Depuis ce lundi et pour deux jours, des représentants de l’Ukraine, dont le Premier ministre, des institutions internationales et du secteur privé sont réunis pour réfléchir ensemble à la reconstruction du pays en guerre avec la Russie depuis plus de quatre mois. Un projet qui pourrait prendre les traits d’un « plan Marshall » à l’image de celui déployé en 1948 par les Etats-Unis à destination d’une Europe détruite par la Seconde Guerre mondiale.
Comment reconstruire l’Ukraine ? Vaste question à laquelle les participants réunis à la conférence, qui se tient depuis ce lundi à Lugano en Suisse pour deux jours, vont tenter de répondre. On y retrouve pour représenter l’Ukraine, son Premier ministre, Denys Chmygal, le président du parlement, Rouslan Stefantchouk, et une délégation forte d’une centaine de personnes. Le président, Volodymyr Zelensky est, lui, resté au pays. Il a pour autant marqué ce premier jour par ses propos. S’exprimant par visioconférence en ouverture de la conférence, il a déclaré que « la reconstruction de l’Ukraine est la tâche commune de tout le monde démocratique » et « la contribution la plus importante à la paix dans le monde ».
La « tâche est vraiment colossale » ne serait-ce que dans les territoires libérés, avait-il souligné, la veille, à propos de cette conférence qui réunit également le secteur privé ainsi que des institutions internationales dont celles de l’Union européenne avec la présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le Premier ministre tchèque y assiste également, son pays venant de prendre la présidence tournante de l’UE, après la France ainsi que son homologue Mateusz Morawiecki, de Pologne, pays qui accueille de loin le plus de réfugiés ukrainiens.
Initialement, tous devaient échanger sur les réformes nécessaires en Ukraine notamment celles concernant la lutte contre la corruption endémique qu’elle connaît. Mais l’invasion russe le 24 février et ses conséquences dramatiques pour le pays se sont imposées comme thème principal et essentiel, bien que le sujet de la corruption soit susceptible d’être abordé au vu des sommes en jeu et des risques de détournements.
Une reconstruction à 750 milliards de dollars
Très impliqué, le Royaume-Uni, qui est l’un des alliés les plus actifs de l’Ukraine, soutiendra notamment la reconstruction de la ville et de la région de Kiev, à la demande du président Zelensky, a indiqué le Foreign Office dimanche. Londres compte également travailler avec Kiev et ses alliés pour accueillir la conférence sur la relance de l’Ukraine en 2023 et établir un bureau dans la capitale du Royaume-Uni pour aider à coordonner ces efforts de reconstruction.
Vers un « plan Marshall » pour l’Ukraine
Mais c’est surtout la perspective d’un « plan Marshall » qui est au centre des discussions. Les participants doivent, en effet, dessiner l’ébauche d’un plan similaire au programme économique américain qui avait permis de relever l’Europe occidentale des ruines de la deuxième guerre mondiale, cette fois à destination de l’Ukraine. Dans cette optique, la Banque européenne d’investissement (BEI) doit d’ailleurs proposer la création d’un nouveau fonds pour l’Ukraine, qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros, selon des sources au fait du plan.
L’expression « plan Marshall » a été employée à plusieurs reprises au sujet de l’Ukraine par le chancelier allemand Olaf Scholz ou encore le président du Conseil européen Charles Michel. Celui adopté aux Etats-Unis en avril 1948 et intitulé « programme de reconstruction européenne » (European Recovery Programm, ERP) offrait à tous les pays d’Europe, y compris l’URSS et les autres pays communistes, de bénéficier de l’assistance américaine à la reconstruction matérielle et au redressement financier pour une durée de quatre ans. Au total, ce sont pas moins de 13,35 milliards de dollars de l’époque (soit l’équivalent actuel d’environ 160 milliards de dollars) qui ont été injectés dans l’économie des pays aidés, à des conditions particulièrement avantageuses: 85% à titre gratuit et 15% en prêts à long terme.
(Avec AFP)