Au travers de sa société d’investissement stratégique Heirs Holdings en partenariat avec son conglomérat Transnational Corporation of Nigeria Plc, Tony Elumelu vient d’acquérir des actifs de Shell, Total et Eni dans Oil Mining Lease (OML) 17, un important champ pétrolier au Nigeria, pour un investissement global de 1,1 milliard de dollars.
Ainsi se profile l’édification d’un important empire pétrolier avec à sa tête Tony Elumelu. Sa société d’investissement stratégique Heirs Holdings en partenariat avec son conglomérat Transnational Corporation of Nigeria Plc, via leur filiale TNOG Oil and Gas Limited, a conclu l’acquisition de 45% des parts dans Oil Mining Lease (OML) 17, un important champ pétrolier au Nigeria, auprès de l’anglo-néerlandais Shell, du français Total et de l’italien Eni. Un investissement global de 1,1 milliard de dollars, fourni par un consortium de banques internationales et régionales, ainsi que des investisseurs. Le milliardaire nigérian en a fièrement fait l’annonce sur Twitter ce lundi.
OML 17 dispose d’une capacité de production de 27 000 barils par jour, de 1,2 milliard de barils de pétrole de réserves et de 1 milliard de barils de pétrole supplémentaires en termes de potentiel d’exploitation.
« Créer la première multinationale énergétique intégrée d’Afrique »
Très connu pour ses investissements dans la finance, notamment dans le domaine bancaire, Tony Elumelu ne cache pas ses ambitions pour le secteur pétrolier africain derrière ces nouvelles acquisitions. « Nous avons une vision très claire : créer la première multinationale énergétique intégrée d’Afrique, une entreprise mondiale de qualité, uniquement axée sur l’Afrique et les besoins énergétiques de l’Afrique. L’acquisition d’un actif d’une telle envergure, avec un potentiel de croissance supplémentaire important, est une forte déclaration de notre confiance envers le Nigéria, le secteur pétrolier et gazier nigérian et un hommage à l’équipe de direction de très haute qualité que nous avons constituée », a déclaré l’homme d’affaires.
« En tant que Nigérian, et plus particulièrement originaire de la région du Delta du Niger, a-t-il ajouté, je comprends parfaitement nos responsabilités qui viennent avec la gérance de l’actif, notre engagement envers les communautés et l’importance stratégique du secteur pétrolier et gazier au Nigéria. Nous voyons des avantages importants dans l’intégration de notre production, notre capacité à fournir de l’énergie au Nigeria, par Transcorp et offrir de la valeur à travers la chaîne de valeur de l’énergie ». A noter que cet investissement vient s’ajouter à plusieurs autres investissements pétroliers déjà réalisés par Heirs Holdings et Transcorp.
Des orientations stratégiques pour Shell et Total
Shell, qui a ainsi cédé sa participation de 30% dans OML 17 pour 533 millions de dollars, entend se focaliser sur d’autres projets d’hydrocarbures au Nigeria, via sa filiale locale Shell Petroleum Development Company of Nigeria Limited (SPDC), notamment dans le cadre du programme énergétique national du gouvernement fédéral. « Comme pour les désinvestissements précédents, nous faciliterons une transition réussie vers une nouvelle propriété. Shell est au Nigéria depuis plus de 60 ans et reste attachée à une présence à long terme ici », a déclaré dans un communiqué Osagie Okunbor, directeur général de SPDC.
Du côté de Total qui, dans le cadre de ce deal a cédé sa participation de 10% dans OML 17 au groupe nigérian pour 180 millions de dollars, on invoque une orientation stratégique. « Cette transaction s’inscrit dans notre stratégie de gestion active de nos assets [actifs, ndlr] pour poursuivre l’amélioration de notre portefeuille », a expliqué déclaré Jean-Pierre Sbraire, directeur financier de Total, selon un communiqué du géant français.
Les tycoons nigérians en quête de valeur pétrolière
Bien que le Nigeria soit dans une démarche de diversification de son économie sérieusement mise à mal en raison des effets de la crise sur les prix pétroliers, les grands hommes d’affaires nigérians s’intéressent de plus en plus au secteur dans l’objectif de développer une véritable industrie créatrice de valeur. L’investissement de Tony Elumelu intervient après celui de plus grande envergure de la première fortune d’Afrique, Aliko Dangote qui construit une méga-raffinerie d’une capacité de près de 650 000 barils par jour et qui a vocation à faire passer le Nigeria de pays importateur de produits raffinés à exportateur, notamment au niveau régional. Des investissements clairement bienvenus dans ce pays de plus de 214 millions d’habitants.