E-commerce : quand le statut et les conditions de travail peinent à trouver le modèle adéquat

 Avec le développement du commerce électronique, de nouveaux métiers sont apparus et ne cessent de progresser : chauffeurs VTC, livreurs à vélo, agents dans les entrepôts pour emballer les colis à distribuer. Des métiers au statut flottant, et dont les conditions de travail sont souvent difficiles voire dangereuses. Quel modèle choisir face à ces nouveaux travailleurs des temps modernes ? Quelle juridiction appliquer ? Comment mieux les protéger ? Les solutions sont loin d’avoir été trouvées. Décryptage

Mardi 11 janvier, un livreur à vélo, Delivroo, âgé de 16 ans, est mort à Lille, écrasé par un camion. L’adolescent était en dessous de l’âge légal pour travailler officiellement dans cette entreprise. Un accident dramatique qui met en lumière, une fois de plus, les difficiles conditions de travail de ces nouveaux actifs qui exercent pour des plateformes de livraison.

En France, ils seraient, comme lui, entre 55.000 chauffeurs de VTC et 60.000 livreurs à vélo. Et surtout, leur nombre ne cesse d’augmenter : avec la pandémie, la livraison à domicile a connu une progression spectaculaire. Selon une étude du Crédoc de mai 2020, 20% des Français se font livrer des repas à domicile, c’est même 35% à Paris et dans les grandes métropoles. Et pour Pascale Hebel, directrice du pôle consommation et Entreprise du Crédoc, « il ne saurait y avoir de retour en arrière, le mouvement est enclenché et va continuer à s’installer.»

Malgré la précarité, la volonté de rester indépendants

Malgré la hausse de la demande, les façons d’exercer ce métier restent toutefois très précaires. « C’est la mine moderne », résume Jonathan Cadot, avocat spécialisé en droit social, chez Lepany & Associés, qui connaît bien le secteur. Horaires à rallonge, faible rémunération, manque de reconnaissance, risques d’accidents : c’est le lot commun de ces travailleurs du XXIème siècle qui ne sont pas salariés mais indépendants. Ils se connectent à des plateformes en ligne qui leur fournissent une course à effectuer, et tirent une rémunération de cette livraison, quand la plateforme se rémunère au passage.

Pour Fabian Tosolini, chargé de mission à Union indépendant, organisation filiale de la CFDT qui défend ces actifs, pour s’en sortir, les chauffeurs et livreurs n’ont pas d’autres solutions que d’accepter d’enchaîner les heures : « Ce qui n’est pas sans poser de problèmes, en termes de sécurité, pour eux, mais aussi pour les voyageurs ou les biens qu’ils transportent ». Et pour cause, on est souvent loin des 48 heures hebdomadaires maximum pour les salariés, dictées par le droit européen. On s’approche souvent du double.

Il n’empêche, de nombreux livreurs refusent de basculer dans le salariat, statut pourtant plus protecteur. A l’instar de Tarek, 30 ans, livreur à Marseille, qui tient absolument à rester indépendant et qui office pour de nombreuses plateformes, comme Uber Eats, ou Delivroo :

« J’aime la relation avec le client, mais surtout la liberté de ce métier. Je choisis quand je travaille, quand je me connecte, si j’étais salarié ce ne serait pas possible. »

Tarek a fait son calcul : il peut gagner par jour, entre 80 et 130 euros, avec des plages.

Par la rédaction

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