Le pouvoir d’achat des ménages sera le socle de notre croissance future

La réforme et l’innovation sociale expliquent la résilience de l’économie togolaise, engagée, depuis une décennie dans une profonde dynamique de transformation, explique Sani Yaya, le ministre de l’Économie et des Finances.


La crise sanitaire a montré la nécessité de renforcer la protection sociale et la résilience des acteurs économiques face aux chocs exogènes. L’an passé, la pandémie du Covid-19 a donné un coup d’arrêt à la croissance ininterrompue qu’avait connu le pays pendant une décennie, et qui s’était élevée, en moyenne, à 5% par an. En réagissant rapidement, en prenant les mesures adéquates pour limiter la propagation du virus, et en apportant un soutien décisif aussi bien au ménages les plus fragiles qu’au tissu entrepreneurial, le Togo a échappé à une récession que beaucoup pensaient inévitable. Son économie a enregistré une croissance positive de 1,8% en 2020, et son Produit intérieur devrait croître de 4,5% cette année.

Un plan d’urgence de 400 milliards de Francs CFA a été mis en œuvre à travers un Fonds National de Solidarité et de Relance Économique, dès les premiers jours de la pandémie. La crise a servi de laboratoire pour l’innovation socio-économique, avec la mise en place d’un revenu universel de solidarité pour aider les citoyens privés d’activités génératrices de revenu par le confinement. Ce programme, baptisé Novissi, a été déployé en quelques semaines. Fondé sur le principe de l’enrôlement volontaire, 100% digital, 100% traçable, il s’est traduit par des transferts monétaires directs et a bénéficié depuis un an à plus d’un million de citoyens.

La saine gestion des finances publiques et le soutien des partenaires financiers ont permis au gouvernement de dégager les moyens nécessaires au plan d’urgence. Cet effort est appelé à se poursuivre. Le Togo vient de bénéficier de l’extension pour six mois de l’accord sur la suspension des intérêts de sa dette auprès du Club de Paris (ISSD) et s’apprête à participer au sommet de Paris sur le financement des économies africaines, le 18 mai. La relance – une relance solidaire et concertée – sera à l’ordre du jour. Les ressources additionnelles libérées serviront à augmenter les dépenses « contra-cycliques » pour atténuer l’impact de la crise du coronavirus et pour relancer l’activité.

Rien ne sera plus jamais comme avant. La pandémie a réhabilité le rôle protecteur de l’État. Le budget dédié aux secteurs sociaux sera porté à 445,1 milliards de Francs CFA (831,83 millions de dollars), en hausse de 10,8 % par rapport à 2020. Les projets tournés vers la société et l’individu, dans les domaines de l’eau, l’agriculture, la santé, l’éducation, seront priorisés. Une Couverture santé universelle sera mise en place graduellement et concernera 60% de la population à l’horizon 2025. La croissance n’a de sens que si elle est inclusive. Renforcé par des programmes similaires au programme Novissi, le pouvoir d’achat des ménages a vocation à devenir le socle de notre croissance future.

Le Plan National de Développement, adopté en 2018, a donc été réajusté, à la fois pour tenir compte des effets de la crise et pour matérialiser les engagements pris par le Président de la République Faure Essozimna Gnassignbé devant les électeurs en février 2020. L’État togolais doit se muer en État stratège pour stimuler le développement et une croissance inclusive. De cette réflexion est née la « Feuille de route Togo 2025 ».

Les réformes visant à promouvoir le secteur privé et améliorer sa compétitivité vont s’accélérer. Elles ont valu au Togo de gagner 59 places en deux ans au classement Doing Business de la Banque Mondiale, dont 40 en 2019, soit la meilleure performance africaine de l’année. Le délai moyen pour créer une entreprise a été ramené de sept semaines à quelques jours. Portées au plus niveau par le chef de l’État Faure Essozimna Gnassingbé, qui a créé à la Présidence une cellule spécialement dédiée à l’amélioration du climat des affaires, ces réformes ont elles aussi contribué à la résilience de l’économie togolaise. 12 529 entreprises ont vu le jour en 2020, un chiffre en progression de 9% par rapport à l’exercice 2019.

Notre marché va bien au-delà des 8 millions de Togolais. Avec le Port autonome de Lomé, premier port de la sous-région, idéalement positionné comme hub logistique, il est la porte d’entrée à un marché infiniment plus vaste de 400 millions d’habitants. L’intégration régionale, avec la ZLECAf, est une opportunité pour le Togo. Une plateforme industrielle de 400 hectares, la plateforme d’Adetikopé, fruit d’un ambitieux partenariat public privé avec Arise, filiale du groupe singapourien, sera bientôt inaugurée. Elle permettra, à terme, la création de 35 000 emplois, favorisant une montée en gamme de l’économie à travers la transformation locale des produits de l’agriculture. Un autre partenariat a été conclu avec le groupe Dangote pour le développement d’une filière de transformation du phosphate en engrais, qui produirait jusqu’à un million de tonnes par an, pour approvisionner l’ensemble de la sous-région.

L’une des grandes leçons de la crise que nous traversons est que la modernisation de l’économie passe par sa digitalisation. Ce mouvement doit concerner à la fois l’administration et le monde de l’entreprise. Nous avons pour ambition de faire du Togo un hub d’innovation digitale à l’horizon 2025. L’État fera en sorte de créer les conditions nécessaires au développement d’un écosystème de la tech. Tous les citoyens disposeront d’une preuve d’identité biométrique et 95% de la population bénéficiera d’une couverture en réseau internet.  75% des démarches administratives auront été dématérialisées.

La stratégie des « 3R » (riposte, résilience, relance), mise en œuvre méthodiquement sous l’impulsion du Président de la République Faure Gnassingbé, va permettre au Togo de renouer rapidement avec la trajectoire d’émergence qui était la sienne à la veille de la pandémie.

Par la rédaction

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