Erdogan persiste et signe : pour lutter contre l’inflation…, il continuera de baisser les taux

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi vouloir abaisser de nouveau les taux d’intérêt alors que l’inflation en Turquie a atteint 73,5% sur an en mai.

Pour lutter contre l’inflation, le remède est connu : il faut augmenter les taux d’intérêt pour freiner la consommation et faire baisser les prix. Avec le risque, en cas de hausse trop violente des taux, de casser la croissance et de impacter l’emploi. Ce schéma vieux comme Hérode, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne le suit pas. Alors que l’inflation en Turquie a atteint 73,5% sur an en mai, il a annoncé ce lundi vouloir abaisser de nouveau les taux d’intérêt.

« Que personne n’attende cela de nous. Ce gouvernement n’augmentera pas les taux d’intérêt. Au contraire, nous allons continuer de les baisser », a affirmé le chef de l’Etat turc lors d’une conférence de presse à la suite d’une réunion avec son cabinet.

Déjà en 2021, il avait contraint la banque centrale à abaisser son taux directeur de 19% à 14%, entre septembre et décembre, provoquant l’effondrement de la monnaie nationale. La livre turque a perdu plus de 47,79% de sa valeur sur un an. Récemment, la banque centrale turque a refusé de relever son taux directeur pour tenter de juguler l’inflation et l’a maintenu à 14%.

« Pas de problème d’inflation mais… de cherté de la vie »

Poussée par l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation, l’inflation en Turquie est au plus haut depuis décembre 1998. La hausse des prix à la consommation a cependant ralenti en mai, comparé à la progression constatée en avril, où l’inflation avait bondi de 61 à 70%. Les champions de l’envolée des prix sont le transport (+107,62% sur un an en mai) et les produits alimentaires (+91,63%).

L’inflation est au cœur des débats en Turquie, à un an de l’élection présidentielle, prévue en juin 2023, l’opposition et nombre d’économistes accusant l’Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment et largement son ampleur.

Des économistes turcs indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag) affirment vendredi matin que l’inflation atteint en réalité 160,76 % sur un an, plus de deux fois le taux officiel.

« Nous n’avons pas de problème d’inflation. Mais un problème de cherté de la vie », a affirmé le chef de l’État turc.

Par la rédaction

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