Le géant pétrolier norvégien prépare la vente de ses actifs dans le célèbre champ Agbami au Nigeria pour se concentrer sur des actifs plus récents et plus rentables. L’opération sur laquelle une banque d’investissement travaille déjà, pourrait lui rapporter 1 milliard de dollars. Equinor allonge ainsi la liste des grands groupes qui réduisent leur empreinte sur cet important marché.
Equinor cherche à céder sa participation de 20,21% dans le champ pétrolier offshore d’Agbami, au large de la côte nigériane, dans le delta du Niger, révèle Reuters qui cite des sources au sein du secteur. Le groupe norvégien qui reste, pour l’instant, discret sur le projet, aurait mandaté Standard Chartered Bank pour préparer l’opération. Son motif : sa volonté de se concentrer sur des actifs plus récents et plus rentables.
Découvert en 2008, le champ d’Agbami est considéré comme le deuxième gisement pétrolier en eau profonde du Nigeria, avec des réserves estimées à 900 milliards de barils. Equinor lance ainsi le processus de vente, alors qu’il a signé, il y a moins d’un an, un accord avec la NNPC pour prolonger de 20 ans sa licence pour le bloc offshore OML 128 qui fait partie du champ d’Agbami. La presse locale évoque une diminution progressive de la production notamment depuis l’année 2020 et les vols de pétrole brut auxquels sont confrontées les compagnies opérant dans le delta du Niger.
Equinor partage le tour de table du champ d’Agbami avec l’australien Chevron via sa filiale locale Star Deep water Petroleum limited, Famfa Oil de la milliardaire nigériane Fulurunsho Alakija et la Société nationale pétrolière du Nigeria (NNPC). Le repreneur des actifs d’Equinor devra également honorer l’engagement philanthropique auprès des populations locales.
Actif dans le pays depuis 1992, Equinor mets plus en avant sa participation dans le champ d’Agbami pour lequel la firme dit avoir investi 3,5 milliards de dollars dans le forage de dix puits, mais le géant norvégien détient également une participation de 33,73% dans le bail minier pétrolier OML 129, toujours dans Delta du Niger, selon les informations disponibles sur son site web.
Quand les majors revoient leurs stratégies
Si Equinor ne semble pas encore amorcer un retrait définitif du marché premier producteur de pétrole d’Afrique, son retrait prochain du champ d’Agbami rallonge la liste des multinationales pétrolières qui réduisent leur voilure sur le marché nigérian. En effet, l’américain ExxonMobil, le britannique Shell ou encore le français TotalEnergies cherchent à se retirer ou réduire leur empreinte nigériane, particulièrement dans les opérations onshore qui subissent également ces dernières années le phénomène des vols de ressources.
Si ces groupes font valoir la réorientation de leurs investissements soit vers d’autres régions du monde ou vers les énergies propres, certains analystes au Nigeria estiment que le dernier rapport de la Chambre africaine de l’énergie relayé en octobre dernier pourrait influencer ces décisions. L’étude identifiait la Libye, le Tchad et l’Égypte comme les marchés les plus rentables pour l’exploitation de pétrole brut d’ici la fin de la décennie, prévoyant également un ralentissement de l’exploitation dans des pays comme le Nigeria. Mais il est également à noter que la raffinerie d’Aliko Dangote – dont l’inauguration prévue le 25 janvier a été une nouvelle fois reportée- devrait considérablement changer la donne en matière d’exploitation du pétrole brut.