Au cours des deux dernières décennies, le Maroc s’est engagé dans plusieurs chantiers structurants qui ne tarderont pas à donner leurs fruits : un PIB avec un taux de croissance soutenu, une amélioration notable dans le classement Doing Business, une industrie occupant une place prépondérante à l’échelle mondiale et des infrastructures de premier plan à l’échelle régionale.
En dépit de ces avancées, le Maroc figure toujours parmi les pays à revenu intermédiaire. Accélérer la croissance, un des objectifs du nouveau modèle de développement initié par le Roi Mohammed VI, est le gage pour gagner en amélioration. Avec les scrutins de ce 8 septembre, 18 millions de Marocains sont appelés aux urnes pour choisir les élus et l’exécutif qui porteront cette vision.
Dix-huit millions de Marocains sont appelés à voter ce 8 septembre pour choisir leurs élus, avec à l’issue un nouvel exécutif. Les élections générales (législatives, régionales et communales) interviennent dans un contexte particulier, marqué par une crise dont les conséquences sont – et seront – relativement lourdes à porter. Leurs résultats définiront le tempo que suivra l’avancement des grands chantiers structurants lancés par le royaume.
Deux décennies d’accélération de la croissance
Un train à grande vitesse reliant Tanger à Casablanca et dont la ligne s’étendra jusqu’à Agadir dès 2040 ; un complexe industrialo-portuaire (Tanger Med) leader du trafic conteneurs en Méditerranée et un réseau routier de plus de 45 000 kilomètres sont aujourd’hui les fruits d’une vision et d’une volonté de doter le royaume d’infrastructures modernes qui participent à l’attractivité de ses régions et à la compétitivité de son économie. Mais pas seulement ! Tripler son PIB en l’espace de vingt ans – malgré une évolution en dents de scie – passe aussi par des réformes audacieuses pour améliorer le climat des affaires. Un chantier sur lequel le royaume a fortement misé avant de se placer à la 53e position dans le dernier classement Doing Business, soit un gain de 75 places en une décennie.
Au cours de deux dernières décennies également, des stratégies et plans sectoriels structurants ont permis notamment de donner une nouvelle dynamique à l’industrie du royaume : les métiers mondiaux du Maroc (MMM), ainsi que les écosystèmes autour de donneurs d’ordre internationaux ont positionné le Maroc sur l’échiquier des pays incontournables des industries aéronautique et automobile. Le poids de celles-ci dans les exportations dépasse aujourd’hui largement celui des exportations de phosphate, qui jusqu’en 2014 tenait la tête du classement. Cette stratégie de diversification a valu au secteur industriel un poids de plus de 17% dans le PIB national. Mais bien qu’il dépasse les 13% que représente le secteur agricole dans le PIB, le secteur industriel demeure moins prépondérant : l’agriculture est le premier employeur du pays puisqu’elle occupe 30% de la population active. Inverser cette donne est donc primordial pour assurer une croissance pérenne et un développement plus inclusif à même de permettre au Maroc d’échapper à la trappe des pays à revenu intermédiaire.
Développement humain et économique, un chantier royal
Le 13 octobre 2017, à l’occasion de son discours d’ouverture du parlement, le Roi Mohammed VI appelle le gouvernement à repenser le modèle de développement du royaume qui montrait des d’essoufflement. Le souverain invite alors « le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays ». Mohammed VI estimait dans le même discours que « si le Maroc a réalisé des progrès manifestes, mondialement reconnus, le modèle de développement national, en revanche, s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale ».
Le 12 décembre 2019, le souverain procède à la mise en place d’une Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) qui mènera notamment une série de consultations avant de lui présenter, en mai dernier, une batterie de mesures s’articulant autour d’axes stratégiques qui favoriseraient l’accélération de la croissance économique annuelle pour atteindre les 6% dès 2025 et 7% à partir de 2030. « L’accession à ce nouveau palier permettra de doubler le PIB par habitant à l’horizon 2035 », estime Deloitte dans son policy paper Le Maroc, de la résilience à l’émergence ?, publié en juillet 2021. Favoriser l’investissement privé et l’orienter vers des secteurs productifs et créateurs de valeur ajoutée et d’emplois de qualité tout en assurant sa diversité seraient ainsi la clé voûte, selon le nouveau modèle de développement.
Crise pandémique, le point d’inflexion
L’avènement de la pandémie quelques mois plus tard allait démontrer l’urgence du chantier. L’impact de la crise sanitaire s’est soldé par une récession économique de 7,1%. Une première depuis les années 1990. La réponse du royaume et les mesures décidées par le souverain marocain seront immédiates. En plus de celles appuyant l’économie, d’autres initiatives ont été mises en place pour accélérer la relance. Plus résiliente, l’économie marocaine afficherait une croissance de 4,5% dès 2021 selon les prévisions. Mieux encore, la crise a accéléré l’adoption d’initiatives que préconise le nouveau modèle de développement, notamment la digitalisation de l’administration publique et la fluidification de ses procédures, ainsi que l’encouragement de l’investissement avec notamment la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.
Une décision qui n’a pas échappé à la Banque mondiale, qui, en plus de louer la réactivité du royaume pour faire face à la pandémie, salue son audace à profiter de la crise pour accélérer certaines réformes : « Le Maroc se distingue comme un pays qui a su profiter de la crise du Covid-19 pour en faire une opportunité et lancer un ambitieux programme de réformes transformatrices […] « Si leur mise en œuvre est réussie, ces réformes pourraient déboucher sur une trajectoire de croissance plus forte et plus équitable ».
La voie est donc tracée. Le prochain exécutif qui émanera des législatives de 8 septembre 2021 a déjà sur la table les grandes lignes qui fixent les objectifs d’un nouveau modèle de développement;