Infrastructures et énergies propres, piliers de l’investissement chinois en Afrique

Premier partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne, la Chine y mobilise également un important portefeuille d’investissements, principalement dans les secteurs des mines, des infrastructures et des énergies.

Clap de fin pour le Forum de la coopération sino-africaine (FOCAF) dont l’édition de cette année s’est tenue du 3 au 6 septembre à Pékin. Jeudi, le président Xi Jinping s’est engagé à renforcer le soutien de la Chine à l’Afrique, qui croule sous les dettes, avec un financement de près de 50 milliards de dollars sur trois ans, le soutien à davantage de projets d’infrastructure et la création d’au moins un million d’emplois.

« La Chine est prête à renforcer la coopération avec l’Afrique dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, des infrastructures, du commerce et de l’investissement », a déclaré  Xi Jinping devant les délégués de plus de 50 pays africains (sur 54, NDLR) réunis à Pékin pour le sommet triennal du FOCAF.

« La Chine et l’Afrique représentent un tiers de la population mondiale. Sans notre modernisation, il n’y aura pas de modernisation mondiale », a ajouté le président Xi. En fait, la Chine et l’Afrique, c’est aussi 35% de la population mondiale, plus de 20% du produit intérieur brut global et une participation de plus 25% à la croissance économique mondiale sur les dernières décennies.

Plus de 35 milliards de dollars sous forme de lignes de crédit

La Chine, premier bailleur de fonds bilatéral au monde, a promis de réaliser trois fois plus de projets d’infrastructure dans une Afrique riche en ressources, malgré la nouvelle préférence avouée de Xi pour les projets « modestes » basés sur le commerce de technologies avancées et vertes dans lesquelles les entreprises chinoises ont investi massivement.

Sur l’aide financière de 50 milliards de dollars promise par la Chine, plus des deux tiers seraient sous forme de lignes de crédit et au moins un quart sous forme de nouveaux investissements de la part d’entreprises chinoises.

À noter que lors du sommet Chine-Afrique de 2021 à Dakar, la Chine avait promis au moins 10 milliards de dollars d’investissements et autant sous forme de lignes de crédit. Cette fois, l’aide financière a été exprimée en yuans, dans une volonté manifeste de Pékin d’internationaliser davantage le yuan chinois.

Le forum sino-africain établit un programme triennal pour la Chine et chaque État africain, à l’exception de l’Eswatini (ex-Swaziland), le seul pays africain à reconnaître officiellement Taïwan.

En plus de 30 projets d’infrastructures, le président Xi a déclaré que la Chine est prête à lancer 30 autres projets dans les énergies propres en Afrique, notamment à travers la coopération dans le domaine du nucléaire. Toutefois, il n’a pas réitéré sa promesse faite lors du FOCAF à Dakar, selon laquelle le géant asiatique achèterait pour 300 milliards de dollars de produits africains.

En revanche, l’Afrique devrait bénéficier d’un financement chinois plus important. L’année dernière, la Chine a approuvé des prêts d’une valeur de 4,61 milliards de dollars à l’Afrique, ce qui représente la première augmentation annuelle depuis 2016.

4,3 milliards de dollars d’investissements en PPP et privés au Gabon

En parallèle au FOCAF, quelque 1.000 entrepreneurs et chefs d’entreprises chinois et gabonais se sont donné rendez-vous pour un forum d’affaires à l’issue duquel plus de 4,3 milliards de dollars d’investissements privés principalement pour des projets d’envergure tels que la construction du barrage hydroélectrique de Booué (600 MW), ainsi que l’aménagement d’une ville moderne au Gabon et l’exploration du minerai de fer des Monts Mbilan dans le Woleu Ntem.

Plusieurs entreprises publiques chinoises seraient également prêtes à engager des investissements de l’ordre de 12 milliards de dollars des projets d’infrastructures, comme la construction du chemin de fer Belinga-Mayumba et du port de Mayumba et l’aménagement de 3.000 kilomètres de routes bitumées.

Une forte présence dans le secteur de la production minière

Depuis son adhésion l’Organisation mondiale du commerce en 2001, la Chine est devenue le premier pays partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, elle reçoit un cinquième du total des exportations de marchandises de cette zone du continent.

Selon  le FMI, ces exportations de l’Afrique subsaharienne vers la Chine sont constituées à environ trois-cinquièmes de métaux, de produits minéraux et de combustibles. Fait important, près des deux tiers de la production minière totale de l’Afrique est contrôlée par deux multinationales : Glencore (Suisse) et Anglo American (Afrique du Sud), alors que la part de la production minière africaine contrôlée par la Chine est d’environ 28 % pour le cuivre, 82 % pour la bauxite, 41 % pour le cobalt et 40 % pour l’uranium.

Durant ces deux décennies, la Chine est aussi devenue la première source d’importations pour les pays africains, en leur fournissant des biens manufacturés et d’équipements. La croissance économique rapide et les forts besoins de matières premières de la Chine ont stimulé les exportations de biens africains, qui ont plus que quadruplé en dollars entre 2000 et 20221.

Selon le rapport Dynamiques de développement de l’Afrique en 2023, publié conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Union africaine, les investissements directs étrangers de la Chine en Afrique se sont élevés à 74 milliards de dollars entre 2017 et 2022, représentant 18% des flux mondiaux d’investissements directs étrangers en Afrique, et se situant au même niveau que l’Europe et les États-Unis.

Mounir El Figuigui

Challenges Radio

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