Depuis son arrestation le 7 novembre, alors qu’il tentait de gagner son fief de Bangouanou dans l’est du pays, Pascal Affi Nguessan est particulièrement ciblé par le pouvoir ivoirien. Contrairement à d’autres opposants détenus à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), le porte-parole de l’opposition et du Conseil national de Transition (CNT) a été transféré dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST) dans la capitale économique.
Nonobstant une mise en scène à travers la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux tendant à prouver qu’il était bien traité, l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo a été mis à l’isolement sans accès à la lumière du jour. Selon des informations exclusives , il a été transféré, le 9 novembre, dans un autre site situé dans le quartier Cocody. Pascal Affi Nguessan est privé de téléphone et ses contacts sont réduits au strict minimum. Il reçoit la visite de son épouse et de ses avocats. Il a par ailleurs pu être ausculté, à sa demande, par son médecin personnel. Son état de santé, hormis une grande fatigue, ne soulève pas d’inquiétude à ce stade.
Les pressions se jouent principalement sur le terrain judiciaire. Auditionné par une juge d’instruction, en l’occurrence Josiane Essien, l’opposant est sous la menace de plusieurs chefs d’inculpation parmi lesquels une atteinte à la sûreté de l’Etat. Président du CNT et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié a exigé la libération de tous les prisonniers politiques arrêtés au lendemain du scrutin présidentiel du 31 octobre, singulièrement celle de Pascal AffiNguessan, avant d’envisager l’ouverture de négociations avec le régime ivoirien. Une «condition» que ce dernier n’est pour l’heure pas disposé à concéder d’où l’interruption des pourparlers dont le principe avait pourtant été acté, le 11 novembre, lors de la rencontre entre l’ancien chef de l’Etat et Alassane Ouattara.
AB Morgan