La Banque mondiale exhorte la Côte d’Ivoire à améliorer sa politique de concurrence, un levier, pour maintenir sa nouvelle « dynamique de forte croissance », selon un rapport publié ce 10 mars 2022 à Abidjan.
Dans ce rapport intitulé Maintenir la dynamique de croissance, Mémorandum Economique de la Côte d’Ivoire (CEM), la Banque mondiale note que « l’économie ivoirienne a été durement secouée par la crise de la Covid-19 mais elle n’a pas abdiqué ».
« Mieux, la Côte d’Ivoire est à nouveau sur une dynamique de forte croissance qu’elle pourrait maintenir à moyen et long terme si elle améliore sa productivité agricole, sa politique de concurrence et renforce son cadre règlementaire pour les rendre plus favorables au développement du secteur privé, tout en diversifiant ses exportations ».
Le plan de riposte économique et sanitaire du pays, combinés à la résilience de son économie, a permis de contenir l’effet de la pandémie de Covid-19 avec un taux de croissance économique positive d’environ 2% en 2020 et 6,5% en 2021″.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, dans son message du nouvel an, a déclaré que « cette dynamique se poursuivra en 2022 avec un taux de croissance projeté à environ 7% », profitant pour saluer les efforts du gouvernement ainsi que l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre la Covid-19.
Ce rapport vise notamment à soutenir les décideurs politiques ivoiriens dans leurs efforts à maintenir la croissance à des niveaux élevés et à rendre l’économie plus inclusive au cours des dix prochaines années.
C’est le deuxième mémorandum économique sur le pays depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011. Il encourage les autorités à placer l’amélioration de la productivité des secteurs clés de l’économie ivoirienne au centre de la future stratégie de croissance de la Côte d’Ivoire.
Et ce, par la mise en place d’une politique de concurrence et d’un cadre réglementaire adéquats garantissant un bon fonctionnement des marchés, souligne le rapport de la Banque mondiale.
« La Côte d’Ivoire a un potentiel énorme de création d’entreprises et de développement d’un secteur privé robuste. Il est important que le pays s’inscrive dans la dynamique des économies émergentes en mettant en place une politique de concurrence qui réponde à ses objectifs de croissance », a déclaré Coralie Gevers, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo.
Cette politique de concurrence doit être « plus inclusive tirée par le secteur privé pour la création de meilleurs emplois et le développement du capital humain » en Côte d’Ivoire, a ajouté Mme Coralie Gevers.
Le rapport mentionne que la réglementation de la concurrence pourrait engendrer des marchés plus efficients, une amélioration du bien-être du consommateur, des prix plus accessibles, et la mise sur le marché de biens et services de meilleure qualité.
Ce qui suppose une facilitation de l’entrée sur le marché de nouvelles entreprises, le recul des pratiques anticoncurrentielles, et la promotion de règles de jeu équitables, poursuit le texte.
Un des arguments mis en exergue par ce rapport est de placer l’augmentation de la productivité au cœur de la stratégie de croissance. Cela pourrait fortement contribuer à l’excellente performance économique amorcé depuis 2012.
« En y regardant de plus près, on observe que la productivité actuelle du travail reste inférieure aux niveaux enregistrés en Côte d’Ivoire dans les années 1970, et la croissance de la productivité a même légèrement baissé depuis 2015 », a fait observer Nathalie Picarelli, économiste principale a la Banque mondiale, auteure du mémorandum économique sur la Côte d’Ivoire.
En outre, la croissance économique du pays « est beaucoup plus faible que celle observée dans les pays pairs – à savoir d’autres économies émergentes – en dehors de l’Afrique subsaharienne », a relevé Nathalie Picarelli.
Par ailleurs, ce Mémorandum économique de la Côte d’Ivoire préconise d’examiner les pouvoirs régionaux et nationaux afin de déléguer davantage de pouvoirs aux commissions nationales, de réviser les cadres juridiques pour faciliter la concurrence.
Le rapport recommande le renforcement des règlementations sectorielles, notamment dans les télécommunications et le transport, deux secteurs qui devraient connaître de fortes croissances au cours des prochaines années : 8 à 9% par an pour les transports et près de 7% pour les télécommunications.
Le mémorandum se veut une étude diagnostique réalisée à intervalle de 5 ou 10 ans, qui analyse le développement économique et les perspectives de croissance de tous les pays d’intervention de la Banque mondiale.
Elle identifie les contraintes structurelles à la croissance et propose des options de réformes pour les secteurs économiques clés, en consultation avec le gouvernement, le secteur privé, la société civile, etc.