Les pays occidentaux imposent de nouvelles sanctions financières à la Russie

Nouvelle salve de mesures prises par les pays occidentaux contre la Russie en raison de la guerre en Ukraine. Ils ont décidé de sanctionner toute transaction impliquant les réserves d’or de la Russie, afin d’empêcher Moscou de contourner les sanctions financières prises depuis un mois. Les États-Unis ont par ailleurs décidé d’allonger leur liste de personnalités visées avec 328 députés de la Douma et 48 « grandes entreprises publiques » désormais concernés, notamment par un gel de leurs avoirs américains.

Réunis à Bruxelles ce jeudi 24 mars pour des sommets du G7, de l’Union européenne et de l’Otan, les pays occidentaux ont décidé de sanctionner toute transaction impliquant les réserves d’or de la Russie. Objectif : éviter que Moscou ne contourne les mesures d’isolement financières qu’ils ont prises depuis un mois, comme l’a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. Une mesure que Boris Johnson avait demandé d’instaurer dès ce matin, argumentant que « plus nous faisons pression maintenant, surtout sur des choses comme l’or, plus je pense que nous pourrons abréger la guerre, abréger le massacre en Ukraine »

Il est « clair que toute transaction impliquant de l’or en lien avec la banque centrale de Russie est couverte par les sanctions existantes », a fait savoir l’exécutif américain. Un haut responsable américain a expliqué : « Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d’utiliser son or pour soutenir sa devise », le rouble.

Il a souligné, lors d’un échange avec la presse, que Moscou disposait d’un stock d’or « considérable ». Selon le Conseil mondial de l’or, les réserves en or entreposées dans les coffres de la Banque centrale russe s’élèvent à 2.361,64 tonnes. Soit le cinquième volume le plus élevé derrière les États-Unis, l’Allemagne, la France et l’Italie. Cela représenterait d’ailleurs 20% du total des réserves de change de la Banque centrale russe.

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La même source a par ailleurs assuré que les pays du G7 étaient « unis » pour considérer que « les organisations internationales et les instances multilatérales ne devaient pas poursuivre leurs activités avec la Russie comme si de rien n’était ».

Des propos à replacer dans le contexte d’un débat toujours plus vif sur la participation du président russe Vladimir Poutine au prochain sommet du G20 en Indonésie, un format qui regroupe les puissances occidentales et les plus grosses économies émergentes. La Chine par exemple a déjà estimé que le dirigeant russe y avait sa place, malgré les appels de certains pays à l’exclure.

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De nouvelles sanctions contre les entreprises russes…

Washington a par ailleurs annoncé de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l’industrie de défense. Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux États-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l’institution elle-même ainsi que 48 « grandes entreprises publiques » du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

Dans le détail, les sanctions visent notamment Tactical Missiles Corporation JSC (KTRV), un conglomérat de défense russe appartenant à l’État et dont l’armement est actuellement déployé en Russie, a indiqué le Trésor dans un communiqué séparé. « KTRV produit du matériel de défense russe, y compris des armes aéroportées et des systèmes d’armes pour la marine russe », a-t-il précisé.

Parmi les autres firmes ciblées figurent des fabricants de munitions, d’hélicoptères civils et militaires et de drones d’abord utilisés, selon le Trésor américain, à des fins de surveillance mais reconvertis pour attaquer les forces ukrainiennes.

« Notre objectif est de priver méthodiquement la Russie des bénéfices et privilèges dont elle jouissait auparavant en tant que membre du système économique international », a déclaré un haut responsable de l’administration de Joe Biden.

Les dirigeants des pays du G7 et de l’Union européenne veulent également continuer à empêcher la banque centrale russe d’utiliser les réserves internationales, y compris en or, afin de bloquer le financement de la guerre. « En coupant des dizaines d’entreprises de défense russes du système financier américain, l’action d’aujourd’hui aura un effet profond et durable sur l’industrie de défense russe », a indiqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Il a assuré que Washington continuerait de cibler les entreprises qui fournissent des équipements de défense de la Russie, ainsi que leurs propres fournisseurs.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement britannique a aussi annoncé de nouvelles sanctions contre 59 personnalités et entreprises russes et six entités biélorusses. Côté entreprises, se trouvent par exemple le géant russe des diamants Alrosa, le groupe privé de services militaires Wagner, ou celui de centrales hydroélectriques Rushydro.

Mais aussi contre les politiques et personnalités

Parmi les personnalités ciblées figure Guerman Gref, patron de la première banque russe Sberbank et « conseiller de Poutine depuis les années 1990 », selon la Maison-Blanche. Le milliardaire Gennady Timchenko, ses entreprises Volga Group et Transoil, ainsi que les membres de sa famille, sont aussi concernés, et son yacht, le Lena, est bloqué. Sont également sanctionnés 17 membres du conseil d’administration de la banque Sovcombank.

L’oligarque Roman Abramovitch ne figure en revanche pas dans cette nouvelle liste. Le propriétaire du club de foot de Chelsea est visé par des sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni. Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait demandé à Joe Biden de ne pas le sanctionner, selon le Wall Street Journal mercredi, estimant qu’il pourrait jouer un rôle dans les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie.

Le gouvernement britannique a de son côté allongé, ce jeudi 24 mars également, la liste de personnalités visées avec le fondateur de Tinkoff Bank, Oleg Tinkov, et l’influent patron de la première banque russe Sberbank, Guerman Gref, ainsi que Polina Kovaleva, fille de la maîtresse supposée du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui vit à Londres et que des militants anti-corruption appelaient à sanctionner.

(Avec agences)

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