Guinée: Alpha Condé accuse le Sénégal de Macky Sall

Si l’horizon semblait s’éclaircir avec une rencontre en janvier dernier entre Alpha Condé et Macky Sall, au Ghana à l’occasion de l’investiture de Nana Akufo-Addo et à travers des rencontres d’échanges entre diplomates guinéens et sénégalais à Conakry, Alpha Condé vient de refroidir les espoirs de dégel des relations entre la Guinée et le Sénégal en rajoutant une couche sur ses accusations répétées contre le Sénégal.

Fermées depuis six (6) mois, les frontières entre les deux pays ne rouvriront pas de sitôt si l’on en croit la position du président guinéen sur la question. Ce dimanche 28 mars, Alpha Condé a, en substance, déclaré que le Sénégal servait de base arrière de déstabilisation de la Guinée.

« Ceux qui voulaient que la Guinée brûle, nous tous voyons ce qui se passe chez eux. Ce qui veut dire que Dieu ne dort pas. Moi, je ne me querelle avec personne, pas un seul jour depuis que j’ai été élu président, aucun opposant n’est venu à Conakry pour diffamer le gouvernement. Ça, je ne l’accepte pas.  Mais tout le monde sait, tous ceux qui nous insultent, tous ces cris de  » la Guinée va brûler”, tout se fait à Dakar. Tout le monde le sait, mais Dieu est là », a de façon explicite et sans détour accusé Alpha Condé.

Avant de sortir une autre promesse « hors-sol », au vu de la situation de paupérisation et du chômage en Guinée, renforcée par la crise sanitaire de la Covid-19 et plus récemment par la résurgence du virus Ébola : « Je suis sûr que la Guinée commencera à aller de l’avant, je l’ai dit….d’ici quelques années, seul le Nigeria sera devant nous en Afrique de l’Ouest. Cela ne plaît pas à nombreux de nos voisins car ils veulent que la Guinée reste toujours derrière mais nous irons de l’avant.. », a taclé Alpha Condé avec une allusion à peine voilà à Macky Sall, qui lui avait opposé une fin de non-recevoir à sa proposition de patrouilles mixtes à la frontière guinéo-sénégalaise à la veille de l’élection présidentielle d’octobre dernier qui l’a vu rempiler pour un « sanglant » troisième mandat. Depuis, c’est un « blocus » qui règne aux frontières avec le Sénégal et la Guinée Bissau. Sur les trois pays concernés par ce « blocus », seules les frontières avec la Sierra Leone ont été rouvertes en février dernier après quatre (4) mois de fermeture grâce à une diplomatie conciliante des autorités sierra léonaises dont le vice-président avait été nommément accusé par Alpha Condé de « recruter des mercenaires » pour participer à un complot visant à déstabiliser la Guinée au profit de Cellou Dalein Diallo, son rival et principal opposant.

Les rivalités politiques Guinée-Sénégal ont la vie dure

Comme nous l’évoquions dans une précédente tribune, l’opposition Alpha Condé et Macky Sall sur la question de la fermeture des frontières est en réalité un prétexte qui cache mal l’opposition politique, idéologique et de fonctionnement entre deux chefs d’État et dont les ramifications trouvent leurs sources dans la politique intérieure de la Guinée prônée par Alpha Condé, entre autres. La même tension de suspicion règne entre Alpha Condé et Umaru Emballo, le président de la Guinée Bissau dont les frontières sont également fermées avec la Guinée sur décision du président guinéen.

Plus globalement, l’opposition historique entre « Politiques » guinéens et sénégalais remonte à la tumultueuse rivalité pré et post-indépendance opposant Sékou Touré et Léopold Sedar Senghor alors députés à l’Assemblée nationale de l’empire colonial français. Bref, c’est l’histoire de deux peuples voisins dont les dirigeants font tout pour opposer alors qu’en réalité, tout les rapproche tant dans la proximité que sur le plan sociologique. Le Sénégal, pays de la stabilité en Afrique de l’ouest a toujours été une terre hospitalière pour des milliers de Guinéens fuyant la persécution ou la dictature en Guinée, même au plus fort de la crise opposant politiques Guinéens et Sénégalais.

Le dialogue étant au point mort, la CEDEAO devrait s’impliquer pour lever les différents opposants les deux chefs d’État car il est évident qu’il s’agit de questions politiques et personnelles.

Alliou Mamadou Diallo

Challenges Radio

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