États-Unis, G7 et UE vont bannir la Russie des « partenaires commerciaux privilégiés »

hand presses on world map with digital tablet,Industrial Container Cargo freight ship with working crane bridge in shipyard at dusk for Logistic Import Export background (Elements of this image furnished by NASA)

Alors que le président des États-Unis s’apprête à annoncer une nouvelle sanction économique contre la Russie en riposte à l’invasion de l’Ukraine visant à rehausser significativement les tarifs douaniers des exportations russes, le président russe fait une déclaration inattendue qui a fait rebondir positivement les marchés boursiers.

Isoler encore plus la Russie et accélérer la chute de son économie pour obliger Vladimir Poutine à renoncer à son offensive militaire contre l’Ukraine, telle est la motivation du président des États-Unis qui devrait cet après-midi exclure la Russie du régime normal des relations commerciales mondiales en la privant de son statut de « nation la plus favorisée ». Selon Reuters, le président américain Joe Biden devrait en faire l’annonce à 10h15 depuis la Maison blanche (soit à 16h15, heure de Paris, ou 15h15 GMT)

Priver la Russie de ce statut de partenaire commercial privilégié ouvre la voie à une augmentation significative des taxes douanières sur de nombreux produits russes.

Cette nouvelle sanction, qui viendrait s’ajouter aux sanctions sans précédent et radicales déjà été imposées aux banques et aux élites russes, ainsi qu’aux contrôles à l’exportation sur tout un ensemble de technologies, va accentuer la pression sur une économie russe dont le Fonds monétaire international (FMI) prédit d’ores et déjà qu’elle entrera dans une « profonde récession » cette année.

Les alliés du G7 et l’Union européenne devraient faire de même

Mais les Etats-Unis ne seront pas seuls: tous leurs alliés du G7 et l’ensemble des pays de l’Union européenne devraient faire de même ce vendredi en retirant à la Russie son statut de partenaire commercial privilégié afin, eux aussi, de faire pression sur le président russe afin qu’il mette fin à l’invasion de l’Ukraine débutée le 24 février, une agression territoriale d’une ampleur jamais vue en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Selon Reuters, chaque pays doit mettre en oeuvre le changement de statut commercial de la Russie via ses propres procédures nationales.

La Russie exporte beaucoup vers les Etats-Unis que l’inverse

Cette décision ouvrira la voie à des droits de douane sur un éventail de produits russes : les principales importations en provenance de Russie comprennent les hydrocarbures, les métaux et pierres précieux, le fer et l’acier, les engrais et les produits chimiques.

En 2019, la Russie était le 26e partenaire commercial des États-Unis en matière de commerce de marchandises, avec quelque 28 milliards de dollars échangés entre les deux pays, selon le bureau du représentant américain au commerce.

La Russie est beaucoup plus dépendante des Etats-Unis que l’inverse. Les exportations russes vers les Etats-Unis représentent quelque 14,4 milliards de dollars, tandis que les exportations américaines vers la Russie sont de 9,2 milliards selon le site de l’Observatoire de la complexité économique (OEC, pour The Observatory of Economic Complexity), un site émanant du MIT Media Lab et centré sur la visualisation des données du commerce international. Mais le principal partenaire commercial de la Russie, reste loin devant, la Chine.

Au Congrès, l’union sacrée des démocrates et des républicains

Selon les lois américaines, retirer à la Russie son statut de partenaire commercial « normal » doit faire l’objet d’un vote au Congrès, mais les parlementaires, démocrates comme républicains, ont déjà exprimé leur soutien à une telle démarche, selon deux représentants américains.

Pour rappel, mardi dernier, c’est le Congrès des États-Unis qui a pressé le président Joe Biden de décréter l’embargo sur le pétrole russe, son quatrième fournisseur.

Pourtant, même si, dans la foulée, le Royaume-Uni a décidé d’arrêter d’ici à fin 2022 les importations de brut et produits pétroliers russes, cette mesure ne devrait pas être suivie immédiatement par l’ensemble de l’Union européenne, globalement encore très dépendante des hydrocarbures russes. L’approvisionnement en gaz et en pétrole de l’UE, par exemple, dépendent respectivement à 43,6 % et 48,4% de la Russie, alors que s’agissant des États-Unis, les hydrocarbures d’origine russe concernent 8% des importations américaines et 4% de la consommation de produits pétroliers.

Une déclaration inattendue de Poutine vue comme un geste d’apaisement

Juste avant la prise de parole du président américain, le président russe fait une déclaration en ce début d’après-midi, aussitôt considérée comme une volonté d’apaisement par les marchés boursiers qui rebondissaient vendredi au seizième jour du conflit russo-ukrainien.

Le président russe Vladimir Poutine a dit en effet ce vendredi voir « des avancées positives » dans les pourparlers avec l’Ukraine, à l’occasion d’une rencontre avec son allié bélarusse Alexandre Loukachenko.

« Je vais vous informer (…) de comment se passent les négociations, qui ont lieu presque tous les jours désormais. Il y a certaines avancées positives », a-t-il dit, sans donner d’autres précisions.

Trois tours de pourparlers ont eu lieu au Bélarus depuis l’entrée en Ukraine de dizaines de milliers de soldats russes. Ils étaient essentiellement focalisés sur la création de couloirs humanitaires pour les civils.

Jeudi, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères se sont rencontrés pour la première fois depuis le début de l’offensive russe. Mais pour l’heure aucune avancée n’a été annoncée en vue d’un cessez-le-feu.

Le président russe a à plusieurs reprises insisté ces derniers jours sur le fait que les combats s’arrêteront quand l’Ukraine et l’Occident cèderont à ses exigences, notamment la neutralité et la « démilitarisation » de son voisin occidental, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté russe sur la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

(avec Reuters et AFP)

Challenges Radio

Read Previous

L’UE se donne cinq ans pour se passer de la totalité du gaz et du pétrole russe

Read Next

L’UE veut devenir indépendante des combustibles russes d’ici 2027

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.