La modernisation des circuits logistiques ouest-africains occupe depuis plus d’une décennie une place centrale dans les stratégies de développement des différents gouvernements et acteurs privés. De nombreux progrès significatifs dans le secteur, notamment dans le domaine portuaire, ont pu être notés. De nouveaux acteurs font preuve de dynamisme et semblent inviter ce secteur vital dans une nouvelle ère.
Avec plus d’un milliard d’habitants, l’Afrique connaît une croissance démographique soutenue et une progression fulgurante de la consommation. En effet, les volumes de biens et services importés et exportés, par voie maritime ou aérienne, sont en hausse constante depuis dix ans et devraient continuer à croître au cours des prochaines années selon la CNUCED. Les grands gagnants de cette croissance ? Le secteur des biens de grande consommation (FMCG) mais surtout celui de la logistique, bouleversé durant la crise.
Dynamar, le consultant néerlandais, qui établit chaque année une hiérarchie entre les places portuaires mondiales dont le trafic a dépassé le million de conteneurs, prévoyait une croissance annuelle de 5% du volume de conteneurs en Afrique de l’Ouest pour 2021 et atteindra 4.3 millions d’EVP. Le secteur portuaire est représentatif du dynamisme de la logistique dans cette région d’Afrique. De nombreux ports tentent de devenir le hub régional de l’Afrique de l’Ouest, ainsi les ports de Lomé, de Freetown, de San Pedro, de Dakar, etc. ont bénéficié, ces dernières années, d’importants travaux de modernisation et d’accroissement de leurs capacités.
Vers une consolidation du secteur
L’heure est au regain de croissance et à la consolidation. Les acteurs traditionnels de la logistique sur le continent, à l’instar de CMA CGM, Maersk et MSC, continuent d’accroître leur déploiement sur le continent africain.
Possible tournant dans cette ère de fusions et consolidations, la vente programmée des ports africains du géant français, Bolloré, en négociations exclusives avec le suisse MSC pour la cession de son activité historique portuaire en Afrique. Cette transaction dont le coût est estimé à près de 5,7 milliards d’euros marquerait un tournant dans le paysage logistique et portuaire africain. En effet, Bolloré Africa Logistics possède d’importantes infrastructures sur le continent, notamment dans 20 pays, un avantage considérable pour son futur acquéreur.
CMA CGM, l’autre géant français du secteur, vient de renforcer son développement dans la logistique du dernier kilomètre avec Colis Privé, le spécialiste de la livraison de colis à domicile et en point relais. Des solutions CEVA Logistics dans le e-commerce ont également été mises en place par CMA CGM, afin de renforcer sa présence en Afrique.
L’heure des acteurs émergents
On enregistre l’arrivée de nouveaux acteurs considérés comme des mid-players, notamment celle de l’Émirati DP World, qui a annoncé le 8 juillet 2021, son intention d’acquérir l’une des plus importantes plateformes de transport maritime en Afrique du Sud, Imperial Logistics. Cette action acquisitive permettrait à l’Émirati d’étendre son emprise sur le secteur dans plusieurs pays d’Afrique.
Par ailleurs, des acteurs émergents tels que R-Logistic apparaissent dans le panorama et participent au développement local des réseaux logistiques africains. Filiale de R-Logitech, la branche infrastructure portuaire & logistique de Monaco Resources Group, R-Logistic se positionne comme une alternative aux majors dans le transport multimodal de la sous-région grâce à ses 14 filiales africaines. « Notre valeur ajoutée (sur le marché Africain) réside dans notre solide implantation locale, notre agilité, mais surtout dans nos offres intégrées nous permettant de proposer des solutions logistiques sur-mesure pour nos clients sur le continent, à travers nos plateformes portuaires en Europe et Asie », a déclaré Frédéric Platini, directeur général de R-Logitech.
Selon un rapport produit par l’Africa CEO Forum et le cabinet de stratégie et de finance Okan, auteurs de Logistique africaine. L’heure de la révolution, la modernisation de la logistique africaine est l’un des chantiers les plus importants auquel fait face le continent aujourd’hui.
Renforcer les capacités des Etats, structurer la logistique intra-africaine, accélérer la modernisation des ports et des routes, ou encore prendre en compte les exigences de la classe moyenne, voici selon ce rapport, des enjeux à relever pour hisser la logistique africaine au diapason de celle des puissantes régions du monde.
(*) Consultant en Intelligence Économique chez d’Herbès Conseil