Alors que l’établissement fabricant les pièces françaises souffre d’une baisse de commandes face à la chute de l’utilisation de monnaie, l’Etat lui a accordé une dotation de 10 millions d’euros afin de diversifier ses activités. Au-delà de l’édition de pièces thématiques, l’institution vise notamment une reconversion dans l’immobilier d’entreprise.
Fragilisée par la diminution de l’utilisation de l’argent liquide, la plus vieille institution de France, qui fabrique les pièces circulant dans le pays, veut se réinventer. Et pour cause, alors que le paiement sans contact ou directement via des applications prend le pas, l’établissement souffre d’une baisse des commandes de l’Etat, divisées par deux en dix ans.
Pour l’aider à se diversifier, les pouvoirs publics ont décidé de lui accorder une dotation de 10 millions d’euros, selon un arrêté publié samedi au Journal officiel. Une transformation déjà entamée, qui lui a permis l’an dernier de redevenir profitable grâce à l’édition de pièces thématiques autour de personnages réels ou fictifs, comme Napoléon ou Harry Potter, mais qui devrait donc se renforcer. Pour redresser la barre, la Monnaie de Paris avait par ailleurs réduit ses dépenses, ce qui est notamment passé par une baisse de 9% de ses effectifs en trois ans (450 personnes). Une stratégie qui avait porté ses fruits : la Monnaie de Paris avait dégagé un bénéfice net de 4,5 millions d’euros, après avoir essuyé quatre années de pertes ou de résultats tout juste à l’équilibre (-22 millions d’euros entre 2017 et 2020), et réalisé son meilleur chiffre d’affaires depuis 2012 (146,2 millions d’euros).
Diversification dans l’immobilier d’entreprise
Mais l’institution présente à Paris et dans la banlieue bordelaise (Gironde), veut aller plus loin, et changer de modèle économique, en se lançant dans l’immobilier d’entreprise. Dans un récent entretien au quotidien régional Sud Ouest, son PDG, Marc Schwartz, indiquait ainsi vouloir s’ « assurer des revenus complémentaires en créant des locaux » sur un de ses sites à Pessac, près de Bordeaux, pour les louer à des professionnels. Grâce à une loi votée en février, la Monnaie de Paris va en effet pouvoir construire plusieurs immeubles à usages multiples (bureaux, logistique…) sur le terrain attenant à l’usine de Pessac en Gironde, où sont fabriquées les pièces de monnaie.
D’ici là, l’établissement pourrait cette année pâtir de la hausse du prix des matières premières, entraînée par la guerre en Ukraine. Mais il pourrait aussi profiter du statut refuge de ses pièces : depuis le déclenchement du conflit, les ventes de pièces de collection en or ont augmenté de 10%.
Source Challenges