La hausse des prix va durer en France / fin de l’inflation n’est pas attendue avant fin 2023

La France devrait « sortir du pic d’inflation fin 2023 », assure le ministre de l’Economie Bruno Le Maire dans une interview. Avec une contraction du PIB de 0,2% au premier trimestre, une inflation de 5,2% au plus haut depuis 1982  et un recul de 1,5% de la consommation des ménages, les nuages s’amoncellent sur l’économie français, alors que le gouvernement promet de « protéger » le pouvoir d’achat des Français.

La flambée des prix va durer. Car Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, n’attend pas une sortie du pic d’inflation avant la fin de l’année prochaine ! « Nous devrions sortir du pic d’inflation fin2023. Mais nous aurions un niveau d’ionflation structurellement plus élevé, autour de 2%, en raison de la régionalisation des chaînes de valeurs et du coût très élevé de la transition énergétique », a-t-il déclaré au Figaro.

« Le combat contre l’inflation doit être mené par tous. Les entreprises – et certaines le font déjà – peuvent aussi participer, en mobilisant des outils de partage de la valeur comme la prime Macron, la participation ou l’intéressement », a ajouté Bruno Le Maire. Alors que l’Etat a déjà engagé 25 milliards d’euros dans le bouclier énergétique, « tout ne peut pas reposer sur les épaules de l’Etat », a-t-il dit.

« Celles qui ont les marges de manœuvre suffisantes peuvent aussi augmenter les salaires. Elles peuvent aussi faire baisser les prix », ajoute-t-il, en annonçant que CMA CGM allait prochainement faire des propositions « pour transporter les produits de base au tarif le plus bas possible ».

L’économiste d’ING Charlotte de Montpellier table désormais sur « une nouvelle contraction du PIB au deuxième trimestre », lui faisant dire que « l’économie française se trouve donc de facto en récession actuellement ».

« On aura au moins une croissance érodée au deuxième trimestre », nuance Emmanuel Jessua de l’Institut Rexecode, pour qui « tout dépendra du moment où le pic d’inflation sera atteint ». L’Insee table à ce stade sur une croissance de 0,25% pour le trimestre en cours, et la Banque de France de 0,2%.

Il s’inquiète aussi des effets de l’inflation sur les marges des entreprises, qui pourraient se voir contraintes de tailler dans leurs investissements dans les prochains mois.

Les Bourses fléchissent

Résultat, les marchés mondiaux rétrogradaient mardi après leur rebond de la semaine dernière, à nouveau fragilisés par les craintes liées à l’inflation et aux anticipations de durcissement monétaire des banques centrales. Les indices européens ont fini en net repli à Paris (-1,43%), à Francfort (-1,29%) et à Milan (-1,22%). Londres (+0,10%) a été soutenue par les matières premières.

A Wall Street, l’indice Dow Jones lâchait 0,44%, le Nasdaq 0,14% et le S&P 500 cédait 0,36% vers 16H25 GMT au sortir d’un long week-end férié du Memorial Day.

« La récente hausse du prix du pétrole remet les craintes d’inflation à l’ordre du jour en raison de la hausse des prix de l’énergie », explique l’analyste Jochen Stanzl de CMC Markets.

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RÉUNION BIDEN-POWELL SUR L’INFLATION

Joe Biden s’est entretenu mardi avec le président de la Fed, Jerome Powell, pour discuter de l’inflation élevée, qui rogne le pouvoir d’achat des Américains, même si le président des Etats-Unis s’est engagé auprès du président de la Réserve fédérale à respecter l’indépendance de la Fed en matière de politique monétaire. Un entretien ‘très constructif », selon le  principal conseiller économique de Joe Biden, Brian Deese. Cet entretienle premier entre les deux hommes depuis la confirmation par le Sénat de Jerome Powell pour un second mandat à la tête de la banque centrale américaine, intervient alors que la hausse des prix du carburant, des produits alimentaires et des biens de grande consommation a porté l’inflation à un pic de 40 ans aux Etats-Unis. 

Dans une brève intervention avant le début de cette rencontre, Joe Biden a déclaré qu’il s’agissait pour lui de « discuter de (sa) première priorité et c’est s’attaquer à l’inflation ». Son engagement à ne pas tenter d’influencer la Fed contraste toutefois avec l’attitude interventionniste de son prédécesseur Donald Trump, qui reprochait régulièrement en public à Jerome Powell les décisions de la Réserve fédérale, allant même jusqu’à menacer de le limoger.

La Fed, qui a relevé au total depuis le début de l’année ses taux d’intérêt de 0,75 point de pourcentage, a laissé entendre que deux hausses d’un demi-point étaient envisagées en juin et juillet pour faire baisser l’inflation. Certains économistes estiment toutefois que la Fed a trop tardé, face à une inflation galopante, pour mettre fin à sa politique ultra-accommodante.

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