Les startups africaines épargnées par la crise mondiale du capital-risque

En 2022, les startups africaines ont confirmé leur attractivité auprès des investisseurs, en enregistrant une progression de +8 % par rapport aux fonds reçus en 2021, selon le rapport Partech Africa Tech Venture Capital 2022. Avec 6,5 milliards de dollars levés, l’écosystème numérique africain échappe aux circonvolutions mondiales du capital-risque (-35 %).

Grâce à la croissance du financement par emprunt (+102 % en glissement annuel soit 24 % du financement total) et à un financement en fonds propres résilient (presque stable à -6 % en glissement annuel), les startups technologiques africaines ont levé un total de 6,5 milliards de dollars (+8 % en glissement annuel) à travers 764 transactions (+6 % en glissement annuel), en dépit d’un ralentissement mondial du capital-risque. En effet, en 2022, l’écosystème du capital venture mondial a été bousculé, enregistrant une baisse historique de -35 %. Dans ce contexte, l’Afrique a su tirer son épingle du jeu.

Le dernier rapport de Partech Africa reflète notamment, l’accès croissant des startups technologiques africaines au financement par emprunt. « L’accès croissant des startups technologiques africaines au financement par emprunt, dont le volume a doublé à 1,5 milliard de dollars, soit près d’un quart du total – est un autre signe de croissance et de maturité pour les startups africaines », indique le rapport Partech Africa 2022.

L’attractivité de la tech africaine résiste aux chocs conjoncturels et depuis la création du rapport en 2014, le nombre de transactions ne cesse de croître. « L’activité (nombre de transactions) a continué de croître même pendant COVID en 2020 et le ralentissement de 2022. Cela indique un flux de transactions solide et précoce qui s’appuie sur les fondamentaux », explique le rapport.

L’an dernier, l’activité de démarrage a été maintenue avec plus de 600 transactions dans les Seed+ et les Séries A. En revanche, le nombre de méga-transactions a diminué, avec 7 transactions supérieures à 100 millions de dollars contre 14 en 2021 (soit une baisse de -50 % en glissement annuel).

L’Afrique affiche une résilience numérique à toute épreuve

« Notre rapport a révélé que l’écosystème technologique africain a fait preuve d’une grande résilience, car davantage d’investisseurs ont doublé leur engagement envers le continent », indique Tidjane Deme, associé général de Partech, par voie de communiqué, le 24 janvier.

Les startups africaines ont attiré 1 149 investisseurs uniques l’an dernier, soit une progression +29 % par rapport à 2021. Par ailleurs, le nombre de startups fondées par des femmes a progressé de 2 %, passant de 20 % en 2021 à 22 % en 2022. A travers 150 tours de table, les startups fondées par des femmes ont enregistré une augmentation de +12 % par rapport à 2021 (134 transactions). Les startups fondées par des femmes kényanes sont celles qui ont levé les plus gros montants toutes géographies africaines confondues, avec 146 millions de dollars (23 % du total), devant le Nigeria (127 millions de dollars, soit 20 %).

Si le secteur des FinTech a été touché par le ralentissement « des grands tours de table » (41 % en glissement annuel), il demeure néanmoins le plus financé du continent et concentre 39 % du volume total (1,9 milliard de dollars) des investissements.

Des fonds toujours captés par les locomotives anglophones

En 2022, les pays de l’Afrique anglophone concentraient toujours l’essentiel des fonds. En dépit d’une baisse de -36 % en glissement annuel, le Nigeria demeure la destination la plus prisée des investisseurs, avec 1,2 milliard de dollars investis dans 189 transactions en actions, soit 23 % des financements en actions et 27 % de l’ensemble les tours de table. Le Nigeria a néanmoins enregistré la plus forte baisse parmi les 4 premiers marchés africains (-36 % en glissement annuel du financement par actions).

Ensemble, le Nigeria, l’Afrique du Sud (830 millions de dollars), l’Égypte (+21 % soit 787 millions de dollars) et le Kenya (+33 % soit 758 millions de dollars) représentent 72 % du volume total des montants investis en Afrique en 2022. Le Ghana confirme son dynamisme en se classant en cinquième position du classement avec 202 millions de dollars levés en 2022.

Deuxième destination tech la plus attractive du continent, la nation arc-en-ciel a levé 830 millions de dollars en 2022 à travers 95 tours. L’Égypte, avec 787 millions de dollars (+21 % sur un an) via 144 transactions, a enregistré une progression +3 % en un an. Le Kenya s’est positionné au quatrième rang du total des capitaux levés.

Avec 150 millions de dollars levés en l’Algérie est le premier pays francophone du classement 2022, devant la Tunisie (117 millions de dollars) et le Sénégal (105 millions de dollars). L’activité en Afrique francophone est restée relativement stable par rapport à 2021 bien que le nombre total de transactions ait légèrement baissé. Globalement, la portée géographique du financement du capital-risque est restée similaire à 2021 avec un total de 28 pays, contre 29 pays en 2021.

Ralentissement du nombre de méga-deals dans la Fintech africaine

La FinTech reste le secteur qui attire le plus de fonds en Afrique. Toutefois, le montant total investi dans les FinTech a diminué de -41 % en 2022. Au Kenya, pionnier en m-payment, 35 % des fonds ont été orientés vers le e-commerce et 31 % vers la CleanTech, les Fintech n’arrivant qu’en troisième position, avec 13 % des fonds.

Le secteur reste largement dominé par le Nigeria (798 millions de dollars) suivi de l’Afrique du Sud (388 millions de dollars) et de l’Égypte en troisième position (262 millions de dollars). Le Ghana, le Kenya et le Sénégal suivent avec respectivement 115 millions de dollars, 95 millions de dollars et 94 millions de dollars. Ces six pays représentent 91 % du montant levé par les FinTech en Afrique en 2022.

Parallèlement, avec 43 transactions et 18 % du financement total, la CleanTech enregistre une progression en glissement annuel de +65 % sur un an et représente 6 % de transactions. Arrive ensuite le secteur du e-commerce qui a levé plus de 500 millions de dollars, devant la mobilité, l’HealthTech et la logistique qui ont respectivement capté, 4 % du financement total.

« Il est trop tôt pour dire comment cette forte croissance globale de l’écosystème technologique africain se maintiendra alors que le ralentissement se poursuit, mais les solides fondamentaux du secteur sont susceptibles de maintenir les progrès réalisés ces dernières années », indique le rapport.

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