La croissance américaine rebondit après deux trimestres de creux

L’économie américaine a renoué avec la croissance au troisième trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a progressé de 2,6% en rythme annualisé sur la période juillet-septembre. Ce qui offre au président Joe Biden un répit temporaire à dix jours des élections de mi-mandat. Les craintes de récession n’ont pas pour autant complètement disparu.

C’est une première depuis le début de l’année 2022 : la plus grande économie du monde est en croissance. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a en effet progressé de 2,6% en rythme annualisé, selon la première estimation du département du Commerce, publiée ce jeudi 27 octobre.

Le rebond est même plus fort que prévu puisque les analystes attendaient un PIB en progression de 2,3% entre juillet et septembre. Les estimations d’économistes interrogés par Reuters s’échelonnaient entre 0,8% et 3,7%.

Pour rappel, le PIB américain s’était contracté aux deux premiers trimestres de l’année, reculant de 1,6% puis de 0,6%. Sans tomber cependant dans la récession à ce stade, selon l’administration Biden, mais aussi de très nombreux économistes. Car bien que ces deux trimestres consécutifs de baisse du PIB correspondent à la définition communément admise de la récession, la solidité notamment du marché de l’emploi ne permet pas de faire entrer la première économie du monde dans cette case.

Ces chiffres montrent « une dynamique toujours positive des dépenses des ménages, un rebond de l’investissement des entreprises mais une faiblesse persistante de l’investissement résidentiel », a commenté Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, dans une note.

Attention toutefois pour les prochains mois. L’experte avertit : « Pour l’avenir, les risques sont orientés à la baisse, en particulier pour la consommation, car les ménages continuent de faire face à des difficultés liées aux prix élevés et au ralentissement probable de la croissance de l’emploi ». D’autant plus que « la force du dollar et la faiblesse de la croissance mondiale limiteront les exportations », anticipe également Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Méthode contre méthode

À noter que le calcul du PIB en rythme annualisé, méthode privilégiée par les États-Unis, se mesure par comparaison au trimestre précédent avant de projeter l’évolution sur l’année entière.

Les autres économies avancées privilégient une autre méthode. Notamment les pays de la zone euro, à l’instar de la France, dont les chiffres de croissance devraient sortir ce vendredi. La comparaison se fait simplement par rapport au trimestre précédent. Selon cette mesure, la croissance américaine est alors de 0,6%.

Et en comparant le PIB du 3e trimestre 2022 à celui du 3e trimestre 2021, comme le fait la Chine, la croissance américaine est de 1,8%, contre 3,9% pour son concurrent asiatique.

Le président américain Joe Biden a salué la « force motrice » de l’économie américaine. « Pendant des mois, les prophètes de malheur ont avancé que l’économie américaine était en récession et les élus républicains au Congrès espéraient un déclin. Mais aujourd’hui, nous avons une nouvelle preuve que la reprise économique continue d’être une force motrice », a-t-il déclaré dans un communiqué de la Maison Blanche.

Ce rebond est une bonne nouvelle pour le président, à dix jours des élections de mi-mandat, qui pourraient le priver de sa majorité démocrate au Congrès. La situation économique du pays a en effet mis à mal l’embellie dont bénéficiait jusqu’à il y a peu le camp démocrate dans les sondages.

Mais les risques de récession demeurent pour les mois à venir. Joe Biden lui-même avait évoqué au début du mois la possibilité d’une « très légère récession ». En cause ? L’inflation, qui reste proche de son plus haut niveau en 40 ans, à 8,2% sur un an en septembre aux États-Unis. La hausse des prix réduit le pouvoir d’achat des ménages. D’autant plus que le remède à celle-ci est de faire ralentir l’économie, en relevant les taux d’intérêt. Prêts immobiliers ou à la consommation coûtent désormais beaucoup plus cher qu’il y a un an. Moins de consommation et moins d’investissement doivent permettre de refroidir une économie en surchauffe.

C’est la banque centrale américaine (Fed) qui a les cartes en main pour lutter contre l’inflation. Elle relève progressivement ses taux, pour encourager les banques commerciales à faire de même lorsqu’elles accordent des prêts. Après déjà quatre hausses, elle devrait continuer sur cette lancée lors de sa prochaine réunion, mardi et mercredi de la semaine prochaine.

Et le ralentissement pourrait être mondial, alors que l’inflation est forte dans de nombreuses régions. Plusieurs pays développés pourraient ainsi connaître une récession en 2023, comme l’Allemagne et l’Italie, a récemment prévenu le Fonds monétaire international (FMI).

Par AFP

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