Les gouvernements et les dirigeants réunis en Égypte en marge du sommet sur le climat, COP 27, affichaient un engouement marqué sur le sujet de la décarbonation de l’industrie maritime, qui représente plus de 80% du commerce mondial. Entre les hésitations et les désaccords sur les objectifs de réchauffement avec, en fin de sommet, un spectre de recul par rapport aux engagements de la COP21 de 2015, les enjeux de l’industrie du transport maritime n’ont pas trouvé de réponses concrètes.
Le transport maritime a été submergé par une vague de déclarations et d’engagements spécifiques au secteur lors de la COP 26, à Glasgow, mais l’action a été lente à suivre la rhétorique. Alors que la COP 27 se voudrait être une opportunité de traduire ces engagements en des plans de mise en œuvre tangible, le transport maritime s’inscrit à peine dans les plans de contribution nationaux examinés cette année (seulement 4 % font référence au transport maritime). Se concentrer uniquement et en silo sur la décarbonisation de l’industrie du transport maritime n’est pas seulement insuffisant, mais peut s’avérer incomplet si ces efforts ne sont pas intégrés aux plans nationaux de réduction d’émissions.
Des normes insuffisantes pour la protection des écosystèmes côtiers en Afrique
Dans le contexte africain, les infrastructures maritimes, notamment portuaires, se sont développées sans des normes efficaces de rétablissement du transit sédimentaire. En d’autres termes, de tous les 100 à 150 km de l’Angola à la Mauritanie, un port a été construit sans normes précises de prévention des risques d’érosion côtière et d’impact sur l’écosystème marin. C’est pourquoi les États en sont arrivés à l’urgence de projets de résilience des zones côtières, tels que le Programme de Gestion du Littoral Ouest Africain (WACA).
Les COP sont des plateformes pour présenter les objectifs politiques, mais également des forums pour créer des pactes. Les conclusions de Charm el-Cheikh auraient pu suggérer un dialogue plus substantiel et plus positif entre les gouvernements et l’industrie maritime, afin d’adopter une vision plus holistique de la collaboration nécessaire pour développer la technologie, les politiques et les performances maritimes, tout en protégeant l’environnement et en poursuivant les objectifs globaux de décarbonation.
Une faible reconnaissance de la place essentielle du transport maritime
L’industrie maritime méritait une meilleure prise en compte de son impact et de ses efforts de croissance durable et de réduction des émissions. Comme l’a révélé le récent rapport des champions de haut niveau des Nations Unies sur le changement climatique, l’industrie maritime est au moins » partiellement sur la bonne voie » en ce qui concerne la technologie, la politique et l’approvisionnement en carburants évolutifs à zéro émission. Néanmoins, malgré toutes les promesses de projets pilotes poursuivis par les compagnies maritimes, les projets de mise à l’échelle notent un retard remarquable et les progrès affichés risquent de s’arrêter complètement. Il s’agit également de positionner le transport maritime comme un facilitateur de projets, capable de contribuer à renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement et des communautés. Cela peut sembler plus nébuleux, mais l’approche cloisonnée poursuivie par les politiques visant à décarboniser le transport maritime en tant que secteur «difficile à réduire» risque de laisser le transport maritime en marge de cet effort planétaire.
Prochaine étape, le Comité de la protection du milieu marin de l’OMI
Cependant nous préférons plutôt voir le verre à moitié plein, puisque les résultats ne sont pas totalement décevants. En tant qu’expression de l’ambition et de l’aspiration des acteurs du transport maritime à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la COP 27 peut être considérée comme un succès retentissant. Reste à confirmer si l’élan de l’industrie sera maintenu et pourra se traduire par des avancées de l’Organisation Maritime Internationale au démarrage du Comité de la protection du milieu marin en décembre 2022. Vivement que cela soit le cas !
(*) Ministre de l’Economie maritime, de la pêche et de la protection côtière du Togo