Guerre en Ukraine : l’Iran se positionne en fournisseur de gaz de l’Europe

En pleine guerre en Ukraine, et alors que le pays est toujours soumis à des sanctions, l’Iran cherche à revenir dans le jeu commercial à travers de nouveaux contrats d’exportations de gaz vers l’Europe. Il est aussi en pleine renégociation avec les Occidentaux pour l’encadrement de son programme nucléaire.

Dans le grand chamboulement des alliances stratégiques créées par la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie, l’Iran entend bien jouer sa carte. Alors que le pays est soumis à un régime de sanctions par les Etats-Unis depuis que Donald Trump a dénoncé l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, la république islamique entend revenir dans le jeu des exportations de gaz. Et de se présenter comme une alternative aux Européens qui cherchent à couper les livraisons de son ex premier partenaire énergétique, la Russie. Dès lors, l’Iran étudie la possibilité d’exporter du gaz vers l’Europe, a déclaré dimanche un responsable du ministère du Pétrole.

« L’Iran étudie ce sujet mais nous ne sommes pas encore parvenus à une conclusion », a déclaré le vice-ministre du Pétrole Majid Chegeni, cité par l’agence de presse officielle du ministère, Shana.

« L’Iran cherche toujours à développer la diplomatie énergétique et à élargir le marché », a-t-il ajouté.

Un début d’approche commerciale à peine voilée, tandis que les industries énergétiques du pays, qui possèdent parmi les plus grandes réserves prouvées de gaz au monde, sont frappées par des sanctions américaines et se sont vues encadrer le programme nucléaire.

Sur le gaz, l’Iran a produit 250,8 milliards de m3 en 2020, selon le BP Statistical Review of world energy 2021, ce qui le place au troisième rang mondial des pays producteurs de gaz, après les Etats-Unis et la Russie.

Et depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, les prix du pétrole et du gaz ont flambé.

Un retour insuffisant

La situation s’est aggravée mercredi lorsque Kiev a déclaré que la Russie avait interrompu les livraisons de gaz via un centre de transit clé dans l’est de l’Ukraine. L’année dernière, l’UE a reçu environ 155 milliards de mètres cubes de gaz russe, soit 45% de ses importations de ce combustible fossile.

Mais le retour de l’Iran sur les marchés pétrolier et gazier ne compenserait que partiellement les importations européennes d’hydrocarbures russes

« L’Iran pourrait être une autre source d’approvisionnement supplémentaire substantielle (de pétrole) si les sanctions sont levées, mais son retour sur le marché ne serait pas immédiat »indiquent encore les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

D’autant que la majeure partie de sa production sert à la consommation locale. Le pays n’échappe d’ailleurs pas à l’inflation et la raréfaction de certaines denrées, provoquée par la guerre en Ukraine. Des centaines de personnes sont descendues dans plusieurs villes pour manifester contre la décision des autorités d’augmenter les prix de denrées de base, a rapporté vendredi l’agence de presse officielle Irna.

La majorité du gaz de l’Iran provient d’un immense champ gazier off-shore, South Pars, situé dans le golfe Persique. Même si les sanctions sont levées, l’Iran ne pourra donc pas fournir une alternative sinon marginale aux exportations russes vers l’Europe.

Enfin, l’Iran est en pleine renégociation de l’accord sur l’encadrement de son programme nucléaire avec les Occidentaux. Les négociations lancées il y a un an à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances visent à sauver le texte de 2015 censé encadrer le programme iranien, moribond depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis qui ont réimposé des sanctions étouffantes à l’Iran, entraînant en riposte son désengagement progressif de l’accord.

Source la Tribune

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