Après l’annonce de l’investissement de 300 millions d’euros réalisé par la Banque Européenne d’investissement et l’Union européenne, le Cap-Vert voit certains secteurs être particulièrement soutenus à l’instar des infrastructures aéroportuaires, des énergies renouvelables ou du numérique. De quoi faire de l’archipel, une potentielle référence en Afrique de l’Ouest.
Pour l’occasion, des équipes de la Commission de l’Union européenne et de la Banque européenne d’investissement (BEI) ont fait le déplacement à Praia où elles ont signé un accord avec le gouvernement cap-verdien. Ainsi, les deux institutions ont-elles annoncé l’investissement de 300 millions d’euros pour soutenir le développement du pays. Cette enveloppe, déployée dans le cadre de l’initiative « Global Gateway » de l’UE, sera principalement injectée dans quatre secteurs à savoir les énergies renouvelables, les infrastructures aéroportuaires, l’économie bleue et le numérique. « Cet investissement permettra non seulement de moderniser d’importantes infrastructures, mais aussi de positionner le Cap-Vert comme un chef de file régional en matière d’énergie renouvelable et d’innovation numérique », a déclaré la Commissaire européenne aux Partenariats internationaux Jutta Urpilainen, soulignant que cela favorise l’ouverture vers « un avenir plus durable » pour le Cap-Vert et la région ouest-africaine.
Dévoilée à Bruxelles en décembre 2021 et détaillé deux mois plus tard à Dakar par la présidente de la Commission de l’UE, Ursula von Der Leyen, la nouvelle stratégie d’investissement de l’Union, baptisée « Global Gateway », prévoit un investissement de 300 milliards d’euros dans le monde en développement d’ici 2027 dont 50% sont dédiés uniquement au continent africain. Depuis lors, Bruxelles se déploie progressivement dans les pays avec l’appui de ses partenaires dont la BEI qui revendique par ailleurs 12 milliards d’euros d’investissements au cours des cinq dernières années, dont 8,44 milliards d’euros sur la seule année 2023 à travers l’Afrique. « Comme partenaire clé de l’initiative Global Gateway […], notre action en Afrique se traduit à travers nos financements et notre expertise sur des secteurs essentiels tels que l’innovation, l’économie numérique, les énergies renouvelables, l’eau, l’agriculture ou encore les transports », a déclaré Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI.
Praia comme hub technologique en Afrique de l’Ouest
Au Cap-vert, l’accent est mis sur la construction d’un ensemble de production, de réseau et de stockage d’électricité pour une période allant jusqu’en 2029, l’idée étant de contribuer à réduire drastiquement la dépendance aux combustibles fossiles. Il s’agira aussi de rénover et moderniser les ports stratégiques de l’archipel et de renouveler les installations numériques à travers le pays afin de créer de meilleures conditions pour le secteur privé en général et les PME en particulier.
Dans le domaine du numérique en particulier, l’archipel est considéré ces dernières années comme un potentiel hub sous-régional. Le pays s’est en effet distingué dans le domaine de la télémédecine, poussant notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à y braquer les projecteurs en 2019. Aujourd’hui, l’investissement de la BEI consiste à financer la mise en œuvre d’un nouveau système de câbles sous-marins de dernière génération reliant l’Europe et la côte ouest de l’Afrique. Il sera également question de remplacer le câble sous-marin à fibre optique interconnectant les îles du pays, afin de renforcer son efficacité. Pour le gouvernement, c’est la porte ouverte pour « positionner le Cabo Verde en tant que leader régional en technologie », comme l’a exprimé Olavo Avelino García Correia, vice-Premier ministre, ministre des Finances et du Développement des entreprises et ministre de l’Économie numérique.
Véritable offensive de l’UE pour tenter de faire le poids face à l’influence de la Chine en Afrique, le Global Gateway est aussi un forum annuel depuis octobre 2023 lors duquel Bruxelles rassemble les leaders du monde en développement pour les mobiliser autour de ses ambitions de financement et de soutien au développement des infrastructures matérielles et immatérielles. A cette occasion d’ailleurs, plusieurs pays tels que le Rwanda, la Somalie, la République démocratique du Congo (RDC), la Zambie, le Sénégal, la Tanzanie ou encore le Kenya ont été financés dans plusieurs domaines clés dont la transition verte et le numérique, deux secteurs dans lesquels la BEI est, elle aussi, très engagée, particulièrement à l’Ouest du continent.