoir du sens. Dans une interview, elle a d’ailleurs rendu hommage aux salariés de Schneider Electric qui, au plus fort de la crise sanitaire, se sont mobilisés pour sortir de leur spécialité et fabriquer des respirateurs de réanimation en partenariat avec Air Liquide, PSA et Valéo.
Après Engie et Veolia, Orange rejoint le cercle restreint des groupes du CAC 40 dirigés par une femme
Une belle victoire pour celle qui en 2012 est désignée Young Global Leader au Forum de Davos. Féministe, Christel Heydemann milite pour l’égalité salariale entre hommes et femmes et l’accession des femmes à des postes clés. Sa nomination à la tête d’Orange n’étonne pas ses anciens camarades de polytechnique.
Christel Heydemann, qui prendra ses fonctions le 1er avril, ne gouvernera pas seule. Comme le souhaitait le gouvernement, un président non exécutif doit prochainement être nommé.
La rédaction avec BILE CHARLES