Maroc : un nouveau modèle de développement pour une croissance inclusive

La Commission spéciale mandatée par le roi Mohammed VI pour mener une réflexion et un débat sur le futur modèle de développement du Maroc vient de rendre sa copie. Un rapport qui dessine un projet ambitieux exigeant des mutations profondes dans les mentalités, les organisations, les processus, et les structures de création de valeur

Un an et demi après sa mise en place, la Commission spéciale sur le modèle de développement mandatée par le roi Mohammed VI vient de présenter au souverain marocain un rapport dressant les contours d’un nouveau modèle qui définit « une ambition nationale et propose un chemin du changement crédible et réalisable ». « Le modèle de développement est conçu par des Marocains, avec les Marocains et pour les Marocains. Il résulte d’une interaction large avec plusieurs franges de la population sur leurs lieux de vie, notamment dans les territoires les plus reculés du pays. Ce modèle incarne une manière rénovée de concevoir le développement ; une manière plus participative qui associe tous les acteurs et démontre qu’un débat franc et responsable sur l’avenir du pays est possible avec les citoyens et les acteurs du développement et qu’il peut déboucher sur des propositions constructives et adaptées aux réalités du terrain », expliquent la trentaine de membres de la Commission installée en décembre 2019.

Accélérer la transformation économique

La Commission que préside l’ancien ministre de l’Intérieur Chakib Benmousa recommande plusieurs choix stratégiques « pour enclencher une nouvelle dynamique de création de valeur, qui soit structurellement inclusive de tous les citoyens et de tous les territoires ». Sur au niveau de l’économie, la CSMD estime « fondamental d’accélérer » la transformation de cette dernière pour la rendre « dynamique, diversifiée et compétitive, créatrice de valeur ajoutée et d’emplois décents, et génératrice de ressources pour financer les besoins sociaux ». Pour concrétiser cette transformation, les membres de la Commission conseillent de mettre davantage l’accent sur « le renforcement de la capacité de résilience et d’adaptation de l’économie nationale autant aux chocs induits par la crise actuelle de la Covid-19 qu’à d’autres types de crises dont la fréquence et l’intensité pourraient s’accentuer à l’avenir ». Ils citent également quelques préalables qui accéléreront cette transformation : libérer l’initiative privée et l’entrepreneuriat à travers un environnement des affaires transparent, sécurisant et prévisible ; améliorer la compétitivité du tissu productif en réduisant significativement les coûts des facteurs, notamment l’énergie et la logistique ; orienter l’investissement du secteur privé, grands groupes et PME, vers les secteurs porteurs et d’avenir et vers la montée en gamme des systèmes productifs ; valoriser l’économie sociale et l’ériger en pilier de développement et gisement de création d’emplois décents dans les territoires.

Le capital humain, première colonne dans le Maroc de demain

« Enrichir le capital humain et mieux le préparer pour l’avenir, pour un Maroc des compétences, est un impératif pour redémarrer l’ascenseur social et permettre au Royaume d’améliorer considérablement son classement mondial dans ces domaines, grâce à un ancrage fort à l’économie du savoir et de la connaissance ». Pour améliorer cet impératif, la Commission le changement doit passer par deux cases : la santé et l’éducation. Pour ces deux secteurs-clés, la Commission préconise le renforcement substantiel de l’offre des services publics sur l’ensemble des territoires « et d’en assurer l’accès équitable, aux côtés d’un secteur privé, partenaire responsable et éthique ». La CSMD propose également de mettre l’accent sur « la qualité des services, telle que mesurée par les acquis des élèves, par le niveau de compétence des étudiants et leur employabilité et par une offre de soins qui rende effective la généralisation de la couverture santé ». Autre facteur d’amélioration, la valorisation des ressources humaines et le renforcement de leurs capacités, qu’il s’agisse des enseignants, des chercheurs, des médecins ou du personnel de santé.

Inclusion et dignité pour tous

Le renforcement du lien social et du sentiment d’appartenance à son pays va de pair avec la garantie d’une dignité pour tous. Pour les membres de la CSMD, un Maroc inclusif requiert notamment d’accroitre « de manière volontariste et délibérée l’autonomisation et la participation des femmes; de favoriser l’inclusion et l’épanouissement des jeunes ; et d’assurer un socle de protection sociale qui renforce la résilience et l’inclusion des plus vulnérables et matérialise la solidarité entre citoyens selon des principes de contributions équitables ».

Pas d’accélération sans une administration transparente et connectée

Si elle estime que pour son déploiement, le nouveau modèle a besoin « d’un appareil administratif renouvelé moderne, dévoué à l’intérêt général et qui soit au service des citoyens », la Commission recommande aussi que l’administration publique soir celle de compétence, transparente redevable de ses actes et de sa capacité à prendre des initiatives et à accompagner le changement, et surtout une administration digitalisée pour accompagner les profondes mutations imposées par le changement post-Covid. En effet, l’administration marocaine étant en première ligne lorsqu’il s’agit d’appliquer sur le terrain les choix stratégiques, la CSMD explique dans son rapport que celle-ci doit « mettre davantage l’accent sur la qualité du service au citoyen en accélérant le processus de simplification des procédures et leur digitalisation complète et en permettant au citoyen d’accéder aux données publiques pour être en mesure d’évaluer régulièrement la qualité de service et d’avoir des possibilités de recours en cas de litiges ou d’abus ». La Commission estime d’ailleurs que « le numérique est un outil essentiel de changement et de développement et que le Maroc peut avoir pour ambition d’être, dès 2025, une e-Nation ».

Par la rédaction avec LT

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