Pour Hortense Koné, gérante d’une gargote à Abobo Belleville au nord d’Abidjan, régler ses factures d’eau de 12 750 francs CFA (soit 19,46 euros) et ses factures d’électricité de 9 400 francs CFA (soit 14,35 euros) relevait d’un casse-tête en juillet dernier.
Dans le contexte de l’atténuation de l’impact social de la pandémie de Covid-19, une décision du gouvernement ivoirien pour la prise en charge des factures d’eau et d’électricité pour les ménages relevant des tranches sociales, l’a finalement soulagée.
« Avec le confinement, le couvre-feu et l’interdiction d’ouverture des maquis, bars et boîtes de nuit, prise pour contrer le coronavirus, franchement, je n’avais plus de recettes. Donc, rien pour survivre dans cette situation. Je ne pouvais pas honorer mes factures d’eau et d’électricité », se souvient Hortense. « Quand l’État a annoncé sa décision de payer à ma place, il m’a enlevé une grosse épine du pied. »
Stanislas Kouassi est ébéniste à Attecoubé, dans le district d’Abidjan. Il dispose d’un compteur à rechargement par carte de cinq ampères. « Grâce au programme social mis en place pendant la pandémie, j’ai bénéficié d’une recharge de 5 000 francs CFA [7,6 euros), soit 63 kwh d‘énergie] », rappelle-t-il. « Cela m’a permis d’avoir l’électricité en continu durant deux mois. En général, je mets plutôt 2 000 francs CFA (1,5 euro) quand j’en ai les moyens. Là, cette aide m’a fait du bien ».
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Au début de la crise de coronavirus, relativement peu de personnes y croyaient vraiment dans les rues de la capitale économique ivoirienne et à l’intérieur du pays. Même le premier cas du virus, enregistré le 11 mars 2020, n’a pas entraîné un sursaut de vigilance sanitaire auprès des populations. Finalement, la multiplication des personnes infectées a contraint le gouvernement à décréter l’état d’urgence sanitaire avec la prise de mesures drastiques, notamment l’instauration d’un couvre-feu, l’isolation d’Abidjan de l’intérieur du pays, le port obligatoire du masque dans les véhicules de transport, l’interdiction d’occuper tous les sièges, et la fermeture des boîtes de nuit et des maquis.
Des mesures qui ont eu pour conséquences de bouleverser le quotidien des Ivoiriens. Les élèves et étudiants ont été poussés à des congés forcés, quand les travailleurs ont été invités, soit à un travail à domicile soit à un travail à mi-temps. L’outil de production pour les grandes entreprises ainsi que les petites et moyennes entreprises ne tournait plus à plein régime. Quand le poids des charges est devenu inquiétant, l’État est intervenu.
Commerçant et demi-grossiste de riz dans la même commune d’Attecoubé, Amara Kanté redoutait la taxe forfaitaire de 12 000 FCFA (18,32 euros) en raison du ralentissement de ses activités dû à la crise de Covid-19. « Mon inquiétude était de savoir comment assurer les charges fiscales et salariales de mes deux employés et autres dépenses alors que les commandes avaient fortement baissé. L’aide de l’État était salutaire…mais je pense qu’il peut encore faire plus », commente Amara.
En Côte d’Ivoire, Hortense, Stanislas et Amara comptent parmi les nombreux bénéficiaires du programme social mis en œuvre par le gouvernement pour faire face aux effets de la crise sanitaire et renforcer la résilience de son économie. Le pays a ainsi bénéficié du soutien financier de la Banque africaine de développement, dont le Conseil d’administration avait approuvé, le 8 juin 2020, un prêt de 75 millions d’euros (environ 49,12 milliards FCFA). Ce prêt est sous forme d’appui budgétaire, dans le cadre du programme d’appui à la riposte contre le Covid-19.
« L’appui budgétaire a été entièrement décaissé en août 2020 et a contribué à contrôler l’expansion de la pandémie par la mise en œuvre effective de la riposte sanitaire. Les effets sociaux-économiques ont été atténués par l’opérationnalisation de divers fonds d’appui aux ménages défavorisés et au secteur privé », confirme Amadou Ibrahim, responsable principal de la gouvernance à la Banque africaine de développement et en charge du projet.
Un des principaux objectifs de ce programme a consisté à étendre les transferts monétaires vers 117 180 nouveaux ménages vulnérables à hauteur de 75 000 FCFA (environ 114 euros) chacun. Ça sert aussi à prendre en charge les factures d’eau et d’électricité d’un million de ménages, soit 40% des abonnés à l’électricité, et de nourrir deux millions d’enfants avec des rations alimentaires sèches jusqu’à la fin de 2020.
L’objectif de développement du programme soutenu par la Banque africaine de développement était de favoriser les conditions d’une reprise économique rapide après la crise sanitaire. Ça se fera par le maintien de l’outil de production d’au moins 90% des petites et moyennes entreprises du pays et l’allègement d’impôts et taxes pour 3 500 entreprises.
L’État de la Côte d’Ivoire a ainsi suspendu, pour trois mois, les impôts sur les bénéfices, le paiement de la patente, l’impôt synthétique du contribuable, la contribution des employeurs, les taxes forfaitaires des petits commerçants et artisans, les impôts sur les revenus de créances et les impôts dans le secteur du tourisme-hôtellerie.
De même, les contrôles généraux de comptabilité, les contrôles sur pièce des services fiscaux et douaniers et ceux inopinés et ponctuels ont été suspendus pour trois mois tant au titre fiscal que douanier. Pour les entreprises confrontées à des difficultés de trésorerie ou à des dépenses liées au coronavirus, les charges supportées pendant la période devraient être déduites de leurs impôts sur les bénéfices.
Sur le plan sanitaire, pour juguler la pandémie, la Côte d’Ivoire a ouvert 13 sites de dépistage dans les principales communes d’Abidjan. Les autorités compétentes ont sensibilisé les populations à la distanciation physique. Les capacités d’hospitalisation ont été augmentées de 600 lits. Après une baisse des cas d’infection vers la fin de l’année 2020, les cas de coronavirus sont repartis à la hausse au début de l’année 2021. Un contexte dans lequel, le pays a lancé sa campagne de vaccination contre le Covid-19, au début du mois d’avril, après avoir reçu les premières doses du vaccin. Les militaires, le personnel soignant ainsi que les personnes de 18 ans et plus sont les concernés.
Rassurant la population, Patrick Achi, alors secrétaire général du gouvernement et maintenant premier ministre, a dit : « Aujourd’hui, je me vaccine contre la Covid-19. C’est très rapide. C’est se protéger et protéger les nôtres. C’est protéger la Côte d’Ivoire et nous permettre de revivre comme avant. Le vaccin sera disponible pour tous ceux qui en ont besoin. » M. Achi a parlé à la télévision nationale, lors de la prise de sa première dose de vaccin.
Le 13 avril 2021, la Côte d’Ivoire avait enregistré 45 227 cas de contamination confirmés au Covid-19,44 683 personnes étant guéries, 268 décédées.
Par la rédaction