Dans l’attente d’un nouveau train de sanctions pour faire plier la Russie de Vladimir Poutine en guerre en Ukraine, les pays de l’Union européenne communiquent sur les biens russes gelés ou immobilisés. Mais au regard des achats d’hydrocarbures réalisés sur un mois, les montants retenus ne semblent pas insurmontables pour les oligarques visés.
On connaissait le montant des actifs russes et biélorusses bloqués par l’Union européenne (à hauteur de 30 milliards d’euros). C’est au tour du ministère de l’Economie en France de communiquer sur 23,7 milliards d’euros d’actifs russes bloqués dans l’Hexagone.
En premier lieu, cette liste actualisée inclut 22,8 milliards d’euros qui ont été bloqués sur les comptes français de la Banque centrale de Russie, confirmant un article du journal Le Parisien. S’y ajoutent 178 millions d’euros d’avoirs bancaires divers, détaille le ministère.
Ensuite, il s’agit de biens immobiliers pour une valeur d’acquisition de 573,6 millions, suite à la guerre en Ukraine, a-t-on appris mardi auprès du ministère français de l’Economie et des Finances. Les autorités françaises ont mis la main sur 33 biens immobiliers, dont 19 SCI (Société civile immobilière). Une dizaine de biens supplémentaires devraient prochainement s’ajouter à la liste, pour une valorisation totale qui flirtera avec les 24 milliards d’euros.
Des prises symboliques
La France a également immobilisé quatre cargos, quatre yachts, dont le dernier mardi à Marseille, pour une valeur supérieure à 125,2 millions d’euros; six hélicoptères pour une valeur supérieure à 60 millions d’euros; et pour 7 millions d’euros d’oeuvres d’art.
L’immobilisation des biens revient à ce que leurs propriétaires ne puissent « plus en avoir l’usage, les revendre ou les monétiser », avait précisé dimanche le ministre français des Finances Bruno Le Maire.
Chaque pays avance les chiffres de sa riposte financière et matérielle. Les Pays-Bas ont annoncé avoir immobilisé 20 yachts dans des chantiers navals sur son territoire. Les autorités douanières néerlandaises avaient déjà communiqué mercredi sur l’immobilisation de 14 yachts. La plupart de ces navires de luxe sont en construction, deux sont en stockage et quatre en maintenance.
En Espagne, le yacht d’un oligarque proche de Vladimir Poutine, visé par des sanctions américaines, a été saisi lundi dans l’archipel des Baléares à la demande des Etats-Unis, ont annoncé lundi les autorités espagnoles et américaines.
En France, le milliardaire russe Roman Abramovich, propriétaire du club londonien de Chelsea, figure en bonne place sur la liste des oligarques ciblés, avec une dizaine de propriétés, dont le Château de Croë, à Antibes, ou la Villa Gouverneur, à Saint-Barthélemy, rapporte le quotidien francilien.
Quel impact ?
Le 20 mars, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire avait détaillé le premier montant des biens russes immobilisés, avec notamment 850 millions d’euros d’avoirs d’oligarques russes et deux yachts, ainsi que 22 milliards d’euros de la Banque centrale russe.
Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine fin février, les pays occidentaux ont adopté plusieurs trains de sanctions économiques.
A cela s’ajoute le fait que d’autres pays ne s’alignent pas sur ces sanctions. En Turquie par exemple, les oligarques russes peuvent continuer à venir et faire des affaires tant qu’ils respectent la loi turque et le droit international, avait indiqué le gouvernement turc fin mars.
Dès lors, l’Europe cherche à échafauder un nouveau train de sanctions ; le sixième depuis le début du conflit le 24 février et qui doit être annoncé cette semaine. Mais on sait déjà que l’arrêt des achats de pétrole et de gaz pour cesser de financer l’effort de guerre russe divise les 27.
En parallèle, l’UE a renforcé sa liste noire de personnalités russes directement visées par les sanctions et indiqué que les noms de plus de 217 oligarques proches du président russe et des patrons de presse pro-Kremlin figuraient dessus.
(Avec AFP)