La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, s’est prononcée mardi, lors d’une table ronde organisée par le FMI, en faveur d’une « déconcentration » des industries afin que les pays en voie de développement ne soient plus « uniquement des exportateurs de matières premières » mais puisse, aussi, par exemple, produire « vaccins et produits pharmaceutiques ».
Déconcentrer les industries » afin de construire « des chaînes d’approvisionnement plus résistantes », c’est l’idée avancée par Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) lors d’une table ronde organisée mardi par le FM.
Prenant le cas de l’Afrique, la patronne de l’OMC a souligné que le continent devait importer « 99% de ses vaccins et 95% de ses produits pharmaceutiques », faute d’une industrie basée sur le continent. Or, durant la pandémie de Covid, « lorsque Covax a eu l’argent pour importer des vaccins, ce n’était pas possible à cause des restrictions à l’exportation » imposées par les pays producteurs.
« Pourquoi ne pouvons-nous pas déconcentrer et diversifier la fabrication (de produits essentiels, NDLR) vers ces pays ? Nous aurions des chaînes d’approvisionnement réellement mondiales, diversifiées et plus résistantes », a-t-elle insisté.
« 80% des vaccins sont exportés par dix pays »
« Les chaînes d’approvisionnement pour certains produits sont aujourd’hui extrêmement concentrées, 80% des vaccins sont exportés par dix pays », une situation que l’on retrouve concernant les panneaux solaires ou les microprocesseurs.
« Nous devons adapter les règles commerciales de manière à faire avancer l’idée que l’on peut aussi produire dans les pays en développement. Nous n’avons pas à être uniquement des exportateurs de matières premières », a appuyé l’ancienne ministre nigériane des Finances. La responsable a aussi prévenu du risque de « fragmentation » et de « découplage » de l’économie mondiale, conséquences « des nombreuses tensions géopolitiques actuelles ».
Éviter de se retrouver avec des blocs commerciaux rivaux
« Si nous nous retrouvons avec des blocs commerciaux rivaux nous ne pourrons pas, j’insiste sur ce point, régler les problèmes auxquels nous faisons face actuellement et qui nécessitent une pleine coopération », a-t-elle prévenu. « Mon message est que nous devons appréhender le réchauffement climatique, mais aussi d’autres défis comme la prochaine pandémie, de manière collaborative », et « en la matière le commerce peut être un facilitateur ».
Cette déclaration intervient alors que la Chine a déposé une procédure de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les Etats-Unis pour leurs restrictions aux exportations de semi-conducteurs. Le ministère chinois du Commerce accuse Washington de « faire obstacle au commerce international normal de marchandises, notamment de puces, et de menacer la stabilité de la chaîne d’approvisionnement industrielle mondiale ». Les Etats-Unis violent les règles du commerce international, se livrent à des « pratiques protectionnistes » et la procédure à l’OMC vise à protéger « les droits et intérêts légitimes » de la Chine, a-t-il indiqué dans un communiqué. En octobre, les Etats-Unis, au nom de la « sécurité nationale » avaient annoncé de nouveaux contrôles à l’exportation visant à limiter la capacité de Pékin à acheter et fabriquer des puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ». L’ambition de Washington était de compliquer le développement par Pékin de sa propre industrie des semi-conducteurs.
Par la rédaction