Khalid Safir à la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), Abdellatif Zaghnoun pour la performance des établissements et entreprises publiques (EEP)…, Ali Seddiki à l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), ces nominations actées lors du conseil de ministres de mercredi interviennent au moment où le royaume chérifien poursuit le repositionnement de sa marque économique.
A 38 ans, il prend du galon dans le dispositif de négociations commerciales internationales de Rabat. Ali Seddiki est désormais directeur général de l’Agence marocaine du développement des investissements et des exportations (AMDIE), indique le cabinet royal dans un communiqué. Actée par le roi Mohammed VI sur proposition de Mohcine Jazouli -ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de l’Investissement, sa consécration annoncée à l’issue du conseil des ministres de ce mercredi 13 juillet, entre dans le cadre d’une série de nominations stratégiques.
Le rôle clé de Seddiki dans « Morocco Now » renforcé
Avec ses huit ans d’expérience dans la fonction publique marocaine après un parcours de quelques années dans le conseil en France, Ali Seddiki a essentiellement exercé aux affaires industrielles. Il a notamment été l’un des conseillers de l’ex-ministre Moulay Hafid Elalamy dans la mise en œuvre du plan d’accélération industrielle 2014-2020. Il a ensuite dirigé le département des industries aéronautique, ferroviaire navale et des énergies renouvelables, avant de prendre la direction générale de l’industrie au sein du ministère de tutelle.
Ali Seddiki voit ainsi renforcé son rôle clé dans le déploiement de la nouvelle marque économique du royaume, Morroco Now, dévoilée à Dubaï l’automne 2021 et au travers de laquelle le royaume déploie son offensive internationale. « Morocco Now vient proposer aux investisseurs une plateforme industrielle décarbonée, parmi les plus compétitives au Monde, qui permet de saisir les opportunités qu’offre le contexte actuel. Elle s’appuie sur une expérience réussie de la transformation économique, faisant du Maroc une destination fiable à haut potentiel d’investissement et d’export », déclarait-il à Challenge à cette occasion. L’ambition de Rabat est donc clairement d’attirer les investissements et budgets de relocalisation industrielle des multinationales dans un contexte de changement des chaines de valeurs mondiales provoqué par la pandémie de Covid-19 puis, depuis le début de cette année, le conflit russo-ukrainien.
Khalid Safir à la CDG
Toujours dans le domaine des investissements, mais cette fois dans la case dédiée à la gestion de l’épargne à long terme, Mohammed VI a nommé Khalid Safir, directeur général de l’influente Caisse de dépôt et de gestion (CDG). En effet, la CDG qui gère la Caisse nationale de retraites et d’assurances est un puissant investisseur pesant environ 23% du PIB et qui place l’argent des professionnels marocains. Créée au lendemain de l’indépendance dans le but d’arracher l’indépendance économique du royaume, la CDG est par ailleurs propriétaire de filiales dans divers secteurs dont la banque, l’ingénierie financière, l’investissement, le tourisme ou le développement territorial. Entre 2008 et 2018, la CDG a misé 78 milliards de dirhams dans l’économie nationale.
Diplômé de Polytechnique Paris, Khalid Safir a entamé son parcours dans l’Administration à la Trésorerie générale où il a dirigé les Systèmes d’information. Passé plus tard par le ministère de l’Economie et des Finances où il a été Secrétaire générale, son curriculum vitae indique qu’il a en outre occupé plusieurs fonctions dans l’administration territoriale, notamment en tant que gouverneur préfectoral et Wali de la Région Casablanca-Settat. Son profil à la tête de la CDG a été proposé à Mohammed VI par la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui.
Zaghnoun pour un sans-faute dans les participations de l’Etat ?
Abdellatif Zaghnoun -prédécesseur de Khalid Safir à la CDG- devient le nouveau capitaine de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat et de suivi des performances des établissements et entreprises publics (EPP), une organisation hautement stratégique, l’Etat marocain étant très engagée dans l’économie du pays. Cet ancien manageur de l’influent Office chérifien des phosphates (OCP) dont il a notamment géré le département des mines et été membre du comité exécutif, est un pur produit de l’école marocaine, diplôme de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (EMI). Il est notamment connu pour son rôle dans la gestion du fisc, ayant en effet dirigé l’Administration des Douanes et Impôts Indirects, ainsi que la Direction générale des Impôts.
L’Agence dont Abdellatif Zaghnoun prend les rênes a été créée l’année dernière dans le but d’accroitre la richesse sociale et économique des EPP à travers la réalisation d’investissements structurels, la création d’emplois en plus de la contribution régulière au budget de l’Etat, de manière booster leur contribution globale au PIB. Souvent qualifié d’expert du redressement, la nomination de Zaghnoun pourrait refléter la volonté pour Mohammed VI d’assurer une gestion optimale de cette nouvelle institution. N’est pas en outre une stratégie pour davantage rehausser le niveau des EEP afin d’éviter les failles face aux investisseurs qui devraient, selon les attentes, affluer après les roadshows opérés en Europe et en Asie dans le cadre de Morocco Now ?
La banque agricole et les Eaux & fôrets, sous la loupe d’experts
Deux autres nominations toutes aussi importes ont été annoncé hier, notamment celle de Nourredine Boutayeb, désormais président du directoire du Crédit agricole du Maroc (CAM). Expert du monde rural diplômé de l’Ecole centrale de Paris et de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, ce discret ingénieur prend ainsi les rênes de l’un des fleurons historiques de la banque publique marocaine en appui à l’agriculture et au monde rural. La Banque qui entamé l’exercice 2022 sur un trend positif a rapporté à fin mars des résultats en hausse de 12% en glissement annuel, avec un encours des crédits distribué de 103 milliards de dirhams
Alors qu’il en assurait l’intérim depuis février dernier, Abderrahim Houmy est confirmé au poste de directeur général de l’Agence nationale des Eaux et forêts (ANEA). Tout au long de ses trente ans de carrière à la fonction publique, il a été dans la diplomatie notamment à Bruxelles en tant que conseiller agricole à la mission du Maroc auprès des communautés européennes, mais aussi au Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification dont il a été secrétaire général.
A l’Agence, il va donc diriger des affaires dont il a la maitrise. C’est d’ailleurs lui qui lançait le mois dernier le programme «Ghabati Hayati» visant la gestion durable des forêts et parcs nationaux du royaume financé à hauteur de 103 millions d’euros par l’Agence française de développement (AFD).