Le président américain Joe Biden s’est dit vendredi convaincu que son homologue russe Vladimir Poutine avait pris la décision d’envahir l’Ukraine et que cette attaque serait lancée dans les prochains jours, même si les efforts diplomatiques peuvent encore aboutir.
« Nous avons des raisons de penser que les forces russes projettent et ont l’intention d’attaquer l’Ukraine au cours de la semaine à venir, dans les prochains jours », a dit le président américain. Selon le Pentagone, plus de 40% des forces russes massées aux frontières de l’Ukraine étaient désormais en position d’attaque.
La tension est à son comble en Ukraine. Les craintes d’une intervention militaire russe en Ukraine se sont encore accentuées vendredi avec la multiplication des heurts entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes, décrits par les Etats-Unis comme une manoeuvre « cynique » en « vue d’une attaque » de la Russie. Les autorités sécessionnistes prorusses dans l’Est ukrainien ont ordonné l’évacuation des civils vers la Russie.
Si l’on en croit le président américain Joe Biden, la Russie a pris la décision d’envahir l’Ukraine et cette attaque serait lancée dans les prochains jours,
« Nous avons des raisons de penser que les forces russes projettent et ont l’intention d’attaquer l’Ukraine au cours de la semaine à venir, dans les prochains jours », a déclaré vendredi soir Joe Biden (heure française).
Les Etats-Unis pensent que la Russie va notamment prendre pour cible Kiev, la capitale ukrainienne. La crainte est telle que Joe Biden s’est demandé s’il serait « sage » pour le président Volodymyr Zelensky de quitter l’Ukraine actuellement pour se rendre à la conférence sur la sécurité de Munich, qui rassemble jusqu’à dimanche de nombreux dirigeants internationaux.
Plus de 40% des forces russes massées aux frontières de l’Ukraine
Plus tôt dans la soirée le Pentagone indiquait que plus de 40% des forces russes massées aux frontières de l’Ukraine étaient désormais en position d’attaque. La phase de déstabilisation du pays menée par la Russie avait « commencé », confiait une source au Pentagone. Les Etats-Unis, qui évaluent à plus de 150.000 le nombre de soldats russes désormais déployés au nord, à l’est et au sud de l’Ukraine, ont observé des mouvements de troupes russes vers la frontière depuis mercredi, a indiqué ce responsable du ministère américain de la Défense ayant requis l’anonymat. Un autre responsable américain a même estimé que la Russie disposait de 190.000 hommes aux abords de l’Ukraine et sur son territoire, en comptant les forces séparatistes. C’est « la plus grande concentration de troupes militaires » depuis la Guerre froide, a estimé le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, jugeant lui aussi que Moscou était « en mesure, sans autre forme d’avertissement, d’attaquer » le pays voisin.
« 40 à 50% sont en position d’attaque. Ils se sont déployés sur des points de rassemblement tactique au cours des dernières 48 heures », a indiqué la source du Pentagone
Les points de rassemblement tactique sont des zones proches de la ligne de front où une unité militaire se rassemble avant de lancer une offensive. Le responsable a précisé que Moscou disposait vendredi de 125 bataillons de l’armée de terre à proximité des frontières ukrainiennes, contre 60 en temps normal et 80 début février.
La Russie soupçonnée de vouloir provoquer un incident
La multiplication des heurts entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes, les déclarations incendiaires des dirigeants prorusses et du Kremlin sur la situation dans les régions russophones du Donbass et du Lougansk correspondent à la « campagne de déstabilisation de l’Ukraine (qui) est en cours », selon ce responsable.
Washington prévient depuis des semaines que la Russie va provoquer un incident à la frontière ukrainienne pour justifier une invasion de l’Ukraine. La Russie nie tout projet d’invasion mais réclame des garanties pour sa sécurité comme le retrait de l’Otan d’Europe de l’Est, autant d’exigences rejetées par l’Occident.
Moscou, outre son soutien aux séparatistes armés, a déjà annexé un territoire ukrainien, la Crimée en 2014.
La Russie deviendra un « paria », promettent les Occidentaux
En tout cas, les sanctions internationales promises par les Occidentaux en cas d’invasion russe feront de la Russie un « paria », a prévenu vendredi un haut responsable de la Maison Blanche. La Russie serait en outre « isolée des marchés financiers mondiaux et privée des apports technologiques les plus sophistiqués », a-t-il précisé.
Les sanctions prévues par Washington ont été façonnées de manière « responsable », dans le but « d’éviter de cibler le peuple russe et de limiter les dégâts collatéraux pour les Etats-Unis et l’économie mondiale », a déclaré Daleep Singh.
« La Russie ferait face à la perspective de fuites importantes de capitaux, une pression accrue sur sa devise, une poussée d’inflation, de plus hauts coûts à l’emprunt, un repli économique, et l’érosion de sa capacité de production », a-t-il détaillé, représentant « une défaite stratégique pure et simple pour la Russie ».
Le conseiller à la Maison Blanche a également soutenu que les Etats-Unis étaient « prêts » en cas d’utilisation par Moscou des ressources en énergie comme levier de pression.
« Nous avons pris des mesures (…) pour nous coordonner avec les plus grands consommateurs d’énergie et les producteurs d’énergie pour nous assurer que nous ayons des approvisionnements continus en énergie, et des marchés de l’énergie stables », a soutenu Daleep Singh.
Washington avait déjà affirmé que le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne par la voie maritime, n’entrerait pas en activité si Moscou venait à attaquer l’Ukraine.
Si le président russe Vladimir Poutine décide d’envahir l’Ukraine, la France et ses alliés réagiront pour rassurer leurs partenaires d’Europe de l’Est, a ajouté ce responsable qui s’exprimait auprès de journalistes à la suite d’une discussion entre dirigeants occidentaux, dont le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden.
« Nous basculerons dans une autre réalité géopolitique en Europe » en cas d’invasion russe de l’Ukraine, a poursuivi ce responsable. Emmanuel Macron s’entretiendra avec son homologue ukrainien Volodimir Zelenski samedi puis avec Vladimir Poutine dimanche.
La rédaction