L’Agence internationale de l’énergie affiche son inquiétude quant à l’approvisionnement en gaz de l’Europe cet hiver. L’organisation estime que l’Europe manquera de gaz si elle ne diminue pas sa consommation et que la stratégie de diversification des approvisionnements ne suffira pas.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) tire la sonnette d’alarme sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Si le Vieux Continent veut passer l’hiver sans gaz russe, la stratégie de diversification des pays fournisseurs ne suffira pas, a alerté lundi le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui parle d’une « alerte rouge » pour l’Union européenne. L’Europe devra aussi réduire sa consommation de gaz selon l’organisation.
« Il ne faut pas juste compter sur les ressources gazières non-russes : celles-ci ne vont tout simplement pas suffire en volume pour remplacer les livraisons de Russie », explique Fatih Birol, le directeur de l’AIE, dans un article de son organisation. « Et ce même si l’offre de Norvège et d’Azerbaïdjan afflue à capacités maximum, même si les livraisons d’Afrique du Nord approchent leur niveau de l’an dernier, et même si la croissance des flux de GNL garde son rythme du premier semestre ».
Moscou a déjà réduit massivement ses livraisons de gaz à l’Europe, et même totalement interrompu pour certains pays comme la Pologne et la Bulgarie. Les Européens s’attendent à un arrêt total dans les mois à venir des livraisons, en réponse aux sanctions prises contre l’invasion de l’Ukraine. Côté européen, l’AIE reconnaît « des progrès » pour s’affranchir du gaz russe, « mais pas assez, surtout du côté de la demande, pour éviter que l’Europe ne se retrouve aujourd’hui dans une situation incroyablement précaire ».
L’AIE préconise de réduire la consommation par de la sensibilisation
Selon une analyse de l’AIE, le continent devrait stocker dans les trois mois 12 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires (de quoi remplir 130 méthaniers de GNL), pour se mettre à l’abri avec des stocks remplis à 90%. Pour cela, il faudrait que le gazoduc Nord Stream, principale voie de livraison par la mer Baltique et actuellement en maintenance, soit bien relancé par les Russes jeudi, et ce jusqu’à début octobre. Un scénario très hypothétique.
En prévision, l’AIE appelle les Etats européens à mettre en place des systèmes d’enchère pour la vente de gaz aux industriels, de développer temporairement d’autres sources d’électricité même si elles sont plus émettrices de CO2 comme le charbon ou pétrole et lisser les pics énergivore de consommation par une plus grande coordination entre pays européens.
Surtout, l’AIE préconise de réduire la demande électrique par de nouvelles normes, dans la climatisation par exemple et par des campagnes de sensibilisation aux petits gestes d’économie car « chaque action compte. Des gestes simples comme baisser le chauffage de quelques degrés peut économiser la même quantité de gaz que celle fournie par Nord Stream sur un hiver » pointe l’institution.
De leur côté, les dirigeants européens sont lancés dans une course contre la montre pour trouver des fournisseurs alternatifs de gaz. Ursula Von der Leyen vient de signer un accord avec l’Azerbaïdjan pour acheminer deux fois plus de gaz dans les prochaines années depuis l’ancienne république soviétique du Caucase.
Le premier ministre italien se trouve, lui, à Alger pour négocier davantage de fourniture de gaz algérien vers l’Italie. En France, Emmanuel Macron accueille le président des Emirats Arabes Unis, Mohamed Bin Zayed, pour une visite d’Etat afin de sceller un partenariat énergétique, là aussi autour des hydrocarbures. Bruno Le Maire a salué cette initiative qui « nous permet de faire face aux enjeux pressants de la sécurité énergétique à court terme ». Mais cela reste insuffisant estime l’AIE.
(Avec AFP)