« L’Afrique ne restera pas en marge de cette nouvelle ère digitale » (Tonny Bao, vice-président de Huawei)

1.200 milliards de dollars, c’est le potentiel de contribution de l’intelligence artificielle à la croissance du continent africain selon le rapport « Annual Global CEO Survey » du cabinet PwC paru en 2017, soit une augmentation de 5,6% du PIB d’ici 2030. Loin de l’image longtemps renvoyée d’un continent en retard, l’Afrique s’impose aujourd’hui comme un terreau fertile d’innovation et de transformation numérique dans le monde.

Sa jeunesse dynamique nourrit une soif de progrès et se distingue par son adoption rapide des nouvelles technologies. Pour preuve : le succès fulgurant du mobile money, bien plus répandu en Afrique que dans le reste du monde. Mais ce phénomène ne se limite pas au paiement mobile : l’Afrique est aujourd’hui le théâtre d’innovations et d’investissements inédits en matière de smart cities, d’agriculture connectée et d’industrie 4.0.

L’avènement du numérique ouvre un nouveau chapitre pour l’Afrique, offrant une occasion en or de combler son retard industriel et de renforcer la compétitivité de son économie. Le rapport « Industrialiser l’Afrique » de la Banque africaine de développement publié en 2019met en lumière le défi auquel le continent est confronté : malgré ses ressources et son potentiel, l’Afrique représente actuellement seulement 1,9% de la production manufacturière mondiale. Cette part a diminué au fil des décennies, passant de 3% en 1970 à moins de 2% en 2018. L’Afrique du Nord fait figure d’exception, tirée par les succès industriels de pays comme l’Égypte et le Maroc, suivis par l’Algérie et la Tunisie. Toutefois, la région subsaharienne rencontre davantage de défis.

L’automatisation et la digitalisation des processus industriels ont le potentiel de transformer radicalement l’industrie africaine, en optimisant non seulement la productivité, mais aussi la qualité et la flexibilité de la production. L’industrie 4.0 c’est l’intégration de technologies avancées telles que l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), l’analyse de données en temps réel, le Big Data etc. Grâce à ces innovations, les entreprises peuvent désormais surveiller, analyser et ajuster leurs opérations avec une précision inégalée. Pour les entreprises, cela signifie une réduction significative des coûts, moins d’erreurs et une capacité plus forte à s’adapter rapidement aux fluctuations de la demande. En sautant directement vers l’industrie 4.0, l’Afrique a la possibilité de contourner certaines étapes intermédiaires de l’industrialisation traditionnelle, souvent lourdes, pour entrer de plain-pied dans une nouvelle ère technologique.

Développer des infrastructures solides

Sur le terrain, des entreprises africaines pionnières illustrent concrètement cette tendance. Comme dans l’industrie minière et pétrolière, avec une entreprise comme Sonatrach, avec qui nous nous sommes associés, afin de révolutionner les systèmes de détection par fibre optique de pointe permettant d’identifier les anomalies sur les pipelines, et ainsi réduire les risques et coûts d’intervention, contribuant ainsi à la transformation intelligente de l’industrie pétrolière. Le succès de la tech sur le continent viendra de la rencontre entre ce foisonnement des startups, des initiatives individuelles et la mobilisation des champions nationaux et régionaux.

J’observe au quotidien que le potentiel est immense. Pour que ce dynamisme embrasse pleinement cette nouvelle ère industrielle, le développement d’infrastructures solides et résilientes est indispensable. Piliers du développement commercial, elles sont essentielles pour soutenir la compétitivité du continent à l’échelle mondiale. À ce jour, les flux commerciaux maritimes en provenance et à destination de l’Afrique ne représentent que 7% des exportations mondiales et 5% des importations mondiales.

 

Infrastructures portuaires et numérique

Le développement d’infrastructures portuaires résilientes est crucial pour soutenir l’essor industriel, et ici aussi, le numérique peut jouer un rôle clé. L’un des principaux défis sur le continent est l’engorgement des ports, entraînant des coûts élevés pour les navires qui attendent de pouvoir décharger leur cargaison faute de place. Le numérique offre des solutions pour réduire le temps d’attente des navires, fluidifier le trafic et ainsi diminuer les coûts. En Chine, le port de Rizhao a obtenu des résultats remarquables depuis sa mise en exploitation le 9 octobre 2021 : une amélioration moyenne de 50% de l’efficacité des machines individuelles, une productivité maximale de 58 conteneurs par heure et une réduction de 70% des coûts combinés du terminal. Je suis convaincu que le désenclavement de l’Afrique se fera notamment par le biais de ses ports, et que la modernisation de ceux-ci constitue une voie incontournable.

En conjuguant innovation technologique et développement industriel, l’Afrique a le potentiel de créer une économie prospère et compétitive, qui s’intégrera efficacement à l’économie mondiale pour les générations futures. Le continent ne restera pas en marge de cette nouvelle ère digitale. C’est la mobilisation concertée des acteurs publics et privés qui est ici essentielle.

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